La vitalité des catholiques d’origine étrangère
Paris Notre-Dame du 22 janvier 2015
Des milliers de fidèles ont participé à la messe des Nations célébrée par le cardinal André Vingt-Trois à N.-D. de Paris, le dimanche 18 janvier. Un rassemblement diocésain exceptionnel organisé à l’occasion de la 101e Journée mondiale du migrant et du réfugié, et d’anniversaires de plusieurs missions et aumôneries de catholiques d’origine étrangère.
En ce dimanche soir, N.-D. de Paris a des airs de tour de Babel. De multiples accents ponctuent les conversations en français, quelques minutes avant le début de la messe des Nations. Des représentants de trente-cinq nationalités sont présents. Certains fidèles égayent l’assemblée avec des costumes traditionnels de leur culture d’origine. C’est le cas de Christa, une trentenaire vêtue d’une longue robe fluide et orange. Née au Sri Lanka, cette réfugiée tamoule a dû fuir, enfant, son pays à cause de la guerre civile et a, depuis, obtenu la nationalité française. Elle tient à être présente à la cathédrale ce soir : « C’est, pour moi, une manière de remercier la France pour son accueil. » Andrea est assise quelques bancs plus loin. Il est important pour elle de représenter la mission slovaque à laquelle elle appartient : « Cette communauté m’a aidée à me sentir moins seule lorsque je suis arrivée en France, il y a une quinzaine d’années. J’aime y retourner régulièrement pour retrouver mes racines. » Dès le chant d’entrée, le ton est donné : un groupe de Coréens fait voyager l’assemblée avec un chant dans leur langue.
Le cardinal André Vingt-Trois souligne dans son mot d’accueil que le but de cette messe est de « rendre grâce de la présence et de la vitalité » des missions et aumôneries des catholiques d’origine étrangère. « C’est pour nous une occasion de comprendre la dimension universelle de l’Église, non seulement à travers le monde mais aussi à Paris », souligne-t-il. L’animation liturgique est assurée par diverses missions et aumôneries de migrants. Au rythme d’un tambour africain et d’une guitare, les chorales des hispanophones, des Malgaches et des Italiens créent une atmosphère internationale. Les fidèles sont amenés à écouter autrement la Parole de Dieu car elle est lue en quatre langues : en italien, en portugais, en coréen et en français. Quant à la procession des off randes, elle est particulièrement colorée : un groupe de Tamouls sri-lankais, portant la bannière de Notre-Dame de Madhu – vénérée récemment au Sri Lanka par le pape François –, déposent des fruits, des fleurs et d’autres cadeaux au pied de la statue de Notre-Dame de Paris.
De cette soirée, Stan, paroissien de N.-D. de Lourdes (20e) et habitué de la messe du dimanche soir à N.-D. de Paris, retient surtout l’unité : « C’est une belle initiative qui réunit les personnes au-delà de leurs différences. Dieu ne fait pas de ségrégation. » De son côté, Haja, président de la communauté catholique malgache de Paris, confi e son émotion. Il a participé à la célébration en tant que chanteur : « C’était une joie de recevoir la grâce de Dieu avec d’autres communautés étrangères. » Pour lui, la participation à la messe des Nations est importante car « elle permet de prendre sa place dans l’Église universelle et de ne pas rester cloîtré dans sa communauté ».
• Par Céline Marcon
Service des communautés et des prêtres étudiants d’origine étrangère : 01 78 91 91 60 ; petrangers@diocese-paris.net
QUESTIONS À… Mgr Xavier Rambaud, vicaire épiscopal pour les communautés catholiques d’origine étrangère
P. N.-D. : Pourquoi une célébration a-t-elle rassemblé exceptionnellement cette année un grand nombre de catholiques de Paris issus de l’immigration ?
Mgr X. R. – Cette messe d’action de grâce a été organisée à l’initiative du diocèse pour fêter les anniversaires de la fondation de plusieurs missions et aumôneries de catholiques d’origine étrangère. Une dizaine d’entre elles, principalement européennes, célèbrent leur soixantième anniversaire cette année. Elles sont nées de l’application de la Constitution apostolique Exsul Familia (1952), publiée par le pape Pie XII dans un contexte où la question de la migration se posait particulièrement en Europe : la Seconde Guerre mondiale a entraîné de nombreux mouvements de population. Le texte du pape donne des instructions précises aux évêques pour l’accueil des migrants : il demande de mettre à leur disposition des lieux de culte et des aumôniers de même nationalité qu’eux, ou au moins capables de parler leur langue. Le but ? Leur permettre de retrouver l’atmosphère de leur Église d’origine, notamment pendant la liturgie. C’est important qu’ils puissent exprimer leur foi dans leur langue maternelle pour l’intérioriser.
P. N.-D. : Qu’est-ce que ces missions et aumôneries apportent au diocèse ?
Mgr X. R. – Leur présence incite à ne pas se refermer sur soi-même. Elle rappelle que le monde s’étend au-delà du périphérique parisien et qu’il ne faut pas céder à la tentation de vivre en autarcie. Ces communautés représentent en outre un bel exemple de vitalité avec leurs célébrations joyeuses et la solidarité forte entre leurs membres.
P. N.-D. : Quel est votre rôle auprès d’elles en tant que vicaire épiscopal ?
Mgr X. R. – J’exerce en leur faveur le pouvoir ordinaire de gouvernement de l’archevêque. Je ne suis pas leur aumônier. Mon rôle ressemble plutôt à celui d’un grand frère bienveillant qui essaie d’assurer leur cohésion et leur lien organique avec le diocèse. Je leur rends visite régulièrement et j’interviens sur les nominations d’aumôniers ou certains problèmes matériels, par exemple de locaux. La présence d’un vicaire épiscopal est essentielle car elle est un signe tangible de leur appartenance au diocèse et de leur communion avec l’archevêque.