Porter la communion aux malades
Paris Notre-Dame du 13 septembre 2012
A la demande de Mgr André Vingt-Trois, la Commission diocésaine de pastorale liturgique a proposé, en mai dernier, aux prêtres parisiens des indications pour l’envoi des porteurs de communion aux malades. Paris Notre-Dame a interrogé Mgr de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, sur les motivations de ce texte et sur ses enjeux.
Paris Notre-Dame : Des nouvelles indications concernant la communion aux malades ont été récemment envoyées aux prêtres parisiens. De quoi s’agit-il ?
E.M.-B.– Quelques indications ont été proposées pour mettre en valeur, pendant la messe dominicale, le fait que des personnes portent la communion aux malades. Dans beaucoup de paroisses, mais pas encore dans toutes, elles sont appelées devant l’assemblée : on leur remet une custode avec le corps du Christ. Le Cardinal voudrait que cet usage soit étendu et que ce geste soit accompagné d’une parole dite à haute et intelligible voix. Ainsi tous les participants à la messe se rendront compte qu’ils portent d’autres et sont portés par d’autres, cloués chez eux par la maladie ou la vieillesse. Porter la communion aux malades a été l’un des premiers soucis des chrétiens. Le premier objectif est donc que, grâce à la mise en valeur de ces porteurs de communion, la communauté eucharistique se rende compte qu’elle est plus large qu’elle-même. D’autre part, ceux qui aujourd’hui vont à la messe seront peut-être un jour des malades et des personnes âgées ; ce geste devrait les encourager à avoir en temps voulu la simplicité de demander qu’on leur porte la communion. Souvent, l’on trouve des personnes prêtes à porter le Saint-Sacrement, mais pas nécessairement des personnes pour le recevoir.
Quelles sont les raisons de cela ?
E.M.-B. – Je pense qu’il y en a trois : la première, est qu’on ne veut pas déranger. Ce à quoi il faut répondre qu’on ne se dérange pas, entre chrétiens, quand on demande à quelqu’un de porter la communion le dimanche. Deuxièmement, de façon plus ou moins consciente, on n’a pas envie de faire entrer un étranger chez soi. Je crois qu’entre chrétiens, on peut tout de même se faire confiance. Troisièmement, on peut craindre aussi d’être dérangé car il faut que la communion soit portée après la messe, vers midi - midi et demi, ce qui oblige la personne recevant la communion à être habillée et à se rendre disponible. Je préciserai à ce propos qu’aujourd’hui, les personnes ayant entre 80 et 90 ans forment la première génération de chrétiens depuis l’an mille à avoir accès à la communion tous les dimanches. Il est un peu triste de voir que certains peuvent s’en passer aussi facilement qu’ils y avaient accès…
Au niveau liturgique, que faut-il prévoir ?
E.M.-B. - Il peut se faire que des personnes s’approchent et tendent la custode au moment de la communion en disant : « C’est pour ma sœur, ou mon épouse. » Il faut cultiver l’habitude d’en parler avant au curé. De plus, il serait bon que les paroisses aient une réserve de custodes à donner pour qu’elles soient dignes. En outre, il serait pertinent de former ceux qui vont porter la communion pour qu’ils aient quelques gestes liturgiques simples, mais précis. La personne qui reçoit la communion chez elle a peut-être entendu la messe à la télévision ; mais relire pour elle l’Évangile, c’est le proclamer à ses oreilles, résumer l’homélie paroissiale la relie à l’ensemble de l’assemblée eucharistique, dire le Notre Père avec elle, puis quelques formules comme : « Seigneur je ne suis pas digne… » et l’Agnus Dei, prépare son cœur à la communion. Il est bon également que les personnes qui portent la communion donnent quelques nouvelles de la paroisse et de la communauté ; et tout autant qu’elles transmettent en retour des nouvelles de la personne qu’elles visitent, pour que celle-ci soit portée dans la prière.
N’est-ce pas déjà la pratique dans certaines paroisses ?
E.M.-B. – Si, bien sûr, mais cela peut être généralisé, et fortifié, d’autant qu’il faut préparer les personnes qui ont aujourd’hui 70 ans à oser demander la communion d’ici dix ou quinze ans, quand elles seront chez elles ou à l’hôpital.
Que propose la Commission liturgique comme formules pour l’envoi ?
E.M.-B. – La proposition complète la mise en œuvre du rituel de la messe. L’archevêque a voulu qu’il y ait différentes formules possibles pour bénir ceux qui portent la communion aux malades. Chacune a son accent propre : libre aux prêtres de le faire d’une façon ou d’une autre dans la communauté dominicale. Tout cela s’inscrit dans l’effort de « Paroisses en mission », dans l’effort de mobilisation de l’assemblée eucharistique. • Propos recueillis par Ariane Rollier