Saint Thomas d’Aquin, apôtre de la vérité
Paris Notre-Dame du 25 janvier 2024
Alors que nous fêtons les 800 ans de la naissance de saint Thomas d’Aquin, les 750 ans de sa mort et les 700 ans de sa canonisation, de nombreuses conférences et soirées de prière, autour de ses reliques, sont proposées à Paris. Entretien avec le P. Grégoire Froissart, vicaire à N.-D-de-Clignancourt et enseignant à la Faculté Notre-Dame, spécialiste de saint Thomas d’Aquin.
Paris Notre-Dame – Qui était saint Thomas d’Aquin, en quelques mots ?
P. Grégoire Froissart – Saint Thomas d’Aquin est un théologien (né vers 1225, mort en 1274 et canonisé en 1323) qui a vécu à une époque marquée notamment par l’essor des universités, contemporain de saint Albert le Grand et saint Bonaventure. Il a été déclaré docteur de l’Église à la fin du XVIe siècle et est parfois appelé le « docteur commun ». Outre son intelligence exceptionnelle, sa personnalité se distingue par une grande simplicité d’âme. Il restait comme un enfant devant le mystère de Dieu ; on raconte volontiers cette anecdote, à savoir que face à un problème théologique complexe, il ne s’appuyait pas seulement sur la puissance de sa réflexion, mais n’hésitait pas à aller s’agenouiller dans la chapelle, voire à mettre sa tête dans le tabernacle… Si son ministère se déployait essentiellement dans l’enseignement universitaire et la recherche théologique, saint Thomas était aussi, de son vivant et à sa mort, une figure populaire, connue et respectée, en odeur de sainteté ; beaucoup de miracles se sont produits au moment de sa mort.
P. N.-D. – Que peut dire, à notre époque, cette figure du XIIIe siècle ?
G. F. – Saint Thomas d’Aquin est à la fois un grand contemplatif et un excellent pédagogue ; pour cela, le Concile Vatican II le donne d’abord comme maître à ceux qui étudient la théologie, comme les séminaristes, car de tous les théologiens, il est celui qui a le mieux perçu la cohérence des mystères du Salut. Par cette clarté et cette cohérence, il aide à acquérir une synthèse utile pour le ministère. Il est aussi un modèle pour tous les croyants appelés à témoigner de leur foi. Le même Concile le donne ainsi en exemple aux écoles et aux universités catholiques : « Les problèmes nouveaux et les recherches suscitées par le progrès du monde moderne seront étudiés très soigneusement. On saisira plus profondément comment la foi et la raison s’unissent pour atteindre l’unique vérité. Ce faisant, on ne fera que suivre la voie ouverte par les docteurs de l’Église et spécialement par saint Thomas. » (Gravissimum educationis). Saint Thomas n’a jamais opposé la raison à la foi ; parce que « toute vérité dite par quiconque vient de l’Esprit Saint », il n’a pas eu peur d’entrer en dialogue avec d’autres pensées, comme la philosophie d’Aristote, qui suscitait un grand engouement à son époque. Balayant les craintes de ceux qui opposaient Aristote et la Bible, il a démontré qu’il y avait, chez le philosophe, de nombreuses vérités permettant de faire briller d’un plus grand éclat la foi chrétienne. Les chrétiens d’aujourd’hui ne doivent pas non plus avoir peur de considérer les valeurs de notre époque et de les promouvoir si elles sont bonnes, de proposer la foi et d’entrer en dialogue avec ceux qui ne connaissent pas encore le Christ.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
Autour de saint Thomas d’Aquin
- Vénération de ses reliques :
– À St-Roch (1er), du 6 au 9 février.
– St-Étienne-du-Mont (5e), le 2 mars.- Conférences au Collège des Bernardins :
– Sainteté, bonheur et charité : la morale selon saint Thomas d’Aquin, avec Mgr Pascal Ide, et le P. Luc-Thomas Somme, op, le 31 janvier, à 19h30.
– Loi naturelle et Bien commun : des racines pour une pensée politique féconde, avec Don Jean-Rémi Lanavère, François Daguet, op, et Pierre Manent, le 6 mars, à 19h30.
– Colloque La personne et sa nature selon saint Thomas d’Aquin, le 16 mars, de 9h à 17h30, autour de quatre thèmes : théologie trinitaire, christologie, anthropologie et morale.
– Saint Thomas d’Aquin aujourd’hui, avec le P. Thierry-Dominique Humbrecht, op, Florian Michel et le P. Marc Millais, op, le 15 mai, à 19h30.
Plus d’informations sur dioceseparis.fr et saintthomasdaquin-paris.com
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