Romy : Dieu, c’est maintenant

Paris Notre-Dame du 5 avril 2018

Née en France, Romy a grandi à Abidjan avant d’étudier à Rennes puis à Londres et de s’établir à Paris. Engagée au sein de la Compagnie des laveurs de pieds, à la basilique du Sacré-Cœur (18e), elle témoigne d’une chose : Dieu et son quotidien ne font qu’un.

© Laurence Faure

Une stature, une voix particulièrement posée, mais peu de sentiments exprimés à travers ce visage pourtant doux et ouvert, comme une forme de retenue et de discrétion... Romy, 28 ans, est attachée à la direction de la sécurité du Club Med et on ne s’en étonne pas vraiment, que l’on ait eu vent de son histoire ou non. On apprend bien vite que ce métier quelque peu atypique pour une jeune femme – plutôt plébiscité par des personnes en milieu de carrière – a été pleinement choisi. Un désir de « protéger » les personnes et « d’œuvrer pour la paix » est, en effet, né bien tôt chez Romy, dans les rues de la capitale ivoirienne, Abidjan, où elle grandit auprès d’un père député.

2004 : les émeutes politiques atteignent le lycée français où Romy, 15 ans, est scolarisée. Née en France avant de repartir vivre avec ses parents en Côte d’Ivoire, elle bénéficie de la double nationalité et décide de s’installer chez sa sœur à Nice (Alpes-Maritimes) pour pouvoir terminer ses études. « Double effet », se souvient-elle : des repères familiaux et une stabilité qui s’effritent un peu ; mais aussi et surtout, une relation personnelle à Dieu qui se découvre et se développe. « Ma sœur étant pratiquante, explique-t-elle, j’ai observé sa façon de vivre sa foi, qui ne se résumait pas seulement au fait d’aller à la messe tous les dimanches, comme j’en avais l’habitude. » Après Nice, Romy se dirige vers Sciences-Po à Rennes (Ille-et-Vilaine), puis Londres (Royaume-Uni) pour étudier le droit international. Elle travaille le jour en cours ou en stage, les soirées et week-ends, comme hôtesse d’accueil d’événements divers, pour gagner sa vie. Un rythme dur. « Je me suis souvent sentie seule, se souvient-elle. Le fil directeur, c’était ma relation à Dieu, à qui je me confiais dans les moments de désert. Il était mon repère et il ne m’a pas lâchée. » Pour s’entourer de frères chrétiens, Romy se rapproche de groupes catholiques à la paroisse française de Londres. « Ce fut une première expérience de communauté fraternelle, après Nice et Rennes, où je vivais ma foi un peu de mon côté, en allant à l’église pour les messes et offices. » Et d’ajouter : « De ce que j’ai pu voir en France, il y a soit des églises désertées par les jeunes, soit reposant presque exclusivement sur les aumôneries. De manière générale, je me suis souvent dit que le “capital énergie” des jeunes n’était pas assez exploité par l’Église. »

Aujourd’hui, Romy fait justement partie d’une petite communauté chrétienne de 18-35 ans, la Compagnie des laveurs de pieds, créée dans le cadre de la pastorale de la basilique du Sacré-Cœur (18e), pour soutenir la vie de prière et l’apostolat, aux côtés, notamment, des bénédictines présentes sur place. « C’est d’abord une famille ! s’exclame Romy. Et un engagement qui met au premier plan le service, l’adoration eucharistique et l’évangélisation. Cela demande du temps et certains collègues me le font remarquer, sourit-elle. Mais en fait, ma vie de catholique et mon quotidien, c’est la même chose, c’est le temps de ma vie et cela me rend heureuse. » On n’en doute pas.

Laurence Faure

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