Abus : le diocèse de Paris contribue au fonds Selam

Paris Notre-Dame du 13 janvier 2022

Le fonds de Secours et de lutte contre les abus sur mineurs (Selam) a été créé au printemps 2021 puis officiellement adopté en novembre dernier par les évêques de France réunis à Lourdes, pour financer leurs mesures et indemniser les personnes victimes d’abus sexuels au sein de l’Église. Au diapason d’autres diocèses, l’Église parisienne contribue à ce fonds. Les explications de Jean Chausse, économe diocésain.

Jean Chausse, économe du diocèse de Paris.
© Jack Tribeca

Paris Notre-Dame – L’objectif fixé par les évêques de France est que le fonds Selam puisse être doté de 20 millions d’euros au début de cette année 2022. Comment le diocèse de Paris y contribue-t-il ?

Jean Chausse – Le diocèse de Paris s’est engagé, dans un premier temps, à verser jusqu’à 2 millions d’euros au fonds Selam. La première étape de ce versement étant d’abonder le fonds à hauteur de 500 000 euros d’ici la fin janvier. Nous poursuivrons en fonction des besoins et des dossiers de demande, instruits par l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr). Actuellement, notre participation à ce fonds provient d’une partie des revenus de l’Association immobilière du diocèse de Paris (Aidp), générés par 100 000 mètres carrés d’immeubles de rapport appartenant au diocèse. Comme nos évêques l’ont précisé, les dons versés chaque année par les fidèles au denier de l’Église pour financer le culte et la vie de leurs paroisses ne seront, en aucun cas, utilisés pour abonder ce fonds. Nous respectons strictement l’affectation souhaitée des dons au denier et des legs. La lutte contre les abus et l’indemnisation des personnes victimes font l’objet d’un dispositif spécifique à part.

P. N.-D. – Comment ce fonds vit-il à ce jour ?

J. C. – Pour acter sa création en mai 2021 et son enregistrement comme fonds de dotation en juillet dernier, le fonds Selam a été assez rapidement doté par divers dons, notamment du diocèse de Paris qui a versé 200 000 euros. C’est maintenant l’Inirr – autre organisme constitué par les évêques de France, totalement indépendant de l’autorité de l’Église comme la Commission Sauvé – qui va, après écoute et accompagnement de victimes d’abus sexuels se manifestant à elle, estimer et valider le montant des indemnisations. Au fur et à mesure de l’instruction des dossiers, les besoins devraient être précisés en fin d’année 2022 ou début 2023.

P. N.-D. – Les évêques se sont engagés à abonder le fonds, selon la nécessité, en se dessaisissant de biens immobiliers et mobiliers de la Conférence des évêques de France et des diocèses. Qu’en est-il pour Paris ?

J. C. – Si nous versons actuellement une part de notre trésorerie issue de revenus immobiliers, l’option de vendre des biens du diocèse sera envisagée, comme d’autres options, selon les besoins futurs du fonds et selon des décisions qui reviendront à l’archevêque de Paris. Ce qui va être déterminant, c’est l’ampleur de la demande et des besoins de réparation.

Propos recueillis par Laurence Faure @LauFaur

La mise en place du fonds Selam fait suite à la reconnaissance par les évêques de France, le 5 novembre 2021 à Lourdes (Hautes-Pyrénées), de « la responsabilité institutionnelle de l’Église dans les violences qu’ont subies tant de personnes victimes » et du « devoir de justice et de réparation qui ouvre la possibilité de demander pardon en vérité ». Interrogé par Le Pèlerin le 5 janvier 2022, le président du fonds, Gilles Vermot Desroches, a indiqué que le premier donateur du fonds était une victime et que beaucoup d’évêques de France y avaient d’ores et déjà contribué à titre personnel, comme ils s’y étaient engagés en mars 2021. De nombreux diocèses contribuent actuellement à la dotation du fonds.
Plus d’informations sur : fonds-selam.fr et eglise.catholique.fr

 Voir la page Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation.

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