« L’Homme à l’image de Dieu, c’est l’union de l’homme et de la femme »

Paris Notre-Dame du 14 décembre 2017

L’affaire Weinstein, révélée récemment dans les médias, a fait émerger un climat de défiance entre l’homme et la femme. Comment continuer à croire en la possibilité d’un juste regard de l’un envers l’autre ? Les réponses du P. François Potez, curé de N.-D. du Travail (14e), qui accompagne bon nombre de couples sur le chemin du mariage.

Le P. François Potez est curé de N.-D. du Travail (14e)
© Notre-Dame du Travail

Paris Notre-Dame – Comment qualifieriez-vous le regard, mis en lumière par l’affaire Weinstein, que peuvent se porter actuellement l’homme et la femme ?

P. François Potez – La femme cherche à se faire apprécier, à séduire ; l’homme est tenté de dominer. Ces comportements ne sont pas nouveaux. Ils sont vieux comme le monde, vieux comme le péché. C’est d’ailleurs très bien formulé au chapitre 3 de la Genèse : « Ton désir te portera vers ton mari, et celui-ci dominera sur toi ». À cela s’ajoute une spécificité actuelle : la montée d’un féminisme au sein duquel certaines femmes cherchent absolu¬ment à prendre la place de l’homme. Ainsi, au lieu de comprendre que l’homme et la femme ont une vocation complémentaire, la recherche d’un égalitarisme à tout prix tend, au contraire, à nier la différence sexuelle. Une lutte de pouvoir s’est installée, avec toutes les données modernes que nous connaissons aujourd’hui.

P. N.-D. – Comment faire, alors, pour changer son regard ?

F. P. – C’est une question qu’il faudrait aborder et traiter dès l’adolescence, et même dès la préadolescence. Il y a une urgence, aujourd’hui, à montrer aux garçons comment prendre soin des filles et à présenter aux filles la responsabilité qu’elles endossent vis-à-vis des garçons. Or, aujourd’hui, filles et garçons découvrent l’amour par le biais de la séduction : les garçons cherchent à draguer ; les filles, à séduire. Un ajustement du désir doit s’opérer. Très concrètement, quand un homme regarde une femme, il doit s’interroger sur le regard qu’il porte sur elle et inversement. Est-ce un regard tourné vers soi, un regard pour prendre, jouir, se servir de l’autre ? Ou bien ce regard est-il joyeux, rend-il plus libre ?

P. N.-D. – Quel est le dessein de Dieu dans l’altérité homme-femme ?

F. P. – Dieu a voulu que l’homme puisse expérimenter, dans sa nature humaine, quelque chose du face-à-face qui existe au cœur même de la Trinité. Là, le Père aime le Fils, se donne tout entier au Fils. Ils sont dans une telle communion d’amour que celle-ci engendre l’Esprit Saint. Et Dieu a voulu inscrire cela dans la nature humaine. L’Homme à l’image de Dieu n’est pas l’homme tout seul, la femme toute seule, mais l’union de ces personnes, comme le disait si bien Jean-Paul II. Le saint pape va même jusqu’à dire que dans l’union charnelle et sexuelle, l’époux et l’épouse sont l’icône de la communion divine. C’est grâce à la femme que l’homme peut se découvrir lui-même comme capacité de don jusqu’à se donner complètement comme le Christ s’est donné à l’Église. Et la femme n’est vraiment femme que quand elle permet à l’homme de susciter ce don. C’est magnifique ! Et quand on regarde la Vierge Marie, c’est une réussite extraordinaire !

Propos recueillis par Isabelle Demangeat

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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