Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Messe du Pèlerinage en France « Bambini di pace », organisé par l’UNITALSI

Cathédrale Notre-Dame de Paris - Dimanche 5 septembre 2010 à 10h – 23ème dimanche temps ordinaire Année C

Mot d’accueil

Frères et Sœurs, Chers amis, Chers jeunes,
C’est une grande joie de vous accueillir au Nom du Seigneur. Je remercie Monsieur le Maire de Rome de ses aimables paroles de salutations. Et je vous souhaite la bienvenue chers enfants de la paix, et vous tous, familles et accompagnateurs du Pèlerinage. Aujourd’hui Notre-Dame de Paris est un peu devenue Notre-Dame de la paix ! Et ce matin, nous sommes rassemblés pour célébrer ensemble le jour de la résurrection du Seigneur, pour venir recevoir la paix du Christ ressuscité. Nous sommes venus entendre sa parole, le recevoir et lui rendre grâce. Nous qui sommes fragiles, nous nous préparons à la célébration de cette eucharistie en accueillant sa Miséricorde.

Homélie du Cardinal André Vingt-Trois
Sa 9, 13-18 ; 13,1 ; Ps 89 ; Phm 9…17 ; Lc 14, 25-33

Chers amis,
Nous tous qui sommes rassemblés dans cette cathédrale ce matin, nous avons un point commun. Jeunes ou moins jeunes, italiens, français ou d’un autre pays, malades ou bien portants, vieux chrétiens ou nouveaux baptisés, nous voulons suivre le Christ. Cela veut dire que jour après jour, nous cherchons à marcher derrière lui, à vivre selon son exemple, à écouter sa parole qui nous fortifie, et à profiter de sa présence qui réjouit notre cœur et nous apaise. C’est parce que tous nous suivons le Christ, que nous sommes ici ensemble pour célébrer le jour de la résurrection.
Dans l’évangile, nous voyons aussi de grandes foules marcher derrière Jésus. Et nous savons que leurs motivations sont diverses : certains sont avec lui parce qu’il les a appelés à sa suite, d’autres parce qu’ils ont été impressionnés par sa parole pleine d’autorité, d’autres le suivent pour voir les miracles qu’il accomplit, ou pour bénéficier pour eux-mêmes d’un miracle, d’autres encore sont avec lui parce qu’ils peuvent aider Jésus de leur ressource. Et tout au long des chemins de Galilée, Jésus cherche à faire de cette masse de gens qui le suit un peuple de disciples selon son cœur, il les prépare au passage de sa mort et de sa résurrection, et à la mission qu’ils recevront lorsqu’il les quittera pour retourner auprès du Père.

Avec cette foule comme avec tous ceux qui aujourd’hui viennent à lui, Jésus ne fait pas le tri a priori entre les bonnes et les mauvaises raisons de le suivre. Mais il montre à tous ce qu’être disciple signifie vraiment : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple. » (Lc 14, 25-26) Les vrais disciples ne sont disciples que du Christ et de lui seul ! Celui qui choisit de suivre le Christ ne peut pas en même temps être disciple de son mari, de sa femme, de ses parents, de ses amis, des ses enfants, ou de lui-même. Bien-sûr, cette parole de Jésus peut vous étonner, vous qui êtes jeunes et pour qui vos parents et vos amis sont si importants, ou vous qui êtes mariés, ou nous tous qui aimons nos frères et sœurs. Mais Jésus indique justement à ceux qui veulent le suivre que la relation qu’il veut nouer avec nous est une relation différente de celles que nous avons avec chacun de nos proches, avec ceux que nous aimons. Jésus n’est pas un ami de plus, un soutien de plus ou une référence de plus. Il est l’Ami qui ne manque jamais, celui qui me connait mieux que moi-même, celui qui sait mieux que personne ce qui est bon pour moi. Il est celui qui m’accueille réellement tel que je suis, même si je suis chargé d’une croix qui me parait bien lourde et me fait tomber parfois. Nous n’avons pas à avoir honte de notre fragilité, de notre faiblesse, de ce qui nous empêche d’avancer aussi vite que nous le voudrions. Etre nous-mêmes fait partie de notre condition de disciple : « Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut être mon disciple » (Lc 14, 26).
Mais en même temps, il faut que nous reconnaissions en Jésus le Messie d’Israël, le Dieu fait homme, celui qui est plus qu’un homme pour nous conduire à Dieu, le seul qui mérite vraiment la première place dans nos vies. Il ne veut pas que nous nous contentions d’une petite idée de Lui comme s’il était un plus de notre vie. Jésus vient pour être l’essentiel de notre vie. S’il n’occupe pas seul cette première place, nos risquons d’être comme ces hommes et ces femmes de la parabole qui refusent de venir au festin du roi lorsque celui-ci les invite. Ils s’excusent tous d’avoir autre chose à faire. Leur cœur est incertain et éparpillé. Ils aiment Dieu, mais ils s’aiment autant eux-mêmes, ou leurs affaires, leur argent, leur travail…
Jésus ne vient pas à nous seulement pour être avec nous, mais pour nous conduire à son Père. Être disciple de Jésus, c’est le laisser nous conduire jusqu’à Dieu. Dans la parabole, il compare nos vies à la construction d’une tour, ou à une bataille importante. Notre vie n’est pas une petite chose, une petite construction ou une petite bataille. Chers amis, votre vie est une belle chose, même si les difficultés de votre maladie vous paraissent grandes, votre vie est quelque chose de plus grand encore aux yeux de Dieu. Et pour nous permettre d’accomplir ce grand projet qu’il a pour nous, Dieu a envoyé son Fils pour que nous soyons ses disciples, pour que nous le laissions venir dans nos modestes vies et en devenir le centre. Nous le savons, Celui qui laisse le Seigneur prendre toute la place dans sa vie reçoit aussi la capacité d’aimer mieux ses parents, ses amis, son époux ou ses frères et sœurs et lui-même.
Ainsi donc, frères et sœurs, puissions-nous êtres de vrais disciples de Jésus, écouter sa parole, faire sa volonté, ne pas chercher à être quelqu’un d’autre, mais être nous-mêmes et accepter de donner à Jésus une place toujours plus importante au cœur de nos vies. Si nous lui donnons la première place, nous recevront alors une joie et une paix profondes et inébranlables. Le monde verra qu’à travers notre fragilité Jésus fait de nos vies quelque chose de grand et de beau, et qu’il répand sur nous la lumière de son visage.
Amen

+ André cardinal Vingt-Trois Archevêque de Paris

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