Bénédictions en bonne compagnie
Paris Notre-Dame du 12 octobre 2023
Les propositions de bénédictions d’animaux de compagnie se sont multipliées cette année dans les paroisses de Paris. Mais derrière cette preuve d’amour envers nos compagnons à quatre pattes, quel est le sens de cette prière de l’Église ? Enquête auprès de curés et fidèles parisiens.
Les bénédictions d’animaux de compagnie, confidentielles pendant plusieurs décennies, ont repris du poil de la bête ces dernières années et la tendance semble se confirmer. Ainsi, dans le seul diocèse de Paris, pas moins de sept paroisses – soit plus du double qu’en 2022 – invitaient cette année, pour la plupart aux alentours de la fête de saint François d’Assise ce 4 octobre, à ce type de bénédiction. « Cela pourrait paraître léger de prime abord, mais l’Église prévoit de nombreux cas de bénédictions d’objets et d’animaux, souligne le P. Édouard Ducamps, curé de St-François-d’Assise (19e). Celles-ci sont davantage connues pour les animaux de ferme mais rien n’est précisé à ce sujet dans le Livre des bénédictions. » Il est donc tout à fait possible de bénir un animal de compagnie. Une proposition spirituelle qui vient en réponse à la demande du peuple de Dieu. « Lorsque l’on m’a sollicité pour l’organiser dans ma paroisse, j’ai tout de suite accepté même si c’est une première pour moi, confie Mgr Patrick Chauvet, curé de La Madeleine (8e). C’est une excellente occasion de connaître les fidèles du quartier, notamment ceux qui ne viennent pas à l’église régulièrement. » Car au-delà de l’aspect spirituel de la démarche, c’est également une manière unique de rencontrer une frange de la population qui peut souffrir d’une profonde solitude, n’ayant que son chien ou son chat pour accompagner d’interminables journées. Le P. Mathias Sütterlin, curé de Ste-Claire (19e), le confirme : « Les gens, surtout à Paris, vivent parfois un quotidien extrêmement solitaire et les animaux de compagnie ne pourraient mieux porter leur nom. Les personnes éloignées de l’Église sont d’ailleurs particulièrement touchées qu’on leur propose cette bénédiction et répondent présent. »
Protéger la Création
Face à cette assemblée peu familière des rituels catholiques, les célébrants sont alors forcés de s’adapter. Ainsi, ce samedi 7 octobre, le P. Michel d’Anglejan, vicaire à N.-D. du Perpétuel-Secours (11e), accueille personnellement la vingtaine de participants. Avec eux, des chiens et chats… et même une tortue ! Parmi la petite foule, une dame âgée s’inquiète : « J’ai vingt et un chats, je n’ai pas pu les amener avec moi. Ils seront tout de même bénits ? » Sa voisine renchérit : « Mon chien est mort, vous pouvez quand même prier pour lui ? » Sylvie s’est déplacée avec son chat Pépone, 4 ans : « Je crois en Dieu, explique-t-elle, et je veux que mon animal soit protégé. Il est malade et je viens demander à Dieu de le guérir. » Le prêtre les rassure tout en rappelant le sens de la bénédiction : « Dieu aime les animaux… mais avant tout Il aime l’homme. L’animal nous est donné pour nous faire grandir dans notre propre humanité. Il s’agit aujourd’hui, en premier lieu, de remercier le Seigneur pour vos animaux qui vous donnent de la joie, mais une joie que vous êtes invités à partager autour de vous. » Que la bénédiction se déroule sur le parvis ou dans les églises, la figure universelle de saint François et son célèbre Cantique de la Création y occupent, avec le récit de la Genèse, une place centrale. « François avait un charisme extraordinaire, comme s’il réussissait à faire comprendre aux animaux qui était leur Créateur », précise le P. Ducamps. Et Mgr Chauvet de conclure : « L’animal, aux yeux de l’Église, est une créature de Dieu et les bénédictions d’animaux, fussent-ils de compagnie, sont une manière de louer le Seigneur pour sa Création. »
Mathilde Rambaud
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