« Je voudrais faire aimer les psaumes »

Paris Notre-Dame du 11 juillet 2024

Pendant deux ans et demi, le P. Jacques Cuche, prêtre du diocèse de Paris, aujourd’hui à la retraite, a médité sur tous les psaumes de la Bible ; un travail compilé dans un ouvrage publié cette année, aux éditions Parole et Silence et préfacé par l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, Psaumes millénaires, prières toujours actuelles. Rencontre.

© Priscilla de Selve

Paris Notre-Dame – Pourquoi avoir dédié un livre aux psaumes ?

P. Jacques Cuche – Je voudrais faire aimer les psaumes ! À cent deux ans, dont soixante-dix-huit ans de sacer-doce, je suis le doyen des prêtres du diocèse de Paris. Plus je lis les psaumes et les médite, plus je constate que la situation que nous vivons est très semblable à celle du peuple d’Israël. Durant toute son histoire, il est un peuple assailli, pillé, rançonné mais qui garde pourtant l’espérance. À mes yeux, ce point est essentiel. Ce recueil de méditations est une invitation pour mes frères à relire les psaumes pour y voir cette espérance. C’est l’une des raisons de la rédaction de ce livre. Par ailleurs, les psaumes tiennent désormais beaucoup plus de place dans la vie chrétienne et dans la liturgie, depuis le Concile Vatican II et la publication du texte Dei Verbum. Ils sont au cœur de la vie des moines et moniales, suivant les offices du jour et de la nuit. Vénérables prières récitées par les juifs pendant des siècles – et que Jésus lui-même a prié notamment lors de la dernière Cène –, les psaumes sont aussi la parole de Dieu. Ils nous rappellent nos racines et l’importance de l’intervention de Dieu dans l’histoire des hommes.

P. N.-D. – Quelles sont les origines des psaumes ?

J. C. – Les premiers psaumes ont sans doute été rédigés vers le VIIe siècle avant Jésus-Christ, à l’époque du roi David. Ils étaient sûrement, en premier lieu, une prière spontanée qu’ensuite le psalmiste a mis sur le papier afin que tout le monde puisse les reprendre. On a longtemps attribué les psaumes au roi David, mais c’est une erreur. Les exégètes ne sont pas tous d’accord sur leurs origines et les véritables auteurs sont inconnus. Certains psaumes ont été repris au gré de l’histoire, quand Israël gagnait une bataille par exemple. Chaque psaume est structuré de manière très différente, sans écriture propre, même si la plupart sont accompagnés d’un refrain. Le psalmiste laisse jaillir sa prière, son cri vers Dieu. Les uns sont des actions de grâce extraordinaires tandis que d’autres sont des paroles de désespoir. Bon nombre sont empreints d’une douce poésie mais des difficultés de lecture sont à prendre en compte dans la méditation. Au VIIe siècle avant J.-C., les psalmistes prêtent à Dieu des sentiments de roitelet, et le langage employé peut parfois choquer par sa violence. Ils présentent un Dieu vainqueur, un Dieu qui punit, semblable aux rois qui les entouraient. La plupart du temps, on ne sait pas dans quels contextes historiques ils ont été écrits. Il faut donc, parfois, passer au-dessus d’un certain vocabulaire pour retrouver l’essence du psaume.

P. N.-D. – Quels sont vos conseils pour méditer un psaume ?

J. C. – Méditer les psaumes revient à rentrer dans une prière multiséculaire. Il est tout à fait extraordinaire de redire les prières vieilles de deux mille ans. C’est comme lire une lettre d’amour de son fiancé ou de sa fiancée ; on aime les relire, les ressasser. Ainsi, la méditation des psaumes nous met devant le Seigneur pour lui dire : « Voilà ce que tu as fait pour moi. Je découvre à quel point Tu nous as aimés. » J’aime méditer les psaumes en fonction des périodes de ma vie – et ils répondent à beau¬coup de situations ! –, les choisir selon les moments de joie ou de difficultés. L’été qui vient peut être une période propice pour méditer sur les psaumes qui célèbrent la beauté de la Création.

Propos recueillis par Marie-Charlotte Noulens

Psaumes millénaires, prières toujours actuelles , P. Jacques Cuche,
Parole et Silence, 2024, 450 p., 27 €.

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