Prier pour la vie, une forme d’engagement
Paris Notre-Dame du 3 juin 2010
Ils étaient 2 500 dans la soirée du 27 mai [2010], à la cathédrale Notre-Dame. Après avoir écouté les témoignages d’une femme ayant vécu un avortement, d’une personne handicapée et de bénévoles dans une maison d’accueil pour femmes enceintes, ils se sont recueillis, dans le cadre de la Veillée pour la vie, en présence des évêques d’Ile-de-France.
« En 1983, j’ai décidé d’avorter. » Veste rose, cheveux teintés en blond, la voix posée, Joëlle raconte son histoire sur l’estrade de la cathédrale. Derrière elle, les douze évêques d’Île-de-France écoutent cette femme retracer les étapes du deuil de son enfant mort. A sa droite, une dizaine d’autres personnes s’apprêtent à témoigner à leur tour de leur parcours ou de leur engagement « pour la vie ». Pour sa deuxième édition, la Veillée pour la vie, organisée jeudi 27 mai, a rassemblé près de 2 500 personnes.
Parmi elles, Elisabeth, 42 ans, est venue avec sa fille aînée, Aglaé, en première année de médecine. Des quatre témoignages [1], l’intervention d’un jeune handicapé et de son accompagnateur, vivant dans un foyer de la communauté de l’Arche, a été la plus marquante pour elles. « L’Église se doit de défendre les valeurs d’ouverture à l’autre, insiste Élisabeth. C’était important pour nous de dire que l’on partage les mêmes convictions. » Cyril, 29 ans, voulait « prendre un temps pour prier » mais surtout s’informer. « J’aime ce cadre, qui m’a permis de réfléchir posément, explique-t-il. J’ai pu prendre le temps d’écouter et de me poser des questions sur ma manière de porter un autre regard sur les personnes handicapées et sur la valeur de la vie. »
Dans son homélie qui suivait ce partage d’expériences et la proclamation de l’Évangile, le cardinal André Vingt-Trois s’est attardé sur la nécessité d’accueillir son prochain, tel qu’il est. Entendre une parole claire et officielle de l’Église sur le respect de la vie, la voir se réapproprier une place dans le combat contre l’avortement : autant de raisons qui ont poussé Xavier, 40 ans, et sa femme Stéphanie, 39 ans, à être présents. « On réaffirme notre attachement à la vie, non en insistant sur notre opposition à l’opinion majoritaire actuelle, mais en plaçant la prière au cœur », explique Xavier. Le temps d’adoration, à genoux devant le Saint-Sacrement, a été, à ses yeux, une autre manière d’affirmer la défense de la vie. D’ailleurs, Marie-Jacqueline, 81 ans, habituée à venir régulièrement à la cathédrale, a admiré « le silence, très rare ici » et a ressenti « un vrai recueillement ».
En sortant, sa petite-fille, Clémence, 20 ans, insiste : « Dans la foi, nous avons besoin de temps forts. Des manifestations publiques sont importantes pour moi, mais des soirées comme cette veillée rappellent que c’est dans la prière que l’on puise notre force. » • Sophie Lebrun
[1] Pour en savoir plus sur les associations présentes à la veillée :
– Les communautés “Foi et Lumière” rassemblent des personnes ayant un handicap mental, leurs familles et amis autour d’un esprit chrétien : www.foietlumiere.org
– Le foyer El Paso, à Neuilly, accueille des femmes enceintes fragilisées qui souhaitent garder leur bébé.
– L’association “Mère de Miséricorde” accompagne des personnes blessées par un avortement.
– Les communautés de l’Arche permettent à des personnes ayant un handicap mental de vivre avec des volontaires : www.arche-france.org