Homélie de Mgr Laurent Ulrich - Messe à Saint-Étienne du Mont lors de la journée du presbyterium du diocèse de Paris

Mercredi 19 novembre 2025 - Saint-Étienne du Mont (5e)

 33e semaine du Temps Ordinaire — Année C

- 2 M 7, 1.20-31 ; Ps 16, 1.2.5-6.8.15 ; Lc 19, 11-28

Nous lisons la suite du Livre des Martyrs d’Israël et nous entendons cette femme, la mère des sept frères, conclure son propos à son fils : « Ne crains pas ce bourreau, montre-toi digne de tes frères et accepte la mort, afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde. » On a le sentiment qui, je crois, n’est pas déplacé, que l’ensemble de ce Livre des Martyrs d’Israël est écrit pour aboutir à cette phrase : « afin que je te retrouve avec eux au jour de la miséricorde ». Toute la scène, qui précède cette abomination et la mort de ces sept frères, a été rapportée, racontée, pour que puisse être annoncé dès maintenant, dès l’époque de l’écriture de ce livre, ce commencement de foi dans le don de Dieu qui ne se contredit et qui ne cessera jamais, y compris après la mort corporelle. Et si ce n’est pas l’annonce de la résurrection, c’est déjà l’annonce que Dieu ne retire pas ses dons mais ouvre vraiment l’homme à un destin qui ne se résume pas à sa vie corporelle, à sa vie physique, au temps qu’il passe sur la Terre. Le don se poursuit et Dieu ne saurait réduire les dons qu’il a faits. Et la fidélité à cette foi, dans ce récit, passe par l’épreuve de la persécution et de la mort de ceux qui commencent à le percevoir et à le porter.

Nous rendons grâce à Dieu de nous avoir ainsi mis sur le chemin d’une compréhension qui ne cesse pas de s’approfondir et qui s’ouvre sans cesse à des choses nouvelles, jusqu’à ce que soit proclamée la résurrection dans le Christ. De sorte que nous entendons aussi l’évangile avec ce que nous avons compris ici. Il est clair que le récit, la parabole, que Jésus utilise - et que l’évangéliste Luc raconte différemment de ce que Matthieu en a fait - nous ouvre à cette même perspective. Ce que le Seigneur attend de nous, c’est que les dons qu’il nous fait fructifient, portent du fruit, portent en eux-mêmes et grâce à notre acceptation, notre coopération, le fruit de la louange de Dieu. Ils portent le fruit de l’exaucement de l’homme devant Dieu et avec la compréhension qu’il a de ce que Dieu lui donne.

Nous avons la joie de comprendre que la rétribution que le Seigneur nous apporte c’est déjà le fruit que la foi qu’il met en nous est capable de produire autour de nous. Il arrive bien souvent que nous ne voyions pas nous-mêmes ce que la profession de notre foi, le témoignage de notre foi, de notre espérance, de notre charité, produit autour de nous. Il ne nous est pas donné de le juger. Par notre accueil de cette grâce, il nous est simplement demandé de vouloir que ce que Dieu nous donne puisse fructifier, porter de beaux fruits, nous être rendu comme justice de notre accord, de notre consentement à la grâce qui nous est faite.

Aujourd’hui nous sommes rassemblés en presbyterium et au milieu du peuple de Dieu, et chacun de nous prêtres, fidèles, laïcs, demande au Seigneur d’amplifier, par le témoignage de sa vie, la grâce qu’il nous a faite de la foi, de l’espérance et de la charité qui nous permettent de vivre et d’être de vrais témoins.

Nous demandons au Seigneur que cette grâce touche l’Église tout entière. Nous avons réfléchi ce matin à des conditions nouvelles dans lesquelles nous nous trouvons, : elles ne doivent pas nous inquiéter mais plutôt nous encourager à être fidèles, simplement. À travers les événements de notre existence, à travers les transformations des mentalités, à travers les transformations des conditions de vie, que nous sachions trouver le chemin qui rejoindra le mieux les hommes et les femmes de notre temps qui attendent, le sachant ou ne le sachant pas, d’être éclairés dans leur propre vie, et, nous le croyons, d’être éclairés par la Parole du Seigneur et par le don du Christ. C’est Lui qui authentifie et qui montre le chemin de la vie qui ne finit pas, Lui qui est don jaillissant permanent de vie.

Que le Seigneur nous aide, nous soutienne, nous fasse progresser sur le chemin. Ne pas être inquiet de l’avenir mais simplement inquiet de bien voir ce qu’il nous demande jour après jour et génération après génération. Qu’il nous demande toujours cette fidélité, les conditions dans lesquelles nous avons à vivre changeant, il nous faut être simplement fidèles et attentifs.
Que le Seigneur nous autorise à l’être vraiment.

+Laurent Ulrich, archevêque de Paris

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