Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe à ND de la Médaille Miraculeuse pour la Fête de Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse
Mercredi 27 novembre 2013 - Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse (Paris VIIe)
L’évangile des Noces de Cana nous donne le premier signe que Jésus accomplit en faveur des hommes, ainsi que la place de Marie qui intercède auprès de son Fils. À travers la Médaille Miraculeuse, nous sommes invités à découvrir non pas un objet magique, mais une occasion d’exprimer notre foi au Christ à travers l’intercession de Marie.
– Is 66, 10-14 ; Ps 44 ; Ap 12, 1.5.14-17 ; Jn 2, 1-11
Frères et Sœurs,
Vous qui êtes rassemblés aujourd’hui dans cette chapelle pour la fête de la Médaille Miraculeuse, je voudrais vous inviter d’abord à accueillir avec reconnaissance et avec joie le message du prophète Isaïe quand il appelle Jérusalem à se réjouir et à exulter de joie parce qu’il sait que Dieu se comporte à l’égard de son peuple comme une mère console son enfant : « moi-même je vous consolerai dans Jérusalem vous serez consolés, … et votre cœur se réjouira … Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. » (Is 66, 13-14).
Au moment où le Saint-Père vient de nous donner une exhortation apostolique pour clôturer l’Année de la foi et conclure la session ordinaire du Synode des évêques sur la Nouvelle Évangélisation, il nous adresse un grand message sous le titre de « La joie de l’Évangile ». La joie de l’Évangile, la joie de bonne nouvelle que nous avons reçue de toutes sortes de façons depuis notre enfance, que nous avons accueillie, parfois de façon irrégulière, avec des hauts et des bas, avec des moments de plus grande dévotion, des moments plus tièdes, des absences ou des fautes dans notre vie, mais finalement nous avons accueilli cette bonne nouvelle. Et nous nous appuyons sur cette bonne nouvelle de la foi qui nous fait comprendre que notre vie n’est pas abandonnée, que notre vie n’est pas vouée à la solitude et au malheur mais que nous sommes dans la main de Dieu, dans la tendresse de Dieu comme un enfant sur les genoux de sa mère. Dieu veille sur nous et Il nous consolera comme une mère console son enfant.
Cette certitude de l’amour de Dieu agissant pour les hommes est une source de grande paix et de grande joie pour tous ceux qui croient au Christ ressuscité et qui découvrent, par leur foi au Christ ressuscité, la place et le rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du Salut. Les apparitions qui ont eu lieu dans cette chapelle pour sainte Catherine Labouré sont un signe supplémentaire de ce rôle de la Vierge Marie dans l’histoire du Salut. Ce message essentiel que la Vierge a transmis à Catherine Labouré, elle a voulu qu’il soit gravé sur la Médaille Miraculeuse : « Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous ! ». Cette dévotion à l’Immaculée Conception, cette confiance en l’Immaculée Conception vont nourrir tant de pauvres, hommes, femmes, enfants, jeunes gens, adultes, vieillards, personnes en pleine activité ou personnes arrêtées par la maladie, par les infirmités. Tous, quand nous venons exprimer notre affection à la Vierge Marie, nous nous reconnaissons comme des enfants qui ont besoin d’être pris en main et accompagnés. Le témoignage de sainte Catherine Labouré dévoile à nos yeux la fonction de médiatrice de la Vierge Marie qui intervient en faveur de tous les hommes.
Cette intercession de la Vierge Marie, nous en avons le témoignage dans les Noces de Cana, dont nous venons d’entendre le récit, comme le dit l’évangile de saint Jean. Il s’agit du premier signe que Jésus a donné : « Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit » (Jn 2, 11). Ce premier signe dans l’évangile de saint Jean est donné à l’instigation, à la demande, à la prière de la Vierge Marie qui intercède pour que la fête ne soit pas complètement perdue en raison du manque de vin. Elle intercède avec discrétion, elle intercède avec confiance et même elle intercède, il me semble à entendre le récit de l’évangile de saint Jean, au-delà de la confiance puisque le Christ lui dit que « son heure n’est pas encore venue » (Jn 2, 4). Mais elle ne s’arrête pas à cette parole de Jésus, et elle dit au serviteur : « Faites tout ce qu’Il vous dira » (Jn 2, 5). Elle pense que Jésus va dire et faire quelque chose pour venir au secours de cette famille dans laquelle ils étaient invités. Cette intercession de la Vierge Marie, nous la trouvons tout-à-fait humaine, comme nous avons sans doute au cours de notre vie, connu bien des occasions de rencontrer des gens qui, vivant dans une situation difficile et ne trouvant pas de solution, se tournaient vers les autres pour dire : pouvez-vous faire quelque chose pour nous ? Et Marie intercède pour ces gens, non seulement pour les époux de Cana, non seulement pour la famille de la noce, mais à travers ces époux de Cana et la famille de la noce, c’est évidemment l’humanité qui est rendue présente. C’est pourquoi les serviteurs qui ont rempli les cuves de pierre savaient, eux qui avaient puisé l’eau, d’où venait ce vin car ils sont les auxiliaires, les aides de Jésus dans ce premier signe. Ces serviteurs sont ceux que Jésus met en place pour venir au secours des hommes. Ce ne sont pas eux qui transforment l’eau en vin, ils n’en n’ont pas le pouvoir, mais ils réunissent les conditions pour que cette eau puisse être transformée en vin. Ils sont les serviteurs de ce premier signe et, à travers ce premier signe, serviteurs la manifestation de la gloire de Jésus et du fondement de leur foi : ils crurent en Lui.
Nous avons quantité de témoignages depuis 1830, selon lesquels l’intercession de Marie a agi en faveur des hommes à travers la prière qui lui était adressée grâce à la Médaille Miraculeuse. Ce n’est pas la médaille qui sauve, c’est la foi. Ce n’est pas le fait de tenir la médaille qui opère, c’est le fait qu’en tenant la médaille ou en portant la médaille, ou en priant sur la médaille, nous exprimons notre foi à celui qui peut changer quelque chose à la vie des hommes. Ce qui sauve c’est la foi que nous mettons dans le Christ. C’est pourquoi cette prière n’est jamais une prière magique, comme s’il suffisait de dire les mots, de tenir la chose et tout arriverait. Non, il ne suffit pas qu’on tienne la chose et qu’on dise les mots pour que tout arrive. Il faut que nous soyons tournés vers le Christ, que nous nous adressions au Christ à travers sa mère, que par la bouche de Marie, l’attention de Jésus soit attirée sur notre situation et surtout que nous nous soyons tournés vers le Christ pour attendre de Lui le salut que nous espérons.
Frères et sœurs c’est une joie de savoir que Dieu n’abandonne pas les hommes. C’est une joie de savoir qu’Il nous console comme une mère console son enfant. C’est une joie de savoir que Marie intercède pour nous auprès de son Fils. C’est une joie de savoir que l’Église nous rassemble pour exprimer notre confiance dans cette intercession de Marie et notre foi au Christ Sauveur.
Amen.
+ André cardinal Vingt-Trois, archevêque de Paris.