Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Messe avec les séminaristes de l’Ouest (Séminaires de Caen, Nantes, Orléans et Rennes) et d’Île-de-France (Carmes, Saint Sulpice, Paris, Mission de France)

Vendredi 2 décembre 2011 - Cathédrale Notre-Dame de Paris

C’est notre foi au Christ, seul sauveur de l’humanité, qui donnera au monde de voir les signes du monde nouveau en croissance.

 Is 29, 17-24 ; Ps 26, 1.4.13-14 ; Mt 9, 27-31

Chers amis,

Il ne s’en faut de peu de temps, de très peu de temps, avant que le désert fleurisse, que les signes du Salut soient réalisés et que les prophéties s’accomplissent ! Mais comme vous savez, la réalité du temps n’est pas la même pour nous et pour Dieu. Pour nous, le temps se mesure. Pour Dieu il s’affirme et est toujours un présent. Dès lors, que nous faut-il comprendre lorsque l’Écriture nous dit qu’il s’en faut de peu de temps avant que le jour du Seigneur soit là ?

Nous savons que Dieu est à l’œuvre. Déjà, nous voyons les premiers signes du monde nouveau. Ils se réalisent dans l’Esprit Saint répandu au jour de la Pentecôte. Ils font partie du témoignage rendu à l’Évangile du Christ et sont portés par le Corps ecclésial constitué dans cet Esprit. Mais nous ne pouvons les voir qu’à condition que nos yeux soient ouverts et que nous soyons sortis de l’aveuglement, de l’obscurité et des ténèbres. Ce passage des ténèbres à la lumière ne correspond pas, comme certains le croient parfois, au changement de régime ou de majorité politique ! C’est le passage de la mort à la vie. La vraie question de la vie des hommes est donc de savoir qui peut accomplir cette transformation radicale.

Les deux aveugles qui suivent Jésus et lui crient « Aie pitié de nous, fils de David ! » (Mt 9, 27) pensent qu’Il peut les faire passer de la mort à la vie, des ténèbres à la lumière, de la non-voyance à la clairvoyance. Mais, le Seigneur leur demande néanmoins s’ils croient que Lui, Jésus peut faire cela (Mt 9, 28). C’est pour nous une invitation à tout centrer sur la personne du Christ. Nous attendons la Nativité du Christ et nous préparons son avènement dans le présent de l’humanité et pour la fin des temps. Mais prenons garde de ne pas oublier le principal, qui n’est ni dans notre préparation, ni dans le chemin que nous parcourons, ni dans les travaux que nous accomplissons.

Qui ouvrira les yeux des hommes ? Qui leur permettra de voir « le Liban se changer en verger » (Is 29, 17) ? Qui leur permettra de voir les fruits de l’amour de Dieu ? Seul Jésus de Nazareth, Christ et Sauveur du monde, peut ouvrir les yeux de l’humanité. Lui seul peut ouvrir nos yeux. C’est pourquoi Il nous demande : « croyez-vous que je peux faire cela ? ». Puissions-nous alors recevoir dans l’Esprit la lucidité et la force pour professer : « Oui, Seigneur ! » (Mt 9, 28). Et si nous revenons ainsi au cœur de notre profession de foi, alors nous célébrerons l’avènement du Christ comme un événement qui concerne l’histoire du monde. C’est dans cette perspective que nos simples chemins et nos petits actes de conversion et de préparation à Noël prennent leur pleine dimension. Le temps de l’Avent ne nous est pas donné seulement pour aménager un lieu propice pour accueillir le Christ en chacun de nous. C’est le temps pour creuser au cœur de toute l’humanité un espace pour vivre le centre de la profession de la foi : ‘Oui, Seigneur nous croyons que tu peux faire cela.’

Rendons grâce à Dieu qui nous rassemble dans l’Église pour vivre cette profession de foi. Rendons grâce à Dieu qui ouvre nos yeux dès lors que nous nous tournons vers Lui. Rendons grâce à Dieu qui nous fait voir déjà les premiers fruits du Royaume à l’œuvre en ce monde. Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris

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