Club Dorothy

Paris Notre-Dame du 8 février 2018

Le petit frère du café lyonnais, Le Simone, ouvre ses portes dans le quartier de Ménilmontant (20e). Baptisé Le Dorothy, en référence à la militante catholique américaine proche du milieu ouvrier, Dorothy Day, cet espace de formation et de rencontre a pour vocation d’unifier la personne humaine.

Les idées fusent, au dessus des têtes bien faites, de Vianney, Foucauld et Anne (de gauche à droite), réunis, ce vendredi, dans les locaux du Dorothy.
© Isabelle Demangeat

Tee-shirt kaki un peu flou jeté sur ses épaules carrées, Foucauld Giuliani passe régulièrement sa main dans ses cheveux clairs pour défendre ses arguments. Les joues roses, il s’anime, en montrant l’un de ses livres de chevet, Comme un hôpital de campagne, du théologien américain William Cavanaugh (éd. Desclée De Brouwer), disposé sur une large table en bois marquée par le temps. À ses côtés, il y a le pondéré Vianney, petites lunettes rondes sur le nez, et Anne, peut-être plus distante mais pas moins brillante. Car ces trois trentenaires aux allures de parfait jeune actif parisien ont la tête bien faite – Foucauld est professeur de philosophie, Vianney travaille dans les énergies renouvelables, et Anne, au ministère de la Justice – et le cœur empli d’absolu. En témoigne le projet qu’ils ont monté et présentent ce vendredi d’hiver pluvieux : un café-atelier, 85 bis, rue de Ménilmontant (20e).

Son nom : Le Dorothy, en référence à cette puissante figure du catholicisme social américain, Dorothy Day. Son principe : « Offrir un lieu de formation à la doctrine sociale de l’Église et un espace de travail, de coworking consacré aux travailleurs manuels et aux artistes », présente Foucauld. S’inspirant de son grand frère lyonnais, Le Simone, lancé par le mouvement des Altercathos dont le professeur de philosophie faisait partie, cet espace est un peu un laboratoire.

D’un côté, des événements, de l’autre, des ateliers

D’un côté, des événements sont lancés : un Noël solidaire organisé avec l’association aconfessionnelle Le Carillon, des bals folks, une soirée « partage de talents », des conférences… De l’autre, des locaux sont loués à des professionnels indépendants pour y installer leur atelier. On peut y trouver un scénographe, un céramiste, un peintre, mais aussi l’atelier de couture de personnes en situation de prostitution de l’association Aux captifs, la libération. Tous, chrétiens ou non, se côtoient dans cet espace de plusieurs centaines de mètres carrés mis à disposition par la paroisse voisine, N.-D. de la Croix (20e).

L’idée est d’offrir à quiconque – paroissiens, voisins, amis, amis d’amis, associations, etc. – un lieu permettant « d’unifier la personne humaine ». « Nos vies sont trop fragmentées, explique ainsi Foucauld. Il y a notre travail, nos amis, nos activités, mais tout manque souvent de liens. » Le Dorothy a vocation d’en créer. Ainsi, pourquoi ne pas proposer aux professionnels indépendants de partager leur savoir-faire ? De se saisir du jardin attenant aux locaux pour monter quelque chose dans la trempe de Laudato Si’ ? Pourquoi ne pas essayer de redécouvrir et s’étonner des pratiques appliquées actuellement par les catholiques au sein de la Cité ? Tout est ouvert, apparemment. Au Dorothy, on tâtonne, on lance, on essaie, on s’égare, on recommence. On ne s’arrête pas aux critiques ou aux obstacles qui peuvent fleurir sur le chemin. On fonce. Et on entraîne, pour l’instant, près de 130 adhérents et quelque 1500 sympathisants.

Isabelle Demangeat

www.ledorothy.fr ;
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La famille comme pilier de la société

Paris Notre-Dame – 12 août 2025

Dès sa première intervention comme archevêque de Paris, lors de la Rencontre diocésaine avec les conseils pastoraux des paroisses de Paris, le 3 décembre 2005, Mgr André Vingt-Trois identifie la famille et la jeunesse comme champs prioritaires de la mission : « Avons-nous le souci de fournir aux époux et aux parents la possibilité de partager leurs expériences, de parler de leurs difficultés et de trouver des interlocuteurs attentifs et disponibles ? », interroge-t-il ; ou encore : « La jeunesse dans son ensemble est perçue comme un problème […]. Si les Français aiment beaucoup leurs enfants en particulier, ils craignent la jeunesse en général. […] Comment pratiquons-nous cette confiance envers les jeunes ? » (Notre mission à Paris). Une attention vigilante et bienveillante qui se manifestera tout au long de son épiscopat, avec notamment l’année « Famille et jeunesse », en 2010-2011, et la publication de sa lettre pastorale La famille et la jeunesse : une espérance ; mais aussi hors Paris, comme président de la Commission épiscopale de la famille de la Conférence des évêques de France de 1998 à 2005, et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, à partir de 1995. Entretien avec le P. Denis Metzinger, actuel curé de St-Léon (15e), qui a été, de 2010 à 2020, vicaire épiscopal chargé de la pastorale Familiale du diocèse de Paris, nommé par le cardinal André Vingt-Trois. Charlotte Reynaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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