Hiver solidaire : « Le lien de fraternité doit être premier »

Paris Notre-Dame du 13 juin 2024

Les équipes d’Hiver solidaire ont fait, le 29 mai dernier, le bilan de l’édition 2023-2024. Chaque année, des dizaines de paroisses accueillent, durant la période hivernale, des personnes de la rue. Un élan de solidarité diocésain qui ne cesse d’évoluer. Le point avec Michel de la Giraudière, responsable d’Hiver solidaire depuis deux ans.

Michel de la Giraudière, responsable d’Hiver solidaire.
© Mathilde Rambaud

Paris Notre-Dame – Quel bilan tirez-vous de l’édition 2023-2024 d’Hiver solidaire ?

Michel de la Giraudière – Quarante-trois paroisses – un record ! – et environ 3 000 bénévoles se sont mobilisés, pendant trois voire quatre mois, pour accueillir 232 personnes, dont l’immense majorité est restée l’intégralité de la saison hivernale. Mais ces chiffres ne témoignent que d’une part infime de la réalité vécue au sein d’Hiver solidaire, à savoir la convivialité, je dirais même la fraternité ! Un point notable concerne les profils des personnes accueillies – en grande majorité issues de l’immigration – mais aussi de nos bénévoles – de plus en plus jeunes et non paroissiens voire non chrétiens, venus par le bouche à oreille, les opérations de communication de certaines paroisses ou encouragés par leurs écoles à s’investir dans des actions de bénévolat. Ces profils « hors paroisse » formaient cette année une part non négligeable et nous ouvrent à une dimension nouvelle d’évangélisation, vis-à-vis d’eux… mais aussi vis-à-vis de nous-mêmes face à ces non catholiques qui, de fait, ne viennent pas – en conscience du moins – servir le Christ.

P. N.-D. – Après trois à quatre mois de liens fraternels, comment est vécue la fin d’Hiver solidaire ?

M. G. – Nous avions connu, les années précédentes, une évolution vers le plein hébergement. Beaucoup de bénévoles commençaient à voir Hiver solidaire comme un tremplin vers des solutions d’hébergement. Mais ce n’est pas notre rôle. Nous ne sommes pas un logement passerelle mais bien un lieu de fraternité où des hommes et des femmes sont accueillis et où ils peuvent retrouver une dignité et une existence aux yeux du monde. Si trouver une solution d’hébergement par la suite est un motif de joie, c’est le lien de fraternité qui doit être premier. Cependant, voir un frère qui retourne dans ce lieu inadmissible qu’est la rue reste un drame. Il est donc essentiel que les paroisses continuent à entretenir des liens amicaux avec eux, à leur téléphoner ou les visiter. Hiver solidaire prend alors tout son sens, dans la continuité de ce lien de fraternité. Car la solitude, même dans un hébergement, est insupportable. Ne nous leurrons pas, l’été est également une période difficile pour les personnes de la rue ; ne les oublions pas.

P. N.-D. – Quelles étaient les nouveautés de cette édition ?

M. G. – Nous avons proposé de nouvelles formations spécifiques consacrées à la santé mentale, aux addictions et à l’accueil des personnes issues de l’immigration. Mais la principale nouveauté de cette édition 2023-2024 a été la journée de lancement, le 14 octobre, à laquelle ont pris part près de 300 bénévoles. Ce temps, qui leur était dédié, leur a permis de poser leurs questions, d’échanger entre eux et d’être sensibilisés aux problématiques de la santé mentale qui concernent de plus en plus d’accueillis. Ce fut une journée fondatrice pour Hiver solidaire. Nous comptons d’ailleurs reconduire cette initiative car, si nos formations ont principalement rassemblé des responsables de paroisse, nous restons attentifs aux bénévoles pour les écouter et connaître leurs attentes vis-à-vis du diocèse et de nos associations partenaires.

Propos recueillis par Mathilde Rambaud

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