« La prière n’est pas confinée, elle est universelle »

Paris Notre-Dame du 13 mai 2021

Du Brésil à la Corée du Sud, en passant par l’Inde, trente sanctuaires s’unissent contre la pandémie, à l’initiative du pape François. Chaque jour et durant tout le mois de mai, les fidèles de l’Église universelle sont invités à prier dans un même élan pour les victimes de la Covid-19, les scientifiques engagés, les familles meurtries, les personnes en difficulté économique… À Paris, le sanctuaire du Sacré-Cœur de Montmartre porte cet appel en organisant chaque jour à 15 heures un chapelet dédié. Rencontre avec le P. Esclef, recteur de la basilique.

Le P. Stéphane Esclef est recteur de la basilique du Sacré-Coeur de Montmartre (18e).
© Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre

Paris Notre-Dame – Pourquoi la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (18e) s’est-elle jointe au « marathon de prière » initié par le pape François ?

P. Stéphane Esclef – En appelant les sanctuaires du monde entier à se mobiliser pour faire reculer la pandémie, le Saint-Père nous place dans une attitude très forte, qui nous rappelle leur vocation profonde qui est de prier avec une couleur particulière. Il nous replace ainsi dans notre condition de chrétiens, nous pousse à nous mettre à genoux et à supplier. Contre la pandémie, nous avons un combat humain à mener avec, bien sûr, la science, les vaccins, la médecine… Mais nous avons aussi des armes spirituelles : c’est un trésor que nous avons trop peu utilisé jusqu’alors. L’histoire même de notre basilique, fondée par des croyants en des temps tourmentés (la guerre de 1870 entre la France et la Prusse), nous rappelle qu’en d’autres périodes difficiles, nos anciens se sont, eux-aussi, agenouillés pour supplier.

P. N.-D. – En quoi la dimension planétaire de cet appel vous semble-t-elle importante ?

S. E. – On ne se regarde pas le nombril : l’Église est universelle ! Ce n’est pas l’Église de Paris, d’Europe… C’est l’Église sainte, catholique et apostolique, une chaîne de fraternité. Au début de chaque chapelet, on dit avec quel sanctuaire nous sommes en intention de prière : la basilique de l’Annonciation en Israël, Notre-Dame d’Aparecida au Brésil… J’aurais d’ailleurs rêvé d’un grand planisphère montrant par des points lumineux les sanctuaires qui s’unissent pour souligner que ce n’est pas seulement quelques lieux spécifiquement choisis mais bien l’Église toute entière. La Covid-19 entraîne un repli sur soi. Or, avec cet appel, le pape ouvre les portes : la prière n’est pas confinée, elle est universelle !

P. N.-D. – En quoi la prière peut-elle aider à traverser l’épreuve de cette pandémie ?

S. E. – Bien sûr, il ne faut pas tomber dans l’idée de la prière magique ! Nous n’exigeons rien de Dieu. Comme toute vraie prière, c’est une supplication. Souvenons-nous de Marie à Cana, elle ne dit pas à Jésus : « Va chercher du vin au supermarché », mais simplement « ils n’ont pas de vin » comme elle pourrait dire aujourd’hui « ils sont malades ». Nous posons un acte de foi, nous croyons que Dieu n’est pas sourd à ce qui arrive. Nous demandons simplement : « Seigneur, viens à notre aide. » Je crois que beaucoup de fidèles en ont aussi besoin. Ils sont nombreux à venir spécifiquement à 15 heures pour ce chapelet ; nous y sommes des frères et sœurs qui prions, qui demandons à Marie d’intercéder pour la fin de la pandémie, nous nous accrochons à sa main…

Propos recueillis par Anne-Louise Sautreuil

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