La fabuleuse histoire de l’iconostase de Saint-Julien-le-Pauvre

Paris Notre-Dame du 18 octobre 2018

Entièrement restaurée en 2012, l’iconostase de l’église grecque-catholique melkite de Paris, St-Julien-le-Pauvre (5e), fait aujourd’hui l’objet d’un beau livre. Retour sur l’histoire d’un élément emblématique de la tradition byzantine.

L’iconostase de Saint-Julien-le-Pauvre
© Isabelle Demangeat

L’entrée n’est pas forcément très visible. Le bâtiment, pas excessivement grand. Et pourtant, l’église St-Julien-le-Pauvre (5e) est hautement fréquentée par les touristes. L’une des raisons d’un tel succès : son âge. Connue pour être l’une des églises les plus anciennes de Paris, St-Julien-le-Pauvre garde quelques vestiges de sa construction qu’on dit contemporaine à celle de Notre-Dame. Affectée à l’Église grecque-catholique melkite de Paris depuis 1889, elle recèle également en son sein une magnifique iconostase entièrement rénovée en 2012 par des spécialistes. Leur but : rendre sa splendeur initiale à cette grande cloison où sont peintes des icônes qui sépare, dans le rite byzantin, le sanctuaire de la nef. « Dans les années 1950, le recteur de l’époque a pris la décision de couper le haut de l’iconostase, explique aujourd’hui Mgr Charbel Maalouf, exarque patriarcal en France, curé de St-Julien-le- Pauvre. Afin de voir davantage l’abside. » Sauf que la partie coupée représentait une partie des plus importantes de l’iconostase : « le rang » où sont représentés les Apôtres entourant le Christ. Ce rang surmonte les icônes dépeignant les fêtes liturgiques et les portes saintes.

En 2011, un certain Gaby Bitar se manifeste au prédécesseur de Mgr Maalouf. Il désire apporter son aide afin de restaurer l’iconostase selon sa version initiale inaugurée en 1891 et réalisée par… son propre grand-père, Gergi Bitar, ébéniste vivant à Damas (Syrie). Poussé par un « sens de la beauté universelle » et une volonté de « respecter l’artiste et son oeuvre », Gaby Bitar parvient à convaincre les curés successifs. Ceux-là retrouvent onze des treize icônes supprimées dans les années 1950 et font appel à des professionnels – l’ébéniste André Lévêque et la restauratrice Isabelle Pitre – afin de les restaurer, écrire les icônes manquantes et rénover l’ensemble de l’iconostase.

Le résultat est d’une beauté difficilement descriptible. Impossible, en effet, de retranscrire, par des mots, ce que ces icônes écrites provoquent au cœur et à l’âme. Par la chaleur de leur couleur, les expressions si particulières de leurs personnages, une odeur de sacré s’en dégage. Pas étonnant. Pour Mgr Charbel Maalouf, qui signe l’introduction de l’ouvrage sur l’iconostase de sa paroisse paru en mai dernier à l’occasion de sa restauration [1], l’icône est « une image sacrée qui dépasse le domaine de l’art pour rejoindre le domaine de la foi ». « À l’instar du grand mystère du christianisme, l’Incarnation ; elle spiritualise le sensible et rend sensible le spirituel, spiritualise le corporel et rend corporel le spirituel… » « Fenêtre visible sur l’invisible », elle a pour rôle de « transporter l’âme vers ceux qu’elle représente » : un saint, la Vierge Marie, le Christ. Et invite, en filigrane, tout spectateur, à devenir lui-même une icône vivante qui reflète Jésus. C’est-à-dire à transmettre, par son action et son image, le message de l’Évangile.

Isabelle Demangeat

[1L’iconostase de l’église Saint-Julien-le-pauvre, 30€.
Pour se procurer cet ouvrage, s’adresser à St-Julien-le-Pauvre, 1, rue Saint-Julien-le-Pauvre, 5e ; 01 43 54 52 16.

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La famille comme pilier de la société

Paris Notre-Dame – 12 août 2025

Dès sa première intervention comme archevêque de Paris, lors de la Rencontre diocésaine avec les conseils pastoraux des paroisses de Paris, le 3 décembre 2005, Mgr André Vingt-Trois identifie la famille et la jeunesse comme champs prioritaires de la mission : « Avons-nous le souci de fournir aux époux et aux parents la possibilité de partager leurs expériences, de parler de leurs difficultés et de trouver des interlocuteurs attentifs et disponibles ? », interroge-t-il ; ou encore : « La jeunesse dans son ensemble est perçue comme un problème […]. Si les Français aiment beaucoup leurs enfants en particulier, ils craignent la jeunesse en général. […] Comment pratiquons-nous cette confiance envers les jeunes ? » (Notre mission à Paris). Une attention vigilante et bienveillante qui se manifestera tout au long de son épiscopat, avec notamment l’année « Famille et jeunesse », en 2010-2011, et la publication de sa lettre pastorale La famille et la jeunesse : une espérance ; mais aussi hors Paris, comme président de la Commission épiscopale de la famille de la Conférence des évêques de France de 1998 à 2005, et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, à partir de 1995. Entretien avec le P. Denis Metzinger, actuel curé de St-Léon (15e), qui a été, de 2010 à 2020, vicaire épiscopal chargé de la pastorale Familiale du diocèse de Paris, nommé par le cardinal André Vingt-Trois. Charlotte Reynaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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