« Les vacances, un temps de décloisonnement »

Paris Notre-Dame du 7 juillet 2011

P.N.-D. - En quoi les périodes de vacances sont-elles particulièrement propices au recueillement spirituel ?

P. Gilles Rousselet, curé du St-Esprit (12e)

P. Gilles Rousselet – Étymologiquement le mot « vacance » signifie vide, non occupation d’une place, d’un lieu, d’un temps. Paradoxalement, une manière chrétienne de vivre les vacances consiste à habiter le temps, l’espace et sa vie. Lors d’un séjour, une personne me disait : « C’est enfin le moment où je prends le temps de me poser et de m’abandonner à Dieu, de tout Lui remettre – joies, faiblesses, tentations, découragements, toute ma vie – dans un face à face impossible à réaliser dans mon quotidien trépidant. »

P. N.-D. - Pourquoi une « respiration spirituelle »est-elle importante ?

P. Gilles Rousselet – J’ai été frappé par une expérience dans le désert du Sinaï, pendant six jours, avec un groupe de pèlerins de tous les âges. L’inquiétude préalable devant le « vide » s’est transformée en action de grâce de le découvrir habité, signe d’une Présence bienveillante, capacité d’écoute de l’hôte plus intime à moi-même que moi-même…

Comme l’expliquait le bienheureux Jean-Paul II, l’important n’est pas ce que nous faisons, mais ce que nous sommes. Or, le travail, nos engagements, lieux si nobles d’accomplissement de notre devoir d’état, nous situent souvent dans le premier terme, reléguant le second à quelques espaces arrachés à un planning débordant. Pour me recevoir de Dieu, il faut bien que j’accepte de rentrer dans Son temps, dans Sa patience, de Lui laisser le temps de parler plutôt que de Lui couper la Parole à coup de décisions ou de propos déplacés, comme ce fut le cas pour Zacharie (Luc 1, 20). Jésus invite ses amis, revenus d’une mission féconde et harassante, à se mettre à l’écart et se reposer un peu (Mc 6, 30-34). Les deux aspects sont importants et indissociables, l’un et l’autre en Sa compagnie. Benoît XVI évoque la nécessité des vacances pour reprendre des forces corporelles et spirituelles. Il dit aussi qu’au contact de la nature, l’homme peut retrouver sa capacité d’émerveillement, la dimension de la gratuité, sa véritable place au cœur de la création, sous le regard de son Créateur.

P. N.-D. - Les vacances constituent souvent une rencontre avec d’autres communautés paroissiales. En quoi est-ce enrichissant ?

P. Gilles Rousselet – D’une manière plus large, elles sont un temps de rencontre et de « décloisonnement » à tous les niveaux. Une vacancière me disait un jour qu’elle avait été interpellée par la foi qui transparaissait lors des rencontres. Elle se sentait immergée dans la fraternité : « Âgés de quelques mois à 84 ans, nous vivons ensemble au même rythme terrestre et divin ! » Tout est dit. Par exemple, le Mouvement des communautés de la sainte Famille, dont je suis un accompagnateur, est animé par cette manière d’aborder les vacances. Inséré dans les structures diocésaines et paroissiales, il adresse aux familles et aux personnes dans tous les états de vie des rencontres de groupes locaux, récollections, retraites, vacances chrétiennes, pèlerinages, etc. Autour de thèmes communs, des animations par tranches d’âge permettent à chacun d’approfondir sa relation avec le Christ. Puis tous se retrouvent pour la célébration de l’Eucharistie, les temps de prière ou de convivialité. Plusieurs propositions comme celles-ci existent au sein de l’Église. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel

Pour en savoir plus : www.saintefamille-juandiego.org

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