« Une réponse à un appel particulier »
Paris Notre-Dame du 18 juillet 2019
Depuis le 1er juillet, elle est directeur des Ressources Humaines du diocèse de Paris. Florence Guéry, juriste de formation, quitte le monde de l’entreprise pour rejoindre l’Église. Un tournant dans sa carrière qu’elle aborde aujourd’hui comme une vocation au sein de sa vocation professionnelle.
Paris Notre-Dame – Vous avez eu, pendant de longues années, des postes à hautes responsabilités dans le secteur privé. Pourquoi rejoindre aujourd’hui l’Église ?
Florence Guéry – J’ai eu, en effet, une carrière riche et dense. Après avoir commencé dans un cabinet d’avocat, j’ai rejoint un groupe international de négoce. J’y avais des missions extrêmement variées. Je pouvais m’occuper aussi bien du juridique, des ressources humaines, et ce, dans différents secteurs : trading, négoce en matières premières, raffinerie de pétrole, marine marchande, télécommunication… Je suis heureuse de cette carrière. Mais, depuis un certain temps, il y avait une phrase de la Bible qui revenait souvent à mon esprit : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent » (Mt 6, 24). J’avais besoin d’avoir davantage de sens dans ma vie professionnelle, envie de vivre ma foi plus pleinement. Cette prise de poste, je la considère comme la réponse à un appel particulier, une vocation au sein de ma vocation professionnelle.
P. N.-D. – Quelles seront donc vos missions ?
F. G. – Je dirigerai le pôle des Ressources Humaines du diocèse. Pour moi qui ai une belle expérience de l’entreprise et une forte expérience de la vie associative [Florence Guéry est engagée notamment au sein de l’APA ; elle a vécu, de 2012 à 2018, en colocation solidaire avec des personnes issues de la rue, NDLR], l’un des défis de ce poste réside dans le suivi des bénévoles. Je suis en effet émerveillée du niveau de compétences des bénévoles du diocèse et du professionnalisme avec lequel le bénévolat a été mis en place au sein du diocèse. Il est important d’en prendre soin ; d’attirer un public plus jeune, aussi.
P. N.-D. – Vous êtes une femme, laïque, à un poste à responsabilités au sein de l’Église. C’est assez rare…
F. G. – J’espère d’abord avoir été choisie pour mes compétences. Mais c’est un bon signal pour l’Église. Être une femme apporte de l’altérité, une vision, une sensibilité, une empathie qui se manifestent d’une manière différente. Jésus, d’ailleurs, était très entouré de femmes.
P. N.-D. – Comment appréhendez-vous votre poste ?
F. G. – C’est un peu tôt pour le dire. Je suis encore dans une phase d’observation. Je ne veux pas révolutionner les choses, mais les faire avancer. Essayer de trouver les bons moyens pour encore mieux contribuer à ce que l’Église soit un signe d’espérance pour le monde. Cela nécessite des hommes et des femmes qui travaillent de manière efficace ; des hommes et femmes heureux, épanouis dans leur quotidien. Il est intéressant de s’assurer que les personnes soient bien formées, de trouver les bons leviers de reconnaissance et de motivation. Cela passe notamment par une manière spécifique, peut-être davantage inter-services, de communiquer. Il serait également intéressant de créer des événements permettant de mieux connaître nos textes – Bible, encycliques, doctrine sociale de l’Église…
Aujourd’hui, l’Église traverse une période difficile et de combats. Mais je garde dans le cœur cette phrase de Mère Teresa : « Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. » Et cette phrase du cardinal Jean-Marie Lustiger : « Si Dieu le veut, cela se fera. »
Propos recueillis par Isabelle Demangeat
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android