Sur le tarmac, la foi donne des ailes

Paris Notre-Dame du 18 juillet 2024

Dans ce deuxième épisode de la série d’été, Paris Notre-Dame s’envole vers d’autres lieux : l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Depuis les années 1970, des espaces de prière gérés par des aumôneries sont mis à disposition des salariés et voyageurs. L’aumônerie catholique y mène une pastorale adaptée à la vie entre deux frontières.

© Marie-Charlotte Noulens

« Grande joie aujourd’hui : la messe célébrée pour nos vingt-cinq ans de mariage sur mon lieu de travail, l’aéroport Charles de Gaulle. Merci ! » Ces quelques mots, griffonnés à la hâte, sont signés de la main d’un pilote de la compagnie Air France. Avec plusieurs milliers d’autres, il orne, tel un ex-voto, les pages du livre d’or de l’aumônerie catholique de l’aéroport de Paris Charles de Gaulle (CDG). Pèlerins, prêtres et religieuses de passage ou simple passager en transit, les auteurs sont nombreux et multilingues. À l’aéroport CDG, il existe sept espaces de prière, répartis en zone dite publique et en zone réservée, dans l’espace d’embarquement. Si chacun est indiqué par des panneaux bleutés au milieu d’une signalétique luxuriante, l’entrée reste discrète : une porte à la dérobée, flanquée entre un restaurant et une boutique de souvenirs, dans un hall d’embarquement, ou à la sortie des bagages. « Notre mission est tournée vers tous, sans prosélytisme, explique le P. Piotr Andrzejewski, aumônier catholique, nous sommes présents pour les catholiques avec les messes quotidiennes ou encore le sacrement de réconciliation, mais aussi pour les autres ! » D’origine polonaise, le P. Andrzejewski est un personnage polyglotte haut en couleur. Cet ancien journaliste a à cœur de servir Dieu dans ce lieu unique, pont entre les frontières : « Un jour, j’ai célébré la messe dans trois langues différentes ! Dans le sens biblique, on pourrait comparer un aéroport à la ville de Capharnaüm. Jésus y a mené son apostolat au milieu des carrefours, des peuples différents, des commerces. » Dans ce fourmillement permanent, les chapelles de CDG sont un îlot propice à la paix, la prière et le recueillement. « Nous partageons l’espace de prière avec les aumôneries musulmanes et juives », précise Cyril de Castellan, diacre permanent. Un lieu commun mais séparé par des cloisons. « Nous travaillons ensemble dans une très bonne entente. Le rabbin prête souvent l’espace dédié aux juifs pour que les femmes musulmanes puissent prier, faute de place dans la mosquée. De même, nous ouvrons notre espace en cas d’affluence pour les fêtes juives. » Le passage du livre d’Isaïe (56, 7) résume cet équilibre : « Ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples. »

S’adapter à l’imprévu

À CDG, il faut parfois s’adapter à l’imprévu. « Lors de la pandémie de Covid-19, la protection civile était présente pour réaliser les tests PCR, se souvient le P. Andrzejewski. Ils m’ont demandé de bénir leur lieu de travail. Je n’avais rien sous la main alors j’ai pris un écouvillon nasal à la place d’un goupillon pour asperger d’eau bénite ! » L’aumônerie n’est pas une paroisse mais elle est ancrée dans le quotidien de ceux qui fréquentent l’aéroport, petit village à part entière. Ainsi, s’il n’est pas possible de se marier à CDG, le P. Andrzejewski et Cyril de Castellan ont préparé au mariage des couples de salariés. « Des membres d’une compagnie aérienne nous ont demandé de célébrer une messe pour un de leur collègue décédé à 50 ans », raconte le P. Andrzejewski. D’un terminal à l’autre, les aumôniers ne comptent pas leurs heures, au service de la pastorale des petits pas, comme aime à dire Cyril de Castellan. De la sacristie mise à disposition des prêtres en transit à l’accueil des réfugiés ukrainiens, l’aumônerie déploie ses ailes, non pas pour voler mais pour protéger et accompagner.

Marie-Charlotte Noulens

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