Chaillot, boulot, topo
Paris Notre-Dame du 12 février 2025
Paris Notre-Dame poursuit sa série à la rencontre des tiers-lieux des paroisses. Direction St-Pierre-de-Chaillot qui accueille depuis octobre, chaque jeudi, les jeunes professionnels du quartier qui souhaitent vivre leur journée de télétravail avec d’autres et, surtout, sous le regard du Christ.
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Les grands esprits se rencontrent, dit-on parfois. Cet adage bien connu illustre parfaitement la manière dont les Jeudis télétravail sont nés au sein de la paroisse St-Pierre-de-Chaillot (16). Le P. Jacques Ollier, curé depuis 2018, avait à cœur de proposer une initiative pastorale à destination des jeunes professionnels – très présents dans le quartier mais peu dans la paroisse – sans réussir, jusqu’ici, à trouver la formule idéale. De leur côté, Amélie et Gabriel Landete, mariés depuis cinq ans, nourrissaient le souhait de se mettre, en tant que couple, au service de l’Église. Et leur proposition spontanée est arrivée, au printemps dernier, dans la messagerie du P. Ollier. « Je ne suis pas du style à voir la Providence partout mais, lorsqu’elle se manifeste, il ne faut pas être ingrat », résume-t-il. C’est ainsi qu’après avoir analysé ce qui pouvait être le plus pertinent et utile, le jeune couple, après l’été, revient vers le curé avec une idée novatrice : proposer une formule qui permette aux jeunes professionnels de se retrouver pour télétravailler ensemble. Trois salles au premier étage des bâtiments paroissiaux ayant été libérées, des écrans, le wifi et une machine à café sont installés et les premiers télétravailleurs accueillis dès le mois d’octobre. Les Jeudis télétravail sont nés.
Une réponse à l’isolement
Pour Amélie Landete, cette proposition répond à de nombreux besoins : « Au-delà de rompre la solitude du télétravail, les participants peuvent développer leur réseau, vivre la messe au cœur de la journée et, par les conférences proposées une à deux fois par mois, se former et se ressourcer en début de journée. » Une formule qui a notamment conquis Isabelle [1], 25 ans, professeur dans une école du quartier qui n’avait que son domicile ou la salle des profs pour travailler. « Les conférences lancent vraiment la journée et nous donnent des sujets de discussion entre nous », ajoute la jeune femme qui, arrivée dès octobre, confie, au-delà du seul réseau professionnel, s’être fait de véritables amis. Ce matin, ils étaient une douzaine à avoir pris part à l’échange avec Marguerite Chevreul, coach certifiée, sur le thème Leadership, connaître ses talents. Un échange interactif qui a ravi Clotilde, 32 ans, venue pour la première fois : « Moi qui travaille à temps complet de chez moi, je ne pouvais que saisir cette main tendue de la part de l’Église ! » Gautier, 29 ans, créateur de startup, souligne pour sa part « l’importance de sortir d’un certain isolement », avouant être même « plus productif ici qu’au bureau ». Si, pour le moment, une dizaine de jeunes professionnels sont présents chaque jeudi, les salles pourraient en accueillir une vingtaine. Mais le P. Ollier voit déjà se dessiner de premiers fruits spirituels, en particulier des jeunes qui se confessent, parfois pour la première fois depuis longtemps – « un beau signe que les Jeudis télétravail, au-delà des chiffres, sont déjà féconds ». « Quand un membre manque, tout le corps en est affecté, analyse-t-il. Ce manque vis-à-vis des jeunes professionnels, une anomalie dans le corps de St-Pierre-de-Chaillot, est désormais réparé. »
Mathilde Rambaud
[1] Le prénom a été changé.
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