Jésus, cet « inconnu » qui nous veut du bien

Paris Notre-Dame du 5 avril 2013

Dans son homélie du dimanche des Rameaux, le pape François encourageait les fidèles, et en particulier les jeunes, à parler de Jésus autour d’eux, avec joie et simplicité. Mais celui-ci a-t-il un visage pour les non-croyants ? En quoi l’Évangile peut-il les concerner ? Enquête auprès de Parisiens.

© Yannick Boschat

« C’est comme au ski, quand on fait une conversion, on change radicalement de côté. » Voilà comment Pierre, éditeur, 47 ans, évoque ce qu’a déclenché sa rencontre inattendue avec le Christ, il y a trois ans. Pour cet ancien athée militant, Jésus, c’était un souvenir de son enfance catholique. « Quelqu’un, né il y a 2000 ans, à 3 000 km d’ici ; un personnage qui ne me concernait pas et qui était très abîmé par toute l’histoire temporelle de l’Église. » Antoine, jeune comédien, non croyant, reconnaît également l’existence « incontestable » de Jésus dans l’histoire. À ses yeux, ce personnage est quelqu’un qui « délivre la bonne parole » et permet à certains d’avoir « la chance de croire à une vérité parmi d’autres ». Rien de plus, rien de moins.

Déception et Révélation

Des témoignages qui rejoignent le constat que fait Sandra, 40 ans, consacrée de la communauté « Aïn Karem » [1] qui participe une fois par mois aux missions de rue de la communauté autour de St-Louis d’Antin (9e). « Pour les gens que nous rencontrons, il est rare que Jésus soit un personnage totalement inconnu. Il est situé dans l’histoire, souligne-t-elle. En revanche, il est rarement relié à Dieu, c’est tout au plus le “prétendu” Fils de Dieu... Et l’image de la croix ne lui est pas non plus nécessairement rattachée. L’identité du personnage reste donc très floue. » D’après son expérience, indifférence ou refus sont les premières réactions les plus communes dans la rue et très rares sont les gens qui manifestent qu’ils attendent quelque chose de Dieu. « C’est justement à nous de leur faire toucher du doigt que la question n’est pas anodine, qu’ils ont peut-être oublié qu’ils avaient un cœur qui cherchait Dieu, fait-elle valoir. Dans les cas où l’on prolonge la conversation, on entre plus en profondeur dans le mystère du salut, et on perçoit parfois des blessures qui ont rompu la relation à Dieu. » Comme l’analyse le P. Michel Gitton, fondateur de la communauté Aïn Karem, on retrouve ici l’éternel malentendu entre l’homme et Dieu : « L’homme demande, le plus souvent, un bienfait ou une consolation immédiate (la santé…). De là, survient sa déception quand il voit qu’il n’est pas exaucé. L’idée même de Dieu est ainsi faussée : il est arbitraire et responsable de nos malheurs. Pourtant, le propre de la Révélation chrétienne, c’est justement le fait que Dieu est la Parole qui s’offre à l’homme pour le libérer. Dieu lui demande une adhésion de tout son être, non pour le contraindre mais pour le faire vivre. » Et de souligner : « Sans lui, mon cœur est sans repos » (Is 1, 1). Il y a une insatisfaction fondamentale tant que l’homme n’a pas rencontré son Seigneur. Mais l’attente de son cœur est vague, souvent inconsciente, elle est comme anesthésiée par les autres voies qu’il peut choisir. »

« Vivant »

Alors comment témoigner ? Pour Noémie, 24 ans, membre du mouvement « Anuncio », habituée de l’évangélisation de plage, le message passe par une annonce explicite : « Quand les gens affirment ne pas avoir besoin de Jésus dans leur vie, c’est justement le moment de témoigner de ce qu’il change dans ma vie et de ce qu’il est : mon Sauveur, celui qui m’arrache au péché. » « Jésus ? C’est quelqu’un de vivant, renchérit Sandra. Il est le chemin, la Vérité et la vie. C’est unique dans l’histoire des religions : la vérité nous est donnée ; cela bouscule tout et comble les aspirations les plus profondes de l’homme. Dans le Christ, on a tout et bien plus, puisqu’on a la Vie éternelle. » Selon le P. Gitton, le témoignage passe ainsi par deux éléments déterminants : être soi-même et être attentif aux appels que peut glisser son entourage. Une affirmation qui rejoint l’expérience de Pierre, au moment de sa conversion. « J’ai fait plusieurs rencontres déterminantes, dont celle d’une amie catholique pratiquante, qui m’a parlé de sa foi, se rappelle celui dont la vie a été “bouleversée” par l’Évangile. Elle était tellement sincère que même si j’avais voulu me moquer d’elle, je n’aurais pas pu. Un peu plus tard, je suis entré par hasard à St-Gervais (4e) et à partir de là, en me rendant aux dîners Alpha, en lisant les Écritures, j’ai découvert un Christ aimant, qui ne condamne pas ni ne s’impose ; un amour plein et perpétuel. J’ai beaucoup de chance. Aujourd’hui, j’ai une vie pleine – pourtant très éloignée des critères de bonheur que j’avais, notamment la réussite professionnelle –, je suis profondément heureux et je n’aspire plus qu’à vivre cette plénitude offerte par le Christ. » • Laurence Faure

LE PAPE FRANÇOIS S’ADRESSANT AUX JEUNES,
le dimanche des Rameaux, 24 mars 2013, dans son homélie.

« Vous portez la croix pèlerine à travers tous les continents, par les routes du monde ! Vous la portez en répondant à l’invitation de Jésus “Allez !De toutes les nations faites des disciples” (Mt 28, 19), qui est le thème de la Journée de la Jeunesse de cette année. Vous la portez pour dire à tous que, sur la croix, Jésus a abattu le mur de l’inimitié qui sépare les hommes et les peuples, et qu’il a apporté la réconciliation et la paix. Chers amis, moi aussi je me mets en route avec vous, dès aujourd’hui, sur les traces du bienheureux Jean-Paul II et de Benoît XVI. Désormais, nous sommes proches de la prochaine étape de ce grand pèlerinage de la croix. (…) Je vous donne rendez-vous dans cette grande ville du Brésil ! Préparez-vous bien, surtout spirituellement dans vos communautés, pour que cette rencontre soit un signe de foi pour le monde entier. Les jeunes doivent dire au monde : il est bon de suivre Jésus ; il est bon d’aller avec Jésus ; le message de Jésus est bon ; il est bon de sortir de soi-même vers les périphéries du monde et de l’existence, pour apporter Jésus. »

www.vatican.va

ALLEZ ! ANNONCEZ !

Les paroisses parisiennes sont d’ores et déjà conviées par le cardinal André Vingt- Trois à préparer la grande mission « Avent 2014 ». Pour annoncer la joie de la naissance du Christ, elles seront invitées à déployer à l’échelle de leur quartier, selon leurs spécificités et leurs moyens, une mission d’évangélisation qui impliquera tous les paroissiens.

[1La communauté Aïn Karem est apostolique. Elle rassemble des prêtres, des consacrés et des laïcs à Paris et en France. Elle a pour objet d’annoncer le Christ aux hommes, notamment en ville, au cours de missions de rue.

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