Ces jeunes accompagnateurs de catéchumènes
Paris Notre-Dame du 27 mars 2014
Le troisième dimanche de carême, 23 mars, coïncidait avec le premier scrutin pour les catéchumènes. Si la majorité des 375 récemment appelés au baptême par le cardinal Vingt-Trois a moins de 40 ans, ce n’est pas le cas des accompagnateurs, souvent d’âge mûr. Pourtant, certains jeunes vivent cet engagement d’Église avec autant de sérieux que de joie. Enquête.
Humilité et confiance. Pour Isabelle, qui accompagne une catéchumène à St- Pierre de Montrouge (14e), ce sont les deux qualités indispensables pour mener à bien sa mission. « De l’humilité, dans la mesure où nous sommes bousculés, où nous n’avons pas de réponse à tout, et de la confiance dans notre rôle – malgré tout – dans le cheminement de l’accompagné », explique cette célibataire de 32 ans. Après avoir été sollicitée il y a trois ans pour être la marraine de baptême d’une amie, puis de confirmation d’une cousine, Isabelle a été appelée à soutenir la démarche de foi d’une mère de famille de 40 ans. Un engagement stimulant qui « la pousse, la réveille, la bouscule ».
L’importance de se former
Loin de se plaindre de l’exigence que représente une telle mission, avec des rencontres à rythme hebdomadaire – avec les autres accompagnateurs, le groupe de catéchumènes ou la personne qu’elle accompagne –, elle se réjouit de cette chance qui lui est donnée d’être le témoin de la foi vivante de jeunes convertis. Même écho chez Charlotte, célibataire de 25 ans, qui s’est lancée dans l’aventure du catéchuménat à St-Jean-Baptiste de Grenelle (15e) il y a moins d’un an, en répondant positivement à la proposition d’un ami séminariste. « C’est très beau de voir quelqu’un chercher avec autant d’ardeur le Seigneur. Cela me pousse à me poser pas mal de questions : par exemple sur le fait d’avoir une vie sacramentelle régulière ou sur la nécessité d’unifier ma vie de chrétienne dans toutes ses dimensions », souligne cet i n g é n i e u r agronome élevée dans la foi catholique. Si elle admet qu’il est important de continuer à se former, ce qu’elle fait, elle estime aussi que son jeune âge est un « plus »pour la jeunefillede22ans qu’elle accompagne, dans la mesure où elle lui permet une meilleure compréhension de sa vie quotidienne et des questions qu’elle se pose.
Un rôle de guide
« Nous ne sommes pas des professeurs de théologie », défend avec conviction Paul, 28 ans, responsable du catéchuménat à St-Pierre de Montrouge. « Comme nous y invite notre curé, nous avons pour mission de jouer un rôle de guide pour faire découvrir la maison – l’Église – aux personnes qui nous sont confiées et de veiller à ce qu’elles s’insèrent peu à peu dans la communauté. » Pour lui, les conditions nécessaires pour être accompagnateur de catéchumène sont d’abord l’ancrage dans la foi catholique, avec une pratique régulière, et la conviction que « l’Église est le chemin pour trouver Dieu ». Mais surtout, la clé est dans l’état d’esprit : il faut se reconnaître disciple. « Ce sont ainsi des disciples, jeunes ou plus âgés, qui cheminent avec d’autres disciples », raconte-t-il. Si, pour le jeune homme, l’âge et l’expérience de vie sont sans conteste des atouts, – notamment pour la qualité de l’écoute et l’expression « de la vérité dans la charité » –, un jeune, parce qu’il n’aura pas la tentation du paternalisme, sera spontanément davantage dans une relation de « compagnonnage ». Autres qualités : celles de la compréhension du langage des non-initiés et de l’adaptabilité. « C’est motivant pour les catéchumènes de voir des jeunes modernes et bien dans leurs baskets », soutient en outre Charlotte.
Accueillir dans la diversité
Pour Isabelle, ce qui est crucial, c’est « que l’Église soit représentée dans sa diversité auprès de ceux qu’elle accueille, car l’Église n’a pas un seul visage ». Une recommandation qui s’applique aussi bien en termes d’âge que de sexe ou de culture d’origine et que partagent plus largement les personnes ayant le souci de l’intégration des futurs baptisés dans l’Église.• Ariane Rollier