Homélie du cardinal André Vingt-Trois lors de la rencontre avec les jeunes français à Rio
Cathédrale Saint-Sébastien, mardi 23 juillet 2013
Près de 5000 jeunes pèlerins français étaient rassemblés à la cathédrale de Saint-Sébastien, dans le centre de Rio de Janeiro, pour un temps de prière présidé par le cardinal André Vingt-Trois, entouré d’une vingtaine d’évêques français.
Voir le reportage de KTO.
Luc 10,1-12.17-20
Homélie
Ainsi les 72 disciples reviennent auprès de Jésus pour leur rendre compte de la mission qu’il leur avait confié et ils sont tout joyeux, on pourrait presque dire « ça marche ! » ; ce que Jésus leur avait demandé de faire, ils y arrivent. « Même les esprits mauvais leur étaient soumis. » Ils ont vraiment reçu un pouvoir particulier du Christ, une force particulière. En tout cas, ils ont vu de leurs yeux que l’évangile portait une force réelle comme vous avez pu le voir au long des jours que vous avez passés dans différents lieux du Brésil.
Vous avez pu vous réjouir de voir des jeunes de votre âge, des familles, des adultes, des enfants, des vieillards qui tous sont fiers de se reconnaitre dans l’évangile du Christ. Vous avez vu des gens comme vous, moins bien dotés que vous, plus pauvres que vous et pour qui l’évangile est une source de joie et d’espérance. Vous avez vu ce que peut-être vous cherchiez vainement à voir dans votre vie habituelle en France : le christianisme n’est pas une honte à cacher mais une fierté à montrer.
Et peut-être avez-vous éprouvé de la joie en découvrant cette puissance de l’évangile et ce matin avec les 72 disciples vous voulez dire au Christ : « aujourd’hui, ta parole est vivante et efficace. »
Et pourtant, ce n’est pas ce que nous avons vécu qui est la première source de notre joie, ce que nous avons vu qui anime notre espérance, ce que nous avons pu partager qui développe notre action de grâce. « Réjouissez-vous car vos noms sont inscrits dans les cieux. » La source de notre joie, ce n’est pas ce que nous faisons, c’est la certitude que nous avons d’être en communion avec Dieu dans le Christ. La source de notre joie, ce ne sont pas les fruits de nos actions diverses, c’est la découverte que Dieu est fidèle et qu’il n’abandonne pas ceux qu’il a appelés et envoyés. La source de notre joie, c’est d’abord d’appartenir à la même Église, Dans une même communion avec ces frères et ces sœurs du Brésil que nous avons découverts et rencontrés et qui nous ont apporté le témoignage de leur foi vivante, simple, décomplexée, joyeuse. Nous ne sommes pas joyeux d’abord de ce que nous avons fait, nous sommes joyeux d’abord de ce que Dieu a fait, de ce qu’il continue de faire à travers l’histoire des hommes.
Nous sommes joyeux parce que nous avons confiance dans la parole du Christ qui nous dit qu’il nous a donné pouvoir sur toutes les puissances de l’ennemi et que rien ne pourra nous faire du mal. Nous sommes joyeux parce que notre confiance dans cette parole du Christ est plus grande que les difficultés que nous rencontrons, les souffrances auxquelles nous avons à faire face, les drames qui peuvent frapper notre vie comme cela a été le cas à Cayenne. On me demande comment les jeunes peuvent continuer d’être joyeux après un événement aussi triste ? Ils continuent d’être joyeux car ce ne sont pas nos événements qui constituent la source de notre joie mais c’est la présence et la parole du Christ. Nous ne comprenons pas toujours comment notre nom est inscrit dans les cieux mais nous savons que lui est lui seul est capable de nous le garantir.
En ces jours où nous allons partager avec tant de milliers de jeunes la joie de la foi, ce sera notre espérance, ce sera notre action de grâce ce sera notre exultation de voir la puissance de l’évangile qui transforme le cœur de l’homme. Tous ces hommes et femmes rassemblés à Rio pour les JMJ ne sont pas une puissance politique, une puissance d’intervention dans la vie du monde. Ils sont une puissance d’espérance et de jubilation parce qu’ils reposent sur la confiance que nous faisons à la parole du Christ et la certitude de notre foi ; Dieu n’abandonne jamais ceux qu’il appelle et ceux qu’il envoie. Aujourd’hui nous le croyons Jésus nous dit : rien ne pourra vous faire du mal parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. Amen.
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris