Message du Saint-Père pour la Journée Mondiale des grands-parents et des personnes âgées le 25 juillet 2022
Rome - 25 juillet 2022
« La particulière sensibilité de nous autres, les personnes âgées, pour les marques d’attention, les pensées et les marques d’affection qui nous rendent humains, devrait redevenir une vocation pour beaucoup. Et ce sera un choix d’amour des personnes âgées envers les nouvelles générations. C’est notre contribution à la révolution de la tendresse, une révolution spirituelle et désarmée dont je vous invite, chers grands-parents et personnes âgées, à devenir les protagonistes. »
Très chers !
Le verset du psaume 92, « ils portent encore des fruits dans la vieillesse » (v. 15), est une bonne nouvelle, un véritable « évangile » que nous pouvons annoncer au monde à l’occasion de la Deuxième Journée Mondiale des Grands-parents et des Personnes âgées. Il va à contre-courant de ce que le monde pense de cet âge de la vie ; et aussi de l’attitude résignée de certains d’entre nous, personnes âgées, qui avancent avec peu d’espérance et sans plus rien attendre de l’avenir.
Beaucoup de gens ont peur de la vieillesse. Ils la considèrent comme une sorte de maladie avec laquelle il vaut mieux éviter toute sorte de contact : les personnes âgées ne nous concernent pas – pensent-ils – et il est opportun qu’elles restent le plus loin possible, peut-être entre elles, dans des structures qui s’occupent d’elles et nous préservent d’endosser leurs chagrins. C’est la « culture du rebut » : cette mentalité qui, tout en nous faisant nous sentir différents des plus faibles et étrangers à leur fragilité, nous autorise à imaginer des chemins séparés entre « nous » et « eux ». Mais, en réalité, une longue vie – comme l’enseigne l’Écriture – est une bénédiction, et les vieillards ne sont pas des rejetés desquels il faut prendre distances, mais des signes vivants de la bienveillance de Dieu qui donne la vie en abondance. Bénie soit la maison qui garde une personne âgée ! Bénie soit la famille qui honore ses grands-parents !
La vieillesse, en effet, est une saison difficile à comprendre, même pour nous qui la vivons déjà. Bien qu’elle arrive après un long chemin, personne ne nous a préparés à l’affronter, elle semble presque nous prendre par surprise. Les sociétés les plus développées dépensent beaucoup pour cet âge de la vie, mais elles n’aident pas à l’interpréter : elles offrent des plans d’assistance, mais pas des projets de vie. C’est pourquoi il est difficile de regarder vers l’avenir et de saisir un horizon vers lequel tendre. D’une part, nous sommes tentés d’exorciser la vieillesse en cachant les rides et en faisant semblant d’être toujours jeunes, d’autre part, il semble que l’on ne puisse rien faire d’autre que vivre de manière désenchantée, résignée à ne plus avoir de « fruits à porter ».
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 3 mai 2022, fête des saints Apôtres Philippe et Jacques
FRANÇOIS
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