Une veillée pour la vie : pour quoi faire ?
Paris Notre-Dame du 20 mai 2010
P.N.-D. – Pourquoi avoir imaginé une veillée pour la vie ?
Mgr de Moulins-Beaufort – Parce que le respect de la vie humaine est une grâce à recevoir. Mieux nous découvrons la vie comme un don, un don de Dieu qui nous est fait par le don de nos parents, mieux nous comprenons que nous devons nous ajuster à sa grandeur. Cet ajustement demande une conversion. C’est dans ce mouvement de conversion que nous pouvons interpeller notre société.
P. N.-D. – « Pour la vie », qu’est-ce que cela signifie ? Tout le monde n’est-il pas « pour la vie » ?
Mgr de M.-B. - L’an passé, le cardinal Vingt-Trois avait précisé, dans son homélie, au cours de la première édition de cette veillée : « La vie donnée par Dieu dans l’existence humaine est un mystère qui nous ouvre au mystère plénier qu’est la vie même de Dieu. C’est pourquoi nous ne pouvons accepter qu’une vie soit perçue comme une menace et un danger. C’est pourquoi nous ne pouvons accepter que l’intelligence et l’ingéniosité humaines soient mises au service de la lutte contre la vie (…) Mais c’est aussi pourquoi nous souhaitons et nous espérons que la venue d’un enfant en notre temps soit vécue comme une bénédiction, que la mission des parents puisse être une source de joie et d’épanouissement, que les plus généreux d’entre nous sachent se mobiliser pour entourer et accompagner jusqu’au bout tous ceux que la vie blesse, que la maladie affecte et que l’espérance déserte. » Il n’est pas sûr que tout le monde soit pour la vie : il existe des courants de pensée qui encouragent à prendre la vie humaine comme un fardeau, et certaines forces obscures en chacun de nous conspirent en ce sens.
P. N.-D. – Quel en sera le programme ? Les temps clés ?
Mgr de M.-B. - Le déroulement sera presque le même que l’an passé : accueil, temps d’écoute de témoignages, proclamation de l’Évangile et homélie. Puis, nous entrerons dans un moment d’adoration au cours duquel sera chantée une grande litanie d’intercession. Après la bénédiction, nous nous confierons à la Vierge. Cette année, les témoignages seront donnés en direct. Ils rendront visibles que des chrétiens font quelque chose pour aider à l’accueil et au respect de la vie dans les situations délicates.
P. N.-D. – Quelle dynamique cherchez-vous à lancer (dans les diocèses concernés et plus largement ?) avec cette initiative spirituelle ?
Mgr de M.-B. - Avant d’être un problème politique, le respect de la vie humaine est une attitude qui nous place devant Dieu, notre Créateur. Notre époque a entre les mains des possibilités techniques formidables. Comment les employer pour le service de la vie sans nous laisser fasciner par les facilités qu’elles ouvrent ? Comment cette maîtrise technique nous conduit-elle à servir l’œuvre de Dieu au lieu de nous enfermer dans la domination de ce qui ne peut pas se défendre ? L’enjeu est d’ouvrir nos esprits à un partage toujours plus généreux de la joie de vivre, dans la reconnaissance pour ce que Dieu nous donne de vivre et de faire. C’est cela qui est toujours nouveau. • Propos recueillis par Ariane Rollier