Sculpter pour vivre le mystère chrétien

Paris Notre-Dame du 25 mai 2016

Le sculpteur Jozef Pyrz, de renommée internationale, explore avec son art les mystères chrétiens. Rencontre avec un passionné de Dieu.

Jozef Pyrz dans son atelier à Paris.
© PAULINE QUILLON

« Parler n’est pas mon métier. Au-delà des fautes de français, je n’arrive pas à transmettre ce que je pense, ce que je sens. Les formes que je sculpte sont mes paroles » prévient-il d’emblée, alors qu’il m’ouvre son appartement où m’accueille Notre-Dame de la Sagesse, spectaculaire statue de plus de deux mètres de haut. L’homme, longue chevelure et barbe blanches, yeux très clairs, vêtu comme un moine russe, a un air de Tolstoï, de prophète intemporel. Il offre un café et quelques cigarettes, avec simplicité. Au mur, des tableaux, et dans un coin, des icônes et images saintes, devant lesquelles de l’encens vient de fumer. Une bougie toujours allumée près d’un missel.

Il livre sa parole comme il ouvre sa porte, avec simplicité et générosité. Jozef Pyrz raconte des histoires incroyables. Sa conversion à la lecture de l’Évangile, quand il était aux Beaux-Arts. La conversion de son art, de l’abstraction à l’expression du mystère chrétien. Son passage par la philosophie. Comment il a rencontré sa femme et l’a immédiatement reconnue. Comment il s’est retrouvé en prison pour avoir fondé le mouvement hippie en Pologne. Comment il a été protégé par Chirac et vécu sa vie d’artiste en France.

La Première Parole de L’Alliance. Sculpture sur pierre grès rose (détail). Centre d’Arts de Schorbach (Moselle).
© ANGELIKA HOLTZ

Ouvert sur le monde, sensible à ses tragédies, il livre tour à tour ses réflexions sur la crise migratoire, les attentats, l’art contemporain et surtout le mystère chrétien et l’avenir de l’Église. Car avant d’être un chercheur de forme, Jozef Pyrz est un chercheur passionné de Dieu. « Mon ambition n’est pas d’être artiste. Le plus important, c’est la foi. Certains la chantent, l’écrivent. Moi, je la sculpte. La foi
exprimée, partagée, c’est la joie, la fête continuelle. » L’art est aussi pour lui le moyen de comprendre, « c’est-à-dire de vivre », les mystères chrétiens. Et parmi ceux qu’il explore fréquemment, l’Annonciation, la Trinité. « Je travaille quand j’ai besoin de trouver une réponse à mes doutes. Avant je réfléchis, je dessine. » Prophète, il s’identifie à Jonas. Non pour annoncer l’Apocalypse, mais pour continuer à avertir : « Je suis celui qui dit : il faut se tourner vers la transcendance, et la danse qui est dans la transcendance. Quand l’art mourra, la transcendance mourra aussi. » Il y a trois ans, alors qu’il travaillait en hauteur, sur une sculpture monumentale, Jozef Pryz est tombé sur le coude. Cette mauvaise chute lui a valu une gangrène au bras droit, désormais amputé du coude. Comment travailler désormais ? « Il y a le temps de la jeunesse, celui de l’apprentissage. Puis vient le temps du travail, où on se réalise. Enfin, vient le temps de la contemplation où il faut se retirer de toute activité. Maintenant, c’est le temps de vivre. D’arrêter. De se préparer. À mon âge, travailler, c’est péché. » Mais quand il ne peut faire autrement, que les questions deviennent trop pressantes, Jozef Pyrz retourne à ses outils pour travailler désormais la cire ou l’argile. ❏ Pauline Quillon

JOZEF PYRZ
De nombreuses églises parisiennes possèdent une oeuvre de Jozef Pyrz : Notre-Dame des Nations à N.-D. du Rosaire (14e), Ave Maria à N.-D. de la Croix de Ménilmontant (20e), Sainte Thérèse, l’Église-Épi de blé et Notre-Dame du Silence à N.-D. de la Gare (13e), Prière de Moïse à St-Merry (4e), Sainte Rita au Sacré-Coeur (18e), Descente de la Croix à St-François de Sales (17e), Saint Joseph à N.-D. du Perpétuel Secours (11e) et Saint Joseph en sommeil à N.-D. de l’Arche d’Alliance (15e).

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La famille comme pilier de la société

Paris Notre-Dame – 12 août 2025

Dès sa première intervention comme archevêque de Paris, lors de la Rencontre diocésaine avec les conseils pastoraux des paroisses de Paris, le 3 décembre 2005, Mgr André Vingt-Trois identifie la famille et la jeunesse comme champs prioritaires de la mission : « Avons-nous le souci de fournir aux époux et aux parents la possibilité de partager leurs expériences, de parler de leurs difficultés et de trouver des interlocuteurs attentifs et disponibles ? », interroge-t-il ; ou encore : « La jeunesse dans son ensemble est perçue comme un problème […]. Si les Français aiment beaucoup leurs enfants en particulier, ils craignent la jeunesse en général. […] Comment pratiquons-nous cette confiance envers les jeunes ? » (Notre mission à Paris). Une attention vigilante et bienveillante qui se manifestera tout au long de son épiscopat, avec notamment l’année « Famille et jeunesse », en 2010-2011, et la publication de sa lettre pastorale La famille et la jeunesse : une espérance ; mais aussi hors Paris, comme président de la Commission épiscopale de la famille de la Conférence des évêques de France de 1998 à 2005, et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, à partir de 1995. Entretien avec le P. Denis Metzinger, actuel curé de St-Léon (15e), qui a été, de 2010 à 2020, vicaire épiscopal chargé de la pastorale Familiale du diocèse de Paris, nommé par le cardinal André Vingt-Trois. Charlotte Reynaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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