À écouter : Ne fait-on pas miséricorde par faiblesse ?

« Lorsque Dieu exerce sa miséricorde envers son peuple infidèle, il ne cède pas. Il ne démissionne pas devant les caprices de son peuple. En pardonnant, il exerce une patience et une bonté plus fortes que de punir ou de détruire. ». Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.

À écouter : Ne fait-on pas miséricorde par faiblesse ?
« Lorsque Dieu exerce sa miséricorde envers son peuple infidèle, il ne cède pas. Il ne démissionne pas devant les caprices de son peuple. En pardonnant, il exerce une patience et une bonté plus fortes que de punir ou de détruire. ». Une chronique de Mgr Denis Jachiet, vicaire général.

Imaginons que j’étais entré en conflit, disons, avec mon associé. Nos intérêts divergeaient de plus en plus. Vint le moment où il a porté sérieusement atteinte à mes droits, mes biens ou ma réputation. J’en ai été meurtri. Je lui en ferai grief mais il n’a jamais voulu reconnaître ses torts. Il a refusé de réparer le préjudice commis. Finalement, après de nombreuses tentatives, j’ai décidé d’abandonner la partie. J’ai préféré oublier mes réclamations pour pouvoir collaborer en paix et avancer. Ai-je fait miséricorde ?

Dans un conflit humain qui s’enlise il arrive qu’une des parties, de guerre lasse, renonce à ses droits simplement pour obtenir la Paix. Il s’agit d’une concession par nécessité, par fatigue ou par faiblesse. Ce n’est pas la miséricorde. Certes le conflit est apaisé mais le mal n’a pas été vaincu, ni la blessure guérie et tout peut se dégrader et empirer même.

Lorsque Dieu exerce sa miséricorde envers son peuple infidèle, il ne cède pas. Il ne démissionne pas devant les caprices de son peuple. En pardonnant, il exerce une patience et une bonté plus fortes que de punir ou de détruire. Dans la parabole le Père accueille son fils prodigue sans lui demander de rendre des comptes ni de s’humilier. Ce Père ne se montre pas faible mais plus fort que le péché de son fils. Il lui montre une puissance d’amour paternel capable de réparer ses dégâts et de le relever.

Dans l’histoire sainte, la miséricorde n’est jamais une lâcheté ni une démission. C’est tout le contraire de la faiblesse ou de la peur. Pour saint Thomas d’Aquin « la miséricorde est le propre de Dieu » c’est sa marque distinctive. Pour ce docteur de l’Église, « la toute-puissance de Dieu consiste justement à faire miséricorde. »
N’oublions pas que nous professons que Dieu est « le Père tout-puissant. » La toute-puissance de Dieu est paternelle : elle consiste à aimer, à faire grandir, à relever et à pardonner. Dieu montre sa toute-puissance dans l’histoire des hommes en se faisant proche, prévenant, plein de tendresse et de compassion.

A notre tour, lorsque nous faisons miséricorde, nous n’agissons pas par lassitude. Lorsque nous tenons compte de la misère de l’autre pour accorder notre pardon, nous ne faisons pas preuve de faiblesse mais de force. Faire miséricorde c’est avoir le courage de sortir de l’enfermement du péché. Le pardon vient mettre un terme au mal. Ce n’est pas une défaite mais une victoire, la victoire de l’amour qui pardonne.

Année sainte de la miséricorde

Chronique de Mgr Denis Jachiet