« La fraternité est l’antidote à la peur »
Paris Notre-Dame du 27 octobre 2022
La 96e rencontre des Semaines sociales de France se tient du 28 au 30 octobre à Lille et en ligne autour du thème La fraternité, notre combat ! Pour bâtir un avenir durable. Une urgence pour Béatrice Wettstein, directrice des Semaines sociales de France, qui présente les enjeux de cette rencontre.
Paris Notre-Dame – L’année dernière, vous invitiez à rêver. Aujourd’hui, votre rencontre est centrée sur la fraternité. La fraternité est-elle l’un des rêves apparus l’an dernier ?
Béatrice Wettstein – L’épidémie de Covid-19, les crises sociales ou économiques mettent le monde dans un état dépressif. Nous voulions, l’an dernier, axer notre rencontre sur l’avenir, nous autoriser à rêver. Cinq cents personnes l’ont fait dans les ateliers que nous proposions. Et effectivement, ce qui ressortait régulièrement de leur réflexion était cette question du lien, de la fraternité. C’est ainsi que notre thème de cette année a jailli. Nous avons choisi de le décliner selon trois sous-thématiques : la démocratie, la planète et la religion.
P. N.-D. – Pourtant, le vote des Français pendant l’élection présidentielle a plutôt fait apparaître la peur : peur de l’autre, de l’étranger…
B. W. – Au vu du taux d’abstention, des oppo¬sitions qui s’expriment de façon radicale, il y a vraiment quelque chose qui se joue aujourd’hui en politique. C’est pour cela que nous avons intégré le thème de la démocratie dans notre programme. Comment dialoguer, c’est-à-dire considérer l’autre en face de moi comme mon frère et non comme quelqu’un que je veux éradiquer, alors que la société est clivée ? Il nous faut travailler sur des pratiques démo¬cratiques qui permettent de vivre cela. Très clairement, la fraternité est l’antidote à la peur. Sans verser dans aucun angélisme, le fait de se rencontrer, de se parler, est le meilleur moyen de lutter contre la peur qui, elle, est toujours liée à l’inconnu, à quelque chose d’irrationnel. Le lien est une réponse concrète à cet irrationnel. Nous avions déjà décidé du thème avant l’élection. Mais celle-ci a conforté notre intuition. En revanche, l’invasion de l’Ukraine et la question du retour de la guerre en Europe nous ont incités à ajouter dans notre programme la question de l’engagement militaire et de la paix.
P. N.-D. – Vous parlez de « combat ». Le terme est fort. Pourquoi ?
B. W. – Parce que nous ne voulons pas que cela reste un vœu pieu, mais quelque chose qui sous-tende notre réflexion. Un engagement réel. Accepter d’entrer en relation avec des personnes différentes de soi n’est pas confortable. Cela relève souvent d’un combat intérieur. La fraternité peut être une arme, dans le bon sens du terme, dans nos situations inter¬nationale et environne¬mentale complexes. Elle ne doit pas arriver au bout du bout des solutions mais devrait les ouvrir, les initier. La fraternité n’est pas une gentillesse, c’est une urgence. L’enjeu actuel est d’imaginer ensemble des solutions d’espérance, que les personnes qui nous suivent ressortent de la rencontre en se disant : « Ce n’est pas facile mais il y a des choses à faire. » Qu’elles puissent se mettre en mouvement : rejoindre une association, s’engager en politique, dans leur travail, au sein de l’Église…
Propos recueillis par Isabelle Demangeat @LaZaab
Pratique
Ouverte à tous, la rencontre se tient du 28 au 30 octobre à Lille (Nord) et en ligne. Tarifs en ligne : 30€ (15€ pour les moins de 26 ans). S’inscrire en ligne permet de suivre la rencontre en direct ou en différé.
Tarifs à Lille : 20 € (gratuit pour les moins de 26 ans). Plus d’informations et inscriptions sur ssf-fr.org
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