Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe à la suite de la catéchèse « Être disciples du Christ » - JMJ de Rio

Jeudi 25 juillet 2013 – Collège Notre-Dame, Rio de Janeiro (Brésil)

Messe pour la Fête de Saint Jacques Apôtre

 2 Cor 4, 7-15 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; Mt 20, 20-28

La mère des fils de Zébédée, et probablement ses deux fils aussi, Jacques et Jean, avaient une manière de comprendre la mission de Jésus qui ne correspondait pas vraiment à ce qu’elle était. Ils croyaient encore à ce moment-là que le Messie serait un messie glorieux qui rétablirait le Royaume d’Israël, qui chasserait les Romains et qui reprendrait le pouvoir de David. Chacun espérait pouvoir trouver une place à côté de ce futur chef de la nation Juive. La mère des fils de Zébédée, qui ne doutait de rien, pensait que ses deux fils auraient les deux meilleures places !

Évidemment si les évangiles nous ont rapporté cette demande et le dialogue qui suit, ce n’est pas simplement pour soulever nos bons sentiments contre la mère des fils de Zébédée. C’est aussi pour nous faire comprendre combien il nous est difficile d’imaginer le véritable chemin que Jésus est en train de prendre, c’est-à-dire non pas le chemin de quelqu’un qui va dominer les hommes mais de quelqu’un qui va se mettre au service de la Parole de Dieu et se faire le serviteur de tous. Cette place du serviteur de tous -l’évangile nous dit même que celui qui veut être le premier tiendra la place de l’esclave- le conduira à prendre sur lui le mal qui afflige l’humanité jusqu’à laisser sa vie par amour pour les hommes et par amour pour Dieu.

En ce jour où nous réfléchissons à ce que veut dire « être disciples du Christ », voilà quelque chose qui peut nous éclairer. Il ne s’agit pas d’entrer dans une carrière où l’on va trouver les bonnes places, mais plutôt d’entrer dans une mission de serviteurs. Jésus ne cachera jamais -dans les évangiles nous le voyons souvent- à ses disciples que ceux qui le suivront connaîtront la même fin que Lui. C’est ce qu’il dit déjà ici : « est-ce que vous boirez la coupe que je vais boire » (Mt 20, 22) c’est-à-dire : est-ce que vous accepterez le sacrifice que je vais faire ? Nous voyons bien que les évangiles nous ont montré comment les plus proches que Jésus avaient appelés auprès de lui vont être entraînés dans le même chemin que lui. Si bien qu’essayer de devenir disciples du Christ, ce n’est pas simplement essayer de trouver la bonne formule pour arriver à bon port, c’est surtout trouver en nous la source de force pour accepter de suivre un chemin de serviteurs, c’est-à-dire renoncer lucidement, clairement, à dominer le monde.

La foi chrétienne n’est pas un chemin de domination du monde. Le disciple du Christ ne cherche pas à prendre le pouvoir, même pour soumettre le monde à Dieu, ça c’est la tentation que Jésus a connue au désert. Le chemin du serviteur, c’est celui qui essaye de trouver jour après jour comment mettre en pratique la parole de Dieu et précisément celle-ci : se mettre au service de ses frères.

En ce jour où nous allons vivre ce soir l’ouverture des JMJ par le Pape lui-même, nous pourrons prier avec grande confiance dans cette mission de serviteur qu’il porte pour la multitude des chrétiens, mais aussi demander au Seigneur qu’il fasse grandir en nous la force pour que nous participions à sa mission de serviteur dans le service du Christ.

Amen.

+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.

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