Caravage s’invite sur la toile

Paris Notre-Dame – Caravage, la tension et la grâce, est le premier MOOC proposé par le Collège des Bernardins. Comment est venue cette idée ?

Mélina de Courcy – Cela fait longtemps que nous parlons, au Collège, d’un MOOC culturel. Cette discussion a été approfondie à la suite des confinements successifs. Ces confinements ont vidé toutes les salles culturelles du monde entier. Nous avons dû user de créativité afin de rencontrer notre public par d’autres moyens. Nous avons ainsi proposé des podcasts et des vidéos. Et cela a très bien fonctionné. Ce succès nous a fait prendre conscience que notre public était désormais prêt à recevoir ce genre de propositions numériques qui permettent, par ailleurs, de toucher des personnes de toute la France et de l’étranger.

P. N.-D. – Pourquoi avoir choisi Caravage pour ouvrir ces MOOCS culturels ?

M. C. – Caravage est un artiste que les Français aiment beaucoup. C’est un artiste très narratif qui a repoussé les frontières de la peinture pour les mener à la modernité. C’est facile d’entrer dans ses tableaux. Il sait très bien introduire dans ses compositions plusieurs niveaux de lecture. Il a revisité les grands thèmes picturaux avec des compositions innovantes en utilisant le clair-obscur, l’éclairage indirect, les couleurs franches, des figures à mi-corps. Ce qui n’était pas la tradition d’un Raphaël par exemple. Il a transformé la peinture religieuse. Avec lui arrivent ainsi sur les autels des têtes coupées, des personnes en guenilles et des femmes en extase. C’est un artiste qui a repoussé les frontières de l’art vers plus de vérité. Son œuvre est toujours en tension et nous fait, pourtant, toucher la Grâce.

P. N.-D. – Que vient-il nous dire aujourd’hui ?

M. C. – Que la vérité touche les gens. Que la vérité nous parle, nous enseigne, nous éclaire. Caravage nous fait par ailleurs entrer dans le mystère de la personne du Christ, dans le mystère de la foi. Au cœur de son œuvre, se détache ainsi la figure d’un Christ fraternel, proche et bouleversant. Il s’est emparé de sujets de la foi, des grands thèmes religieux pour les rendre proches du public, compréhensibles, accessibles, grâce à une peinture coup de poing, qui convainc. Caravage sait rejoindre les spectateurs. Il sait même les introduire dans ses compositions. Il n’hésite ainsi pas, dans La Mise au tombeau, à situer le spectateur en-dessous de la pierre tombale sur laquelle le Christ est porté par les disciples. Comme pour lui signifier qu’il mourra, mais, qu’avec le Christ, il ressuscitera. Il propose une nouvelle esthétique de la foi, une esthétique lumineuse, qui bouleverse nos certitudes.

Pratique
Le MOOC Caravage, la tension et la grâce est gratuit et ouvert à tous. Il s’ouvre le 18 avril et s’achève le 19 juin prochain. Il s’articule autour de vingt-quatre vidéos déclinées sur huit semaines. Plus d’informations et inscriptions : sinod.fr

Article extrait de Paris Notre-Dame du 31 mars 2022

Sommaire

Guerre en Ukraine : Paris prie pour la paix • Culture : Caravage s’invite sur la toile • Réfugiées d’Ukraine : Récit de vie, de Kiev à Paris • Patrimoine : Ô croix dressées sur le mont

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