« Réalisons-nous que les personnes âgées ont quelque chose à nous apporter ? »

Paris Notre-Dame du 15 juillet 2021

À l’initiative du pape François, le 25 juillet prochain sera célébrée la première Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées autour du thème Je suis avec vous tous les jours (Mt 28, 20). Le regard sur cette initiative de Valérie Radenac, grand-mère, à 57 ans, de onze petits-enfants, et coordinatrice du catéchuménat et du catéchisme dans sa paroisse, St-Charles de Monceau (17e).

Paris Notre-Dame – Comment accueillez- vous cette initiative ?

Valérie Radenac – J’ai été initialement un peu surprise. Je me suis ainsi demandé si cette journée était bien nécessaire, si elle n’allait pas allonger la liste des « journées ». Et puis, je me suis dit qu’elle pouvait avoir un vrai sens dans le cadre de l’Année de la famille convoquée par le pape. De nos jours, dans nos sociétés occidentales, on entend par « famille », la famille nucléaire : papa, maman et les enfants. Les grands-parents, les personnes âgées, sont un peu à part : dans les maisons de retraite notamment. Nous considérons souvent nos personnes âgées comme des charges. Nous pensons que nous devons nous en occuper. Mais réalisons-nous que nous avons besoin d’elles ? Que les personnes âgées ont quelque chose à nous apporter ?

P. N.-D. – Qu’est-ce que les personnes âgées peuvent apporter à la société ?

V. R. – Une certaine sagesse, une certaine sérénité face aux événements, à la vie. Je pense par exemple à mon père. Je peux lui confier un souci en lien avec l’un de nos enfants, ou de nos petits-enfants, il saura me donner une approche, un regard, différents. Un recul. Par ailleurs, les grands-parents n’ont pas directement de responsabilité éducative. Cette position leur confère un plus grand détachement vis-à-vis des enfants. Et, dans une certaine mesure, une plus grande liberté.

P. N.-.D. – Quel rôle, selon vous, les grands-parents peuvent-ils avoir au sein de la famille ?

V. R. – Un rôle de transmission d’abord. Transmission d’une tradition familiale, mais surtout transmission de la foi. En tant que responsable du catéchisme de ma paroisse, je me rends vraiment compte que de plus en plus d’enfants s’inscrivent au catéchisme sur l’initiative de leurs grands-parents. Les parents sont pris dans un quotidien frénétique, les enfants ont beaucoup d’activités… Le catéchisme n’est plus la priorité. Les personnes âgées, les grands-parents réalisent, eux, avec l’âge, les années qui passent, l’importance de la vie intérieure, de tout ce qui a pu se vivre en Église, au catéchisme. De la présence de Dieu dans leur vie. Ils ont ce désir de le transmettre aux générations suivantes. Ils ont aussi, selon moi, ce rôle de prier pour leurs enfants et leurs petits-enfants. Par ailleurs, les parents aujourd’hui ont peu de temps disponible. Les enfants sont heureux de pouvoir passer du temps libre, gratuit, avec leurs grands-parents, qui en ont davantage. Le temps qu’ils puissent poser leurs questions, qu’on les écoute, de faire un jeu… Le temps de “perdre” du temps avec eux.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

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