L’assemblée des évêques, une expérience de collégialité
Paris Notre-Dame du 17 novembre 2016
Paris Notre-Dame – Vous avez participé à votre première assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, du 4 au 9 novembre. Qu’est-ce qui vous a marqué ?
Mgr Denis Jachiet – Cette assemblée ne m’a pas fait l’impression d’une instance anonyme et purement fonctionnelle de l’Église. Tous les évêques m’ont accueilli fraternellement. Je me suis rendu compte qu’ils se connaissent bien parce qu’ils se rencontrent régulièrement et ont l’occasion de travailler ensemble, ce qui contribue à la liberté de parole. Parmi les évêques, il y a une grande diversité de personnalités, de sensibilités et de situations diocésaines. C’est un enrichissement d’ouvrir son esprit et son cœur à des réalités différentes de celles de Paris. Ce qui m’a aussi frappé, c’est la continuité dans le temps du travail de ce corps épiscopal. La Conférence des évêques de France se renouvelle d’un tiers environ tous les cinq ans et la composition des commissions change rapidement. Les évêques s’appuient sur le travail effectué par leurs prédécesseurs pour prendre les décisions qui semblent aujourd’hui les plus ajustées dans la perspective de demain. De cette façon, les évêques portent ensemble le passé, le présent et l’avenir de l’Église.
P. N.-D. – Comment avez-vous vécu le travail avec les autres évêques ?
Mgr D. J. – C’était ma première expérience de la collégialité entre les évêques de France. Nous sommes appelés à une même mission d’évangélisation dans notre pays. J’ai apprécié que nous ne nous précipitions pas pour produire des textes et prendre des décisions. Nous avons pris le temps d’écouter divers intervenants, de nous réunir en carrefours. C’est un espace où les évêques peuvent prendre du recul par rapport aux questions brûlantes de la vie de l’Église et de la société, et élaborer ensemble des éléments de réflexion.
P. N.-D. – Quels ont été, pour vous, les temps forts ?
Mgr D. J. – La journée du 7 novembre, pendant laquelle nous étions rassemblés dans la prière à l’intention des victimes de la pédophilie, et l’analyse intéressante du sociologue Philippe Portier sur les mutations de notre société, sur les attentes de nos contemporains et sur l’articulation entre le politique et le religieux.
P. N.-D. – En tant qu’ancien délégué diocésain pour les vocations sacerdotales et religieuses, vous avez dû suivre avec intérêt le temps de réflexion sur les vocations sacerdotales diocésaines ?
Mgr D. J. – Notre question centrale était la suivante : faisons-nous tout ce qui est en notre pouvoir pour éveiller les vocations de prêtres diocésains que le Seigneur donne ? Nos communautés chrétiennes sont-elles suffisamment des relais de l’appel de Dieu ? Il y a eu à la fois de la franchise et de la lucidité dans la réponse des évêques. Il arrive, par exemple, que des prêtres mettent involontairement des obstacles à la vocation de jeunes en donnant une image déformée et inquiétante de leur ministère. Soyons vigilants sur la manière dont on parle de la vie du prêtre. Si les vocations de prêtres sont aujourd’hui un souci majeur pour les diocèses, nous ne cédons pas sur la qualité du discernement devant le caractère d’urgence, mais nous cherchons à avancer en menant une réflexion collégiale sur cette question. • Propos recueillis par Céline Marcon