Visites pastorales : « Pas un audit, mais une rencontre »
Paris Notre-Dame du 21 avril 2022
Les visites pastorales – qui devront se faire sur un cycle de trois ans – ont été lancées depuis le mois de janvier 2022. Alors qu’il y a quelques semaines, une réunion avec les personnes impliquées dans les visites se tenait en présence de Mgr Georges Pontier pour faire un premier retour, point d’étape avec Sophie Béguerie, visiteuse laïque, et Mgr Philippe Marsset, évêque auxiliaire du diocèse de Paris.
Paris Notre-Dame – Quel regard portez-vous sur la nouvelle formule des visites pastorales ?
Mgr Philippe Marsset – Les visites pastorales ont commencé en janvier. On a travaillé sur ce projet souhaité par Mgr Michel Aupetit jusqu’au mois de septembre 2021, pour ensuite l’expliciter aux paroisses et l’organiser. Les changements étaient importants puisqu’on passait d’une visite pastorale thématique (par exemple sur le catéchisme) sur un temps très court à la volonté de vivre une semaine en immersion dans une paroisse. Cela demande beaucoup de temps et d’énergie mais ce format est très heureux. L’idée première, c’est de ne pas se livrer à une inspection ou un audit, mais à une rencontre. Depuis janvier, j’ai pu visiter six paroisses. Nous avons eu, il y a quelques semaines, une réunion avec Mgr Pontier, les vicaires généraux et les visiteurs, et tous ont partagé leur grande joie de cette expérience.
Sophie Béguerie – Je suis paroissienne de Ste-Marie des Batignolles (17e) et mon curé, le P. Alain-Christian Leraître, a proposé de donner mon nom à Marie- Judith de Laboulaye, déléguée de l’archevêque pour les Baptisés en mission diocésaine, chargée de choisir les équipes des visites pastorales. En effet, l’un des nouveaux principes de ces visites, est que le vicaire général est entouré de deux personnes, dont une femme, laïcs ou religieux, afin de croiser les regards. Trois personnes, qui ne se connaissent pas ou peu, ont forcément des centres d’intérêts différents et ne seront pas attentifs aux mêmes réalités.
P. M. – Cela s’inscrit parfaitement dans la démarche synodale à laquelle nous sommes appelés ! Nous travaillons ensemble, laïcs, consacrés et prêtres. Les baptisés parlent aux baptisés, il n’y a pas seulement la médiation hiérarchique qui fait le lien.
P. N.-D. – Quels sont les vrais atouts de cette visite en immersion ?
S. B. – Je dirais qu’il y a de vrais ponts qui se font entre plusieurs communautés paroissiales. En visitant des paroisses différentes de la sienne, naturellement, un dialogue se crée. Je suis même retournée dans l’une d’entre elles quinze jours après la visite pour en savoir plus sur leur bagagerie, qui pourrait être un projet dans ma paroisse. Et de mon côté, j’ai pu leur donner quelques conseils sur le panier solidaire qui fonctionne très bien chez nous. C’est un échange de bons procédés ! Au fur et à mesure des visites, un savoir-écouter se met en place, le regard s’enrichit, ainsi que la conscience d’appartenir à un même diocèse.
P. M. – Ce que j’apprécie beaucoup également, c’est que la visite pastorale ne se concentre pas uniquement sur la paroisse mais sur tout le quartier qui l’entoure, à savoir le tissu associatif, les écoles, les Ehpad… Cela permet de replacer la paroisse dans la réalité de son environnement et d’être plus attentif aux fragilités. Je fais aussi en sorte de laisser une grande part à la spontanéité, en faisant exprès de ne pas trop parler aux autres visiteurs. Je propose à la fin de la semaine un temps de retour avec les paroissiens. Chaque visiteur donne sa vision, son ressenti, sans que nous nous soyons concertés avant. C’est intéressant d’avoir ce regard brut et de voir comment chacun a vu des choses différentes. Un retour écrit, rédigé à trois, est ensuite envoyé au conseil pastoral.
Propos recueillis par Charlotte Reynaud
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