Tous les mois, des prières, anonymes, se diffusent dans les couloirs de Necker

Paris Notre-Dame du 26 janvier 2023

Depuis vingt-deux ans, un groupe de prière se réunit une fois par mois dans la chapelle de l’hôpital Necker pour confier les personnes hospitalisées ou malades. Une initiative née après l’hospitalisation d’un garçon, alors âgé de 10 ans.

Les prénoms des malades sont déposés devant une photo de Carlo Acutis.
© Isabelle Demangeat

C’était le 21 janvier 2001. Raphaël, âgé de 10 ans, suit son cours de mathématiques. Tout d’un coup, plus rien. Aphasie. Sa prof alerte sa mère qui l’accompagne chez le médecin lui promettant d’aller, ensuite, « promis », déjeuner dans un célèbre fast-food. Promesse non tenable. Après quelques examens, la sentence tombe : Raphaël est atteint d’une tumeur au cerveau. On le transfère vite à l’hôpital Necker (15e) pour être opéré le soir-même. En parallèle, sa grande sœur, Brune, décide de venir l’entourer et de prier pour lui. Elle entraîne avec elle quelques amis de son groupe de prière. Après six heures d’opération, et de prière intense, Raphaël sort de la salle d’op’, sain et sauf. Il n’aura aucune séquelle.

Quelques semaines plus tard, Brune et son groupe de prière décident de se déplacer, avec Raphaël, dans la chapelle de l’hôpital pour « rendre grâce ». En s’attardant un peu, tous tombent sur le livre d’or, l’ouvrent et lisent de nombreuses intentions de prière… Impossible de rester insensibles. Ils décident d’étendre leur prière. « J’étais tellement reconnaissant pour l’attention qui m’avait été portée, confie aujourd’hui Raphaël. Pour la vigilance de ma prof de maths, pour toutes ces personnes qui ont prié pour moi… Ma vie, je la dois à la prière des autres. J’ai eu envie, à mon tour, de faire de même. » Raphaël se met alors à la guitare. Tous les mois, il retrouve les membres du groupe de prière de Brune pour prier pour les intentions confiées dans la chapelle. Le principe est simple. Pas de messe. Juste des noms égrenés par les participants sur fond de notes grattées par lui. Depuis vingt-deux ans, la formule n’a pas bougé. Les membres du groupe ont certes pris quelques rides et cheveux blancs, mais ont surtout réussi à pérenniser l’initiative et à attirer, plus large et plus jeune.

Un symbole du catholicisme

Ce jeudi 19 janvier, jour de grève, les rues de Paris ne sont pas bondées. La chapelle de Necker, elle, est comble. L’ambiance est sobre, toute douce. Des lumignons colorés entourent, sur l’autel, le Saint-Sacrement exposé. Les prénoms de toutes les personnes citées sont déposés, délicatement, à ses pieds, devant une photo du bienheureux Carlo Acutis. La plupart d’entre elles sont inconnues des participants. Et ne sauront d’ailleurs peut-être jamais qu’on aura prié pour elles. Qu’importe. Au contraire. « C’est tellement beau de se dire que des personnes vont être portées, soutenues par notre prière, par Dieu, sans même le savoir », confie Anaïs, 30 ans, qui a suivi son mari, Guillaume, fidèle de la veillée depuis de nombreuses années. « À l’époque, je travaillais comme ingénieur en salle d’opération, raconte-t-il. Là, on nous poussait à oublier que se cachaient des hommes derrière les machines que nous manipulions. Participer à cette veillée était une façon de me rappeler que derrière chaque acte chirurgical se cachent des personnes qui souffrent, des angoisses, des proches qui espèrent, prient. » Et les souffrances, à Necker, sont nombreuses, profondes, incompréhensibles, souligne l’aumônier, le P. Nicolas Delafon. Ouvrant chaque soirée par un petit mot sur l’actualité de l’hôpital, il raconte, avec pudeur, entre autres, cet enfant qui n’est pas sorti de l’hôpital depuis un an et demi. Et souligne la beauté de cette veillée, qui, selon lui, est le symbole même du catholicisme. « Qu’y-a-t-il de plus catholique que de prier les uns pour les autres ? »

Isabelle Demangeat @LaZaab

Articles
Contact

Paris Notre-Dame
10 rue du Cloître Notre-Dame
75004 Paris
Tél : 01 78 91 92 04
parisnotredame.fr

Articles