L’édito du mois
Édito de juillet 2022 par le père Benoît Aubert, Vicaire épiscopal chargé des jeunes adultes
Réceptacle de cœurs qui s’épanchent
Dans le livre Le chemin des estives (que je vous invite vraiment à lire), Charles Wright raconte l’histoire d’un aspirant jésuite qui part un mois à travers les déserts du Massif central sans un sou en poche. Il mise tout sur la générosité des personnes que la Providence mettra sur sa route. Il se découvre, au fil de ces rencontres, comme le « réceptacle de cœurs qui s’épanchent » car ces personnes livrent leurs secrets à leur hôte, ils lui racontent toutes leurs histoires, même les plus intimes, les plus dérangeantes,… Notre pèlerin s’étonne de telles confidences. Il pense qu’il en est le destinataire car il n’est là que pour une soirée et que le lendemain, il repartira avec leurs secrets.
C’est sans doute une des raisons de ces confidences « sans filtre ». Mais je pense qu’il les accueille également parce qu’il est disponible. Cette marche au long cours libère son esprit et lui donne le temps qu’il ne prend pas d’habitude pour écouter les autres.
Cette même expérience de disponibilité et d’écoute, c’est certainement un des plus beaux fruits de ces trois années comme délégué de l’archevêque pour l’accompagnement de la Pastorale Jeunes Adultes. Comme prêtre, j’ai souvent été dans le faire et je n’ai pas pris le temps de m’arrêter pour vraiment écouter tel ou tel paroissien, telle ou telle personne qui venait frapper à la porte de l’Église. Le curé, par définition, il court toujours.
Ces trois dernières années, étant donnée cette mission de délégué de l’archevêque, j’ai été invité dans des groupes de jeunes adultes où ma seule occupation était d’être là, disponible pour la rencontre. Ce fut pour moi la source d’une immense joie et je crois le lieu d’une belle fécondité sacerdotale. J’en remercie le Seigneur, et au moment de revenir à la vie paroissiale, je lui demande la grâce d’une plus grande disponibilité, d’une gratuité dans la rencontre de l’autre. Je sais que je vais retrouver le rythme un peu fou de la vie pastorale ordinaire mais je veux croire que je saurai davantage prendre le temps d’écouter ces histoires, d’être là pour accueillir ces personnes qui ne trouvent nulle part où se confier.
Je vous remercie vraiment de m’avoir offert, au gré des rencontres, cette opportunité de grandir dans mon ministère de prêtre. Soyez assurés de ma prière fidèle. Et que Dieu nous aide tous à vivre davantage dans l’instant, à être disponible de temps et d’esprit, pour être ces « réceptacles de cœurs qui s’épanchent ». C’est ça aussi vivre l’évangile !