Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Inauguration du nouvel autel de l’oratoire de l’Hôpital Necker
Vendredi 17 juin 2011 - Oratoire de l’Hôpital Necker (Paris XV)
La mission d’une aumônerie d’hôpital est à la fois d’être le signe de la présence de Dieu au plus près de tous ceux qui souffrent, et aussi d’aider les chrétiens à vivre l’épreuve de la maladie en communion avec le Christ
– Jc 5, 13-16 ; Ps 15(16) ; Mc 10, 13-16
Frères et Sœurs,
Jésus est passé au milieu des hommes en faisant le bien. Comme l’Évangile le montre, Jésus faisait le bien en se rendant présent à tous ceux qui étaient dans le besoin, et en particulier aux personnes éprouvées et malades. Lorsqu’il a envoyé ses apôtres en avant de lui, et quand il les a quittés pour retourner auprès du Père, il leur a confié la mission de continuer d’exercer sa présence bénéfique au milieu des hommes. Nous sommes envoyés parmi les hommes pour témoigner de l’amour que Dieu porte à tout être humain. Pour avoir droit à ce témoignage d’amour, aucun titre n’est requis, pas même celui d’être chrétien, si ce n’est tout simplement celui d’être un homme ou une femme et d’avoir besoin de compassion dans un passage difficile de sa vie.
La présence de l’Église dans les établissements hospitaliers est d’abord le signe de la volonté de Dieu d’être au plus près de ceux et de celles qui vivent une forme de détresse, d’inquiétude ou de souffrance. Nous sommes envoyés vers ceux qui ont besoin d’être regardés avec un regard d’amour et d’être écoutés avec une attention respectueuse. Sans avoir d’acte particulier à poser, comme le personnel soignant de l’hôpital, nous voulons être gratuitement auprès d’eux comme un signe d’encouragement.
D’une certaine façon, la présence d’une aumônerie ne sert à rien ! Elle n’a aucune fonction thérapeutique. Son action ne rentre en aucune manière dans les nomenclatures et ne peut pas être quantifiée. Cependant, elle peut contribuer de manière déterminante à permettre, avec la grâce de Dieu, de trouver un certain équilibre dans une période difficile. Elle témoigne que les hommes et les femmes ne sont pas intéressants en fonction de ce qu’ils font, de leur talent ou de la vigueur de leur santé, mais simplement parce qu’ils sont là, parce qu’ils vivent. Elle souligne que dans cette vie dans laquelle ils sont plongés, l’amour de Dieu les accompagne. C’est le signe que donnent la présence de prêtres, de religieuses et de laïcs qui prennent du temps pour être là, disponibles à l’appel de toute personne, sans considération aucune.
Plus profondément encore, la présence d’une aumônerie dans un établissement hospitalier est un signe adressé aux personnes hospitalisées qui se réclament de la foi chrétienne et essayent de vivre en disciple du Christ dans une période difficile de leur existence. Nous savons qu’aujourd’hui, une hospitalisation est souvent le moment ou le symbole d’une situation préoccupante, d’une série d’examens dont on ne connait pas encore le résultat et dont les résultats ne tranquillisent pas toujours. Dès lors, comment vivre cette situation en chrétien ? Comment vivre ce temps particulier en communion avec le Christ, et pas seulement comme un homme et une femme qui a droit à l’attention et à la présence des autres ?
Cette deuxième mission d’une aumônerie dans un établissement hospitalier, est de soutenir et d’accompagner les démarches de foi des chrétiens. Peut-être peut-elle même susciter une démarche chrétienne quand la vie de foi avait été un peu oubliée, ou fortifier la foi pour ceux qui se trouvent un peu démunis ? Pour tous, elle peut redonner le goût de l’espérance. Dieu n’abandonne jamais ceux qu’il a choisis et appelés, il n’abandonne jamais ceux dont il a fait ses enfants.
Le Christ est passé au milieu des hommes en faisant le bien. Le signe de ce bien était son accueil inconditionnel de tous ceux qui voulaient l’approcher, comme les enfants de ce passage de l’Évangile. Le Christ est venu redonner la confiance au cœur des hommes, leur proposer la guérison, les remettre debout quand ils étaient écrasés et les guérir quand il le pouvait.
Frères et sœurs, prions pour que cette chapelle soit à la fois un signe de la présence attentive du Christ à tous les hommes, et un lieu pour que la foi, l’espérance et la charité des chrétiens s’expriment et se renforcent dans les célébrations liturgiques. Nous prions pour tous les personnels de l’hôpital, pour tous les malades, particulièrement pour les enfants et leurs familles. Nous prions pour ceux qui sont éprouvés dans leur espérance, et pour que notre présence soit un signe pour tous les hommes.
Amen.
+ André cardinal Vingt-Trois, Archevêque de Paris