Sainte Geneviève sublimée à St-Séverin
Paris Notre-Dame du 17 décembre 2020
La restauration de la chapelle sainte Geneviève de l’église St-Séverin – St-Nicolas vient d’être achevée. Menée par la Ville de Paris et financée par le mécénat privé grâce à la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, elle permet de redécouvrir, notamment, les peintures murales d’Alexandre Hesse.
La métamorphose apparaît d’un seul coup d’œil. Entre les murs noircis par la poussière des deux chapelles qui l’encadrent, sainte Geneviève semble quasiment sortir de la pierre. De blanc vêtue, le regard baissé, recueillie, les mains croisées sur la poitrine, elle illumine la chapelle de l’église St-Severin – St-Nicolas (5e) qui porte son nom. La scène représente la consécration dans l’ordre des Vierges de celle qui devint la patronne de Paris. Elle a été peinte par Alexandre Hesse entre 1850 et 1852. Le peintre français est, comme nombre de ses confrères, passé par l’Italie où viennent d’être découvertes les cités ensevelies par l’éruption du Vésuve. Il en revient avec ce désir de rappeler, dans son art, les fresques murales antiques. « Certains visages sont d’une grande expressivité », présente ainsi Pauline Duée, conservatrice du patrimoine de la Ville de Paris en charge de la restauration de la chapelle, en montrant celui de « cet homme au regard hargneux qui s’agrippe à sa miche de pain ». Le travail sur les ombres est minutieux. La beauté de ce tableau resplendit aujourd’hui. Tout comme la sculpture de sainte Geneviève disposée à l’entrée de la chapelle et le blason, en argent, de la ville de Paris sur la voûte. Et tout ceci, grâce à un travail de restauration mené depuis un peu plus de six mois. Car, de même que celles qui l’encadrent, la chapelle sainte Geneviève était obscurcie par le temps, la poussière et abîmée par les infiltrations d’eau et les retouches successives. Un mécène, désirant rester anonyme, a voulu, en pleine Année sainte Geneviève, via la Fondation Avenir du Patrimoine à Paris, lui donner une nouvelle jeunesse. Après l’étude préalable menée par la Ville, les travaux ont commencé en février. Interrompus par le confinement, ils ont repris en mai. Trois groupements de restaurateurs se sont remis à la tâche : l’un spécialisé en vitrail, l’autre en sculpture, le dernier en peinture murale. C’est l’équipe d’Alina Moskalik-Detalle qui a été chargée de celle-ci. « Il a fallu avant tout enlever la crasse, explique la restauratrice. Puis, le vernis posé par certaines restaurations. » Un vernis qui rendait les couleurs particulièrement jaunes. « Sous ce vernis, nous avons découvert des peintures en bon état, poursuit Alina Moskalik-Detalle. Après avoir colmaté des lacunes avec un mortier composé de chaux et de sable, nous avons effectué des retouches. » Même travail pour les autres peintures de la chapelle. L’une d’entre elles représente la procession des reliques de la sainte en temps d’épidémie. Sa restauration réactualise aujourd’hui la pertinence de cette piété.
Isabelle Demangeat @LaZaab
La chapelle saint-Jean
Attenante à la chapelle sainte-Geneviève, la chapelle saint-Jean renferme des peintures d’Hippolyte Flandrin dont sa fameuse Cène. Ce décor, dont certaines parties sont gravement endommagées, n’a jamais bénéficié d’une restauration fondamentale depuis sa création, en 1839. La Fondation Avenir du Patrimoine à Paris cherche des financements pour pouvoir le faire. En 2020, cette fondation, abritée par la Fondation Notre Dame, a engagé, grâce à la générosité de donateurs exclusivement, plus de 750 000 € en faveur de la restauration d’églises historiques de Paris.
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