Homélie du cardinal André Vingt-Trois - Messe des Rameaux à la Maison Marie-Thérèse
Dimanche 28 mars 2021 - Maison Marie-Thérèse (14e)
– Dimanche des Rameaux – Année B
- Is 50,4-7 ; Ps 21, 8-9-17-20.22-24 ; Ph 2,6-11 ; Mc 14,1 à 15,47
Frères et sœurs,
Dans l’évangile de saint Marc que nous venons d’entendre, nous voyons comment Jésus prépare son entrée à Jérusalem, minutieusement, en prévoyant tous les préalables. Il envoie deux de ses disciples chercher cet ânon dont nos habitudes modernes ne nous laissent pas voir à quoi il pouvait servir, puisque Jésus avait parcouru tout le pays à pieds ! Mais cet ânon est un signe prophétique. Il renvoie à la prophétie de Zacharie qui invite Jérusalem à célébrer le triomphe du roi David en disant : il entre, monté sur un ânon, juste, victorieux, pauvre. C’est cette double dimension, d’un triomphe royal et de la pauvreté royale que Jésus va manifester en faisant son entrée à Jérusalem monté sur un ânon. Les cris, les acclamations, montrent qu’il n’y a aucun doute dans l’esprit de ceux qui assistent à son entrée : c’est le roi qui entre, c’est le roi David, c’est le règne de David qui va recommencer. Mais, nous qui connaissons la suite de l’histoire, nous mesurons à quel point, jusqu’à ce moment, comme l’évangile de saint Marc l’a expliqué, ils n’ont rien compris.
Tout au long de son évangile, Marc nous montre des disciples qui ne comprennent pas. Au moment de l’entrée à Jérusalem, ils ne comprennent pas davantage, ils croient que c’est le commencement d’un nouveau règne, que c’est vraiment le règne qui va rétablir Israël dans toute sa dimension. Jésus n’est pas vu. S’il a pris le signe de l’ânon, c’est à la fois pour évoquer cette inauguration d’un règne nouveau, d’un règne de justice, mais un règne de pauvreté.
Nous qui essayons de le suivre tout au long de ce chemin, nous espérons que les événements qui vont être évoqués cette semaine et auxquels nous allons participer par les sacrements, sont la réalité qui transforme notre vie et qui inaugure réellement un règne nouveau : règne de justice et de paix, règne de miséricorde et d’amour, que le Seigneur nous donne à travers nos chants, nos hymnes, à travers nos acclamations, de pénétrer davantage dans la réalité de son mystère.
La liturgie de ce jour nous aide à mieux comprendre ce que nous vivons, puisqu’elle réunit dans la même célébration la commémoration de cette entrée triomphale et la méditation de la passion du Seigneur, comme si dans un raccourci saisissant, nous étions simultanément ce peuple trompé qui acclame un règne terrestre, et ce peuple sauvé qui reçoit un règne qui n’est pas de ce monde.
Que le Seigneur nous donne de nous livrer sans retenue à la joie de sa présence et qu’il nous donne de suivre, avec simplicité mais avec ferveur, le chemin qui le conduit non seulement à Jérusalem mais aussi au Golgotha et à la résurrection. Amen
+André cardinal Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris