Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe de confirmations des jeunes de la communauté catholique Bilingue

Samedi 8 juin 2013 - Saint-Jean-Baptiste de Grenelle (15e)

La résurrection du fils de la veuve de Naïm par Jésus fait écho à la résurrection du fils d’une pauvre veuve par Elie. Pour croire que Jésus n’est pas qu’un grand prophète mais Dieu venu parmi les hommes, nous avons besoin de la force de l’Esprit Saint qui nous est communiqué en plénitude par le sacrement de confirmation.

 10e dimanche du Temps ordinaire – Année C
 1 R 17, 17-24 ; Ps 29, 3-6.12-13 ; Ga 1, 11-19 ; Lc 7, 11-17

Frères et Sœurs, et vous chers amis qui allez être confirmés,

Nous venons d’entendre, comme chaque fois que nous participons à l’eucharistie, des passages de l’Écriture qui nous racontent l’histoire et la façon dont Dieu est venu à la rencontre des hommes, comment Il s’est adressé à eux, comment Il est venu à leur aide. Quand nous entendons ces récits de l’Écriture, il n’est pas toujours pas si facile de croire qu’il ne s’agit pas seulement d’une histoire humaine. « L’évangile que je proclame, nous dit saint Paul, n’est pas une invention humaine » (Ga 1, 11). On a tous vu des films, ou entendu des histoires que l’on raconte sur le cheminement de l’humanité, mais ces histoires, ces films, nous savons que ce sont des créations humaines ! C’est le fruit de la réflexion, de l’intelligence des hommes ou de leur imagination, parfois de leurs talents de conteurs, mais il ne viendrait à personne l’idée de croire que ces histoires que l’on raconte aux enfants sont des histoires vraies.

Eh bien l’évangile que je vous annonce, comme nous le dit saint Paul, n’est pas une histoire que l’on raconte aux enfants, c’est une histoire vraie. Quand les gens ont vu Jésus ressusciter ce jeuner homme à la porte de la ville, ils ont tout de suite pensé à un autre moment de l’histoire d’Israël, où la présence de Dieu s’est manifestée à son peuple. Cet événement précédent, c’est la résurrection qu’Elie a faite pour le fils d’une pauvre veuve. On comprend très bien, en entendant les deux récits l’un après l’autre, que l’évangéliste Luc, veut nous faire penser à cette résurrection beaucoup plus ancienne, mais que tout le monde connaît en Israël. Cela nous explique pourquoi les gens, quand ils voient Jésus ressusciter le Fils de l’aveugle, disent « un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple » (Lc 7, 16). Le grand prophète auquel ils pensent : c’est le prophète Elie, qui avait lui aussi ressuscité le fils d’une veuve.

L’évangile nous dit « en voyant la veuve qui pleurait, Jésus fut saisi de pitié pour elle » (Lc 7, 13). Dieu est saisi de pitié. Dieu porte sur l’humanité tout entière, un regard d’amour, un regard de salut, il veut nous aider à vivre, il veut nous permettre de vivre, il veut nous aider à surmonter les forces de mort qui agissent à travers l’humanité.

Cette présence de Dieu, pleine d’amour et de bienveillance pour les hommes, ce n’est pas si facile d’y croire. Comment pouvons-nous reconnaître, à travers le récit de cette résurrection du jeune homme, que c’est non seulement un grand prophète qui a visité son peuple, mais que c’est Dieu qui est venu parmi les hommes ? Ce n’est pas une question de science, ce n’est pas une question d’intelligence, ce n’est même pas une question de confiance que l’on fait ou que l’on ne fait pas à ceux qui l’annoncent. C’est une question beaucoup plus profonde, il s’agit de savoir comment notre esprit et notre cœur peuvent reconnaître le signe de Dieu à travers ce que Jésus a fait. Jésus lui-même a annoncé à ses disciples qu’ils auraient à surmonter cette difficulté. Quand il ne sera plus là, il faudra bien qu’ils vivent en étant fidèles à ce que Jésus leur a donné, en se souvenant de ce que Jésus leur a dit, en recevant de sa part la force d’être fidèles à se rappeler ce qu’il a dit et à mettre sa parole en pratique. Cette lumière qui va leur permettre de se souvenir de tout ce qu’il a dit, cette force qui va leur permettre de conformer leur vie à ce qu’il a dit, il le leur a promis, c’est le don de l’Esprit Saint.

C’est ce même Esprit que vous avez commencé de recevoir au moment de votre baptême et dont vous allez recevoir la plénitude aujourd’hui par votre confirmation. C’est cet Esprit qui ouvre nos intelligences et nos cœurs pour nous permettre de croire que l’Écriture et le message qu’elle nous apporte ne sont pas des fables, des histoires créées par les hommes, mais qu’ils sont un message que Dieu lui-même nous adresse. C’est Dieu qui parle à notre cœur, tandis que nous écoutons les écritures, c’est Dieu qui parle à notre cœur tandis que nous lisons l’Évangile, c’est Dieu qui parle à notre cœur tandis que nous faisons mémoire des paroles du Christ, et c’est Dieu qui vient apporter sa force pour nous permettre de mettre en pratique ce que nous avons entendu.

Être chrétien, c’est d’abord mettre l’Évangile en pratique, c’est d’abord mettre en pratique le commandement du Christ de s’aimer les uns les autres, de faire du bien à ceux qui nous font du mal, de chercher avec passion à le connaître, à le rencontrer, à l’aimer, à l’accueillir dans notre communion eucharistique, bref à vivre en communion avec lui.

Aujourd’hui, en demandant à être confirmés, vous souhaitez entrer dans ce chemin où va s’approfondir, jour après jour, la connaissance du Christ et la joie de sa présence.

Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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