L’Oratoire rend grâce pour ses cent ans à St-Eustache

Paris Notre-Dame du 15 septembre 2022

Dimanche 25 septembre, St-Eustache organise une journée spéciale pour commémorer les cent ans de la présence des Oratoriens à la tête de cette église emblématique du cœur de Paris, dans le quartier des Halles. Rencontre avec le P. Yves Trocheris, curé de St-Eustache.

© Yannick Boschat

Paris Notre-Dame – Comment expliquer l’arrivée des Oratoriens à St-Eustache (1er) ?

P. Yves Trocheris – Les Oratoriens ont toujours été dans ce quartier, depuis leur fondation au XVIIe siècle, en témoigne l’Oratoire du Louvre – devenu un temple protestant – à quelques rues de St-Eustache. 1922 marque surtout le retour des Oratoriens en France, vingt ans après avoir été contraints à l’exil, suite aux lois de 1901 puis 1903 qui visaient tout particulièrement les congrégations à vocation éducative, comme la nôtre. Dans ces années d’après-guerre, où le clergé a payé un lourd tribut en termes de pertes humaines, le cardinal de Paris, Mgr Louis-Ernest Dubois, a besoin de prêtres. Il choisit de confier la gestion de la paroisse St-Eustache aux Oratoriens, vivement encouragé par le curé d’alors, le P. Amédée Lassier. Le P. Jules-Marie-Victor Courcoux, supérieur général des Oratoriens de l’époque, devient le premier curé oratorien de St-Eustache, avant d’être nommé évêque d’Orléans cinq ans plus tard ; ironie de l’histoire, c’est lui qui baptisa le jeune Jean-Marie Lustiger, futur archevêque de Paris.

P. N.-D. – Que retenir de ce siècle passé à St-Eustache ?

Y. T. – Je crois qu’on ne peut pas évoquer ces années sans citer certaines figures particulièrement marquantes. Je pense, par exemple, au P. Désiré Bouley, curé de St-Eustache de 1952 à 1964, qui était un grand éducateur, fondateur de l’internat de St-Martin-de-France à Pontoise et un prédicateur hors pair. C’est lui qui a recruté Jean Guillou comme organiste titulaire. Je pense également à d’autres prêtres, vicaires, qui ont fondé des mouvements très importants pour la paroisse : le P. Émile Martin qui a créé les chanteurs de St-Eustache ou encore le P. Denis Perrot qui a fondé, en 1984, la Soupe St-Eustache, qui distribue encore aujourd’hui, de novembre à mars, près de 300 repas par jour.

P. N.-D. – Quel est l’héritage de ces différents ministères ?

Y. T. – Ce qui est assez incroyable, c’est que dès leur arrivée à St-Eustache, les Oratoriens ont identifié des axes pastoraux qui sont toujours en vigueur aujourd’hui. Il y a la solennité de la liturgie – avec le grand orgue comme élément fondamental –, une attention très forte à l’art, une volonté de rassembler les Parisiens autour d’une audition d’orgue tous les dimanches et la création de cercles d’étude et d’œuvres de jeunesse ou de solidarité. Les Oratoriens sont convaincus que le religieux et l’art sont intimement liés, et que la foi se croit et se pense, d’où le soin particulier accordé aux prédications. Les Oratoriens sont aussi des prêtres de la ville. Ils se sont adressés aux classes moyennes et aux jeunes, en se mêlant à ce quartier très contrasté des Halles, carrefour de l’Île-de-France où se côtoient toutes les réalités sociales : ici se croisent d’anciens ambassadeurs, d’anciens hauts commis de l’État et des personnes sans-abri. Par son histoire et le charisme propre aux Oratoriens, St-Eustache est une paroisse qui se veut très attentive aux personnes du seuil et à tous les vécus de foi.

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

Programme
Dimanche 25 septembre

  • 11h : messe solennelle présidée par Mgr Michel Gueguen, vicaire général du diocèse de Paris. Prédication assurée par le P. François Picart, supérieur général de l’Oratoire de France.
  • Buffet partagé.
  • 14h : conférence d’1h30 sur le thème L’arrivée des Oratoriens à St-Eustache, en 1922, donnée par le P. Jérôme Prigent, prêtre de l’Oratoire de France, Jean-Paul Desprat, historien et romancier, et Michel Micheau, membre du Collège visuel de St-Eustache et professeur émérite à Sciences Po en urbanisme.
    2, impasse St-Eustache, 1er
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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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