« On a pris conscience de la nécessité d’évangéliser »
Paris Notre-Dame du 18 avril 2013
P N.-D. - Il y a dix ans, vous faisiez partie des responsables de « Toussaint 2004 ». Depuis, qu’est-ce qui a changé dans la nouvelle évangélisation ?
Jean-Luc Moens – En termes de méthodologie, ce qui a marché dans le passé continue de marcher aujourd’hui. Car ce n’est pas la technique qui fait le missionnaire, mais sa charité. Ce qui est nouveau dans l’évangélisation, ce n’est pas non plus le message, mais notre zèle, qui doit toujours être renouvelé ! Cependant, il est intéressant de noter que le concept de nouvelle évangélisation est aujourd’hui passé dans la culture ecclésiale. En 2004, le mot « évangélisation » ne figurait pas dans le titre de l’opération « Toussaint 2004 », car il véhiculait la notion de prosélytisme. La publication de la lettre « Évangéliser Paris » du cardinal Lustiger a permis de redonner son véritable sens au mot évangéliser, qui est fondamentalement respectueux de la liberté de l’autre. En fait, depuis 1975, l’Église essaie de nous faire comprendre cela. Il y a eu d’abord la publication de la lettre apostolique de Paul VI Evangelii nuntiandi, puis le pontificat de Jean-Paul II, grand propagateur de la nouvelle évangélisation. À sa suite, Benoît XVI a réuni un synode sur ce thème. Quant au pape François, il invite clairement les chrétiens à être dans la rue. Il nous dit « allez, sortez » [1]. On est finalement arrivé à une vraie prise de conscience, chez les catholiques, de l’identité missionnaire de l’Église.
P. N.-D. - Quelle est la place des jeunes dans la nouvelle évangélisation ?
J.-L. M. – Ce sont les personnes les plus sensibles à l’évangélisation. Les jeunes catholiques perçoivent très bien l’intérêt d’une annonce, d’autant plus qu’eux-mêmes, bien souvent, viennent de redécouvrir le Christ. Or, le missionnaire, c’est celui qui a rencontré le Christ. Voyez l’exemple de la Samaritaine ou de l’apôtre André. Ils ont couru annoncer le Christ à leurs proches. C’est également dans la nature des jeunes de se donner, de vouloir changer les choses, de ne pas rester sans rien faire. Les principes de l’évangélisation rejoignent donc leur jeunesse. Et pour ceux qui ne sont pas sûrs d’avoir rencontré le Christ, je leur dirai : « Sortez évangéliser, vous le verrez à l’œuvre ! »
P. N.-D. – En septembre, nous entrerons dans l’Année de l’appel, une invitation à réfléchir sur la mission de tout baptisé. Qu’en pensez-vous ?
J.-L. M. – Si cette initiative nous entraîne à découvrir que Dieu nous appelle à être des témoins et à nous donner dans l’évangélisation, alors c’est une extraordinaire opportunité, une perspective pastorale enthousiasmante. L’expérience montre qu’il existe des résistances, chez les chrétiens, à reconnaître que Dieu les appelle à être des témoins. Or, Dieu a besoin de nous, Il veut travailler avec nous. Les baptisés ne doivent pas avoir peur de répondre à cet appel ! Pour cela, il ne faut pas rester seul, mais aller en mission avec d’autres chrétiens, en paroisse. • Propos recueillis par Agnès de Rivière
J.-L. Moens intervenait à St-Antoine de Padoue (15e) le 10 avril, à 20h30, à l’occasion d’une conférence sur la mission.
[1] Homélie du 2 juin 2012 à Buenos Aires.