Dire aux jeunes ce que suivre le Christ signifie
Paris Notre-Dame du 19 avril 2012
P. N.-D. – Faut-il parler de la vocation aux enfants et aux adolescents ?
P. Michel Gueguen – Oui, bien sûr. Si personne n’en parle, la question ne se posera pas. La vocation est un appel de Dieu, mais qui passe par des relais. Comme chacun ne peut répondre que selon la connaissance qu’il a de Lui, il faut parler de Dieu et de son dessein. Pour évoquer la vocation sacerdotale, il est important de mettre en avant la place essentielle du prêtre dans l’Église et la beauté de sa mission. Devenir prêtre, c’est participer, d’une manière particulière dans l’Église, au salut du monde. C’est enthousiasmant ! Quand vous célébrez l’eucharistie, que vous apportez une parole d’apaisement ou de réconfort, que vous accompagnez une personne sur un chemin de conversion, vous êtes comme associé à l’œuvre de Dieu. On ne doit pas hésiter à parler de la joie du ministère ! Aux prêtres de donner envie aux plus jeunes. Le but n’est pas de forcer la main mais de créer les conditions pour un choix vraiment libre, d’aider au discernement de plus jeunes pour répondre à leur vocation, quelle qu’elle soit, car c’est cela qui rend heureux.
P. N.-D. – À partir de quel âge peut-on aborder cette question ?
M. G. – Pour certains, la question se pose très tôt : dès l’âge de conscience par exemple. Le désir de devenir prêtre peut naître chez un enfant qui sert la messe. Même chez les adolescents, on peut être surpris par le nombre de ceux qui s’interrogent sur une possible vocation.
P. N.-D. – À qui revient-il d’évoquer ce sujet ?
M. G. – À tout le monde ! D’abord parce que, comme le rappelle Jean-Paul II dans l’exhortation Pastores dabo vobis, le terme « Église » signifie la communauté de ceux qui sont appelés (par Dieu). Ensuite, parce que le sacerdoce est nécessaire à l’Église. Bien sûr, chacun n’a pas la même responsabilité : en premier lieu, il y a l’évêque, auquel sont associés l’ensemble des prêtres. Différents groupes ont leur rôle à jouer : les équipes de catéchisme, d’aumônerie… Mais la famille est aussi un lieu où il faut oser aborder le sujet. Il ne s’agit pas, cependant, de s’inscrire dans un système de « recrutement » mais, pour chacun, de porter une vraie attention à la question, comme nous y invite le Christ. Nous connaissons tous son appel à la prière : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Mt 9, 38). Mais il ne faut pas s’arrêter là : nous suivons le Christ, qui, dès le début de sa vie publique, appelle, proclame et enseigne, guérit et sauve… Autant d’actes qui attirent à lui les foules, et les obligent à se poser la question du sens de leur vie.
P. N.-D. - Le Frat des lycéens a lieu à Lourdes du 16 au 21 avril. Comment ce type d’événement peut-il être l’occasion de parler des vocations ?
M. G. – Cela peut se faire de différentes manières : que ce soit lors de prédications, de discussions en petits groupes ou en face à face. Je crois qu’il ne faut pas hésiter lors de tels événements à en parler très directement. Au Frat, il y a une tente des vocations, avec des gens pour accueillir et de la documentation. C’est une très bonne chose, mais cela ne suffit pas : les jeunes, il faut aller les chercher ! Avec le Christ, il faut être des « pêcheurs d’hommes » ; et aller à la pêche, pour le Christ, ce n’est pas rester au bord à attendre, mais aller en eau profonde et jeter les filets. • Propos recueillis par Pierre-Louis Lensel