« Dans notre petitesse, Jésus trouve aussi son réconfort »

Paris Notre-Dame du 22 décembre 2022

Ordonné prêtre en 2021, le P. Vincent de Roquefeuil est en mission d’études depuis trois ans à Jérusalem. Il s’apprête à vivre pour la troisième année consécutive Noël sur la terre où Jésus est né. L’occasion pour lui de reprendre conscience du chemin qu’a choisi Dieu pour rejoindre l’homme : celui de la vulnérabilité.

Le P. Vincent de Roquefeuil est en mission d’études depuis trois ans à Jérusalem.
© D.R.

Paris Notre-Dame – À Paris, les lumières décorent déjà la ville, les habitants se pressent dans les magasins pour chercher leurs cadeaux à offrir… Quelle est l’ambiance à Jérusalem à l’approche de Noël ?

P. Vincent de Roquefeuil – Cette année est particulière puisqu’il y a la concomitance des dates de Noël et d’Hannouka, la fête des lumières juive. Depuis le 18 décembre au soir, le quartier juif de Jérusalem est illuminé. Ce qui fait écho avec les illuminations traditionnelles du quartier chrétien. Cela me permet de me réjouir intérieurement en même temps que le peuple d’Israël. Car, traditionnellement, en dehors du quartier chrétien et de Bethléem, rien ne manifeste Noël en Terre Sainte.

P. N.-D. – Comment se prépare-t-on et vit-on Noël dans ce contexte ?

V. R. – Un peu de la même manière qu’à Paris. Si ce n’est que je reprends conscience que Dieu se fait fragile, se fait enfant et me tend les bras pour venir dans ma vie. C’est finalement surréaliste et incroyable ! Dieu nous appelle à l’adorer dans sa petitesse. Cette vulnérabilité me touche. Surtout parce qu’elle me montre à quel point je peux être capable de L’aimer moi aussi en vérité dans ma propre vulnérabilité et ma propre faiblesse. Quand elle ne ressentait plus rien dans sa prière, sainte Thérèse de Lisieux disait que c’était peut-être parce qu’elle était en présence de Jésus enfant. Dieu, en se faisant petit enfant, voulait peut-être dormir dans ses bras. Dans une Église abîmée par tant de scandales, il n’a pas peur de s’abandonner aux pêcheurs que nous sommes. Cela nous renvoie à nos propres responsabilités : comment cherchons-nous à l’accueillir et à être transformés par sa présence ? Car, dès la Crèche, la Croix s’installe avec le massacre des Innocents. À chaque fois qu’un enfant est blessé, qu’une vie est détruite, c’est le Seigneur qui est atteint.

P. N.-D. – Que cela signifie-t-il de vivre ces fêtes chrétiennes géographiquement proches de l’endroit où elles sont nées ?

V. R. – L’année dernière, j’étais, pour Noël, au champ des bergers et je m’apprêtais à célébrer ma première messe de Noël comme prêtre. C’était beau de vivre cela sur les lieux où les bergers ont été interpellés par les anges et se sont mis en mouvement. Ils n’avaient rien demandé. Ils avaient beaucoup de raisons de baisser les bras. Leurs vies étaient loin d’être faciles. Et pourtant, ce sont eux que les anges ont interpellés. Ce sont eux qui se sont dirigés vers la Crèche. J’ai pu faire ce trajet moi-même. Physiquement, je me suis mis dans une démarche, je mettais en mouvement cet appel spirituel à suivre le Christ et à l’adorer à la Crèche. Cela donne une grande intensité à la démarche et à sa signification. D’habitude, j’installe toujours une crèche dans ma chambre. Depuis que je suis à Jérusalem, je ne le fais pas. Parce que peut-être je la resitue dans son espace. Le fait d’habiter les lieux et de les fouler avec mes pieds devient le décor de ma prière, le décor de Noël. Je vis tout ceci dans une grande action de grâce, d’abord envers ceux – notamment les fidèles de Paris – qui me permettent de vivre cela. Cela me fait vraiment prendre conscience de la communion ecclésiale, une communion que j’observe tous les jours à Jérusalem. Je suis très touché de voir toute l’Église, l’Église universelle, se recueillir dans ces lieux saints. Le Seigneur attire encore et beaucoup. Je suis heureux d’en être témoin.

Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab

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