Homélie du Cardinal André Vingt-Trois - Messe sur le tombeau de saint Pierre lors de la visite Ad limina
Rome, le 12 novembre 2012
Lors de la visite ad limina à Rome, les 39 évêques issus des provinces ecclésiastiques de Lille, Reims, Paris, Besançon, Dijon, Strasbourg, Metz, du diocèse aux armées et des ordinariats des catholiques des Églises orientales en France ont prié sur le tombeau de saint Pierre.
1 Pi 5, 1-4 ; Ps 22 ; Mt 16, 13-19
La confession de foi de Césarée dont nous venons d’entendre le récit, place notre ministère dans le lien direct qui unit Jésus et Pierre. En commençant cette visite Ad limina, il est important pour nous de rendre grâce, nous qui avons reçu cette charge dans la communion avec le successeur de Pierre.
En effet, l’unité et la force résultant de cette unité viennent de la communion étroite qui nous unit au Christ. Et celle-ci est comme médiatisée par l’union sacramentelle au successeur de Pierre. Car, unis au Christ, nous le sommes comme tous les baptisés. Mais notre ministère, s’il ne veut pas s’approprier la grâce reçue, doit se vivre dans la relation très humaine et donc très limitée dans le temps, dans le rythme, dans les dimensions, et à la fois dans une communion très profonde avec celui qui est dans notre Église, le sacrement de cette communion : la personne du successeur de Pierre.
C’est donc pour nous une occasion privilégiée de renouveler cette relation avec le Pape et de manifester la communion qui nous unit dans le même ministère. Paradoxalement, alors que nous sommes momentanément déchargés du poids du gouvernement quotidien, c’est une occasion privilégiée pour prendre un peu de hauteur et de perspective sur la vie de nos diocèses et sur le chemin que le Christ nous invite à prendre. C’est une chance de pouvoir regarder avec une certaine distance, le terrain sur lequel nous sommes quotidiennement engagés et c’est une chance de le faire dans la communion entre nous.
Nous pouvons recevoir ces paroles de l’apôtre Pierre pour être réellement, comme il nous y invite, « les bergers du troupeau de Dieu qui veillent sur lui, non par contrainte mais de bon cœur, comme Dieu le veut ; non par cupidité mais par dévouement ; non en commandant en maîtres … mais en devenant les modèles du troupeau. » (1 Pi 5, 2-3).
Que le Seigneur nous donne de raviver notre joie dans cette offrande de nous-mêmes pour être non pas simplement les responsables ou les leaders, mais aussi les modèles sur lesquels nos fidèles peuvent régler leur manière de vivre et de croire.
Dans cette perspective, au cœur de l’année de la Foi, je vous propose que nous commencions cette visite Ad limina par le renouvellement de notre profession de foi, et que nous y unissions tous ceux dont nous sommes les pasteurs en ce temps.
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris