« Se retrouver entre femmes permet une intercession particulière »

Paris Notre-Dame – Comment est né ce pèlerinage ?

Clotilde Didio – En 2016, lors de l’Année de la miséricorde, nous avons eu cette idée dans notre paroisse, à N.-D. d’Auteuil (16e), de nous réunir entre femmes. L’idée était de fédérer la paroisse et d’aller à la recherche de notre vocation féminine, de créer un temps propice à la prière. Nous pensions initialement à un pèlerinage à destination des mères de famille mais notre curé, à l’époque le P. Antoine de Romanet (aujourd’hui évêque aux armées, NDLR) nous a suggéré de l’étendre à toutes les femmes, de tous âges et de toutes situations. En 2021, nous sommes tombées sur la figure de Pauline Jaricot et nous nous sommes plongées dans sa vie. Inspirées par elle, nous avons voulu suivre son exemple, elle qui a eu le génie de créer des groupes de prière partout dans le monde. Nous nous sommes dit qu’il serait peut-être bon, à sa suite, d’étendre notre pèlerinage de femmes à d’autres paroisses parisiennes. Trois semaines après, nous nous sommes retrouvées à cent cinquante femmes au Sacré-Cœur de Montmartre (18e). Nous avons alors compris qu’il y avait une vraie demande, un vrai besoin et qu’il nous fallait continuer.

P. N.-D. – Pourquoi « Cœur de femme » ? Est-ce en référence au livre éponyme ?

C. D. – Non. Derrière ce « Cœur de femme », il y a trois cœurs : le cœur immaculé de Marie, le cœur de sainte Geneviève (elle-même qui a été à l’origine d’un pèlerinage alors que les Huns menaçaient d’envahir Paris) et un troisième, qui varie chaque année. Il y a eu celui de Pauline Jaricot, celui d’Élisabeth Leseur, et, cette année celui de Madeleine Delbrêl, une femme qui partage sa devise, « la joie de croire », avec notre archevêque, Mgr Laurent Ulrich. Cette année, notre pèlerinage tombe le 13 mai, jour de la solennité de Notre-Dame de Fatima. Ce sera un peu notre quatrième cœur. Nous aurons la chance d’avoir la statuette du sanctuaire de N.-D. de Fatima (19e) que nous porterons lors de notre prière aux flambeaux. Concrètement, les différents chapitres [1] se retrouveront à 19h30, à St-Dominique (14e) pour une conférence du P. Vincent Bedon, de la Communauté de l’Emmanuel. Celle-ci sera suivie d’un temps d’adoration et de notre pèlerinage jusqu’au parvis de Notre-Dame.

P. N.-D. – Pourquoi cette proposition ?

C. D. – Se retrouver entre femmes permet une intercession particulière. Il est plus facile de nous porter les unes les autres, dans la prière, parce que nous nous comprenons mieux. Il y a une complicité entre femmes, une amitié. Madeleine Delbrêl est une belle figure pour nous. Elle nous montre que notre vocation de femme ne se réduit pas à la maternité biologique, que nous pouvons porter du fruit autrement. Notre principal objectif est de prendre le temps de la prière, d’aller au fond de soi-même, un temps pour se recueillir, pour nous mettre face à Dieu, pour lui remettre nos vies entre ses mains, entre les mains de Marie. Qui mieux qu’elle peut nous aider à comprendre notre vocation féminine ? C’est aussi d’être unies dans cette prière, quelles que soient nos idées, notre éducation, notre sensibilité, y compris liturgique. Et de comprendre que l’Église est un diamant aux mille facettes, que nous n’avons pas besoin d’être identiques pour prier ensemble.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

Article extrait de Paris Notre-Dame du 4 mai 2023

Sommaire

Fraternel : À Lourdes, les lycéens ont dépassé leurs peurs • Pèlerinage : Les femmes sur les pas de Madeleine Delbrêl • Benoît XVI : Entretien avec le traducteur de son livre posthume • Culture : Voir la Madone, avec Giovanni Bellini

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