Le chapelet, une prière résolument contemporaine

Paris Notre-Dame du 18 janvier 2018

a-t-il encore un sens à prier le chapelet à l’ère du numérique et d’internet ? Cette prière, née au Moyen-Âge, est-elle adaptée au monde contemporain ? Réponse avec Sr Marie-Aimée Manchon, membre des Fraternités monastiques de Jérusalem, qui présente, le 25 janvier, une conférence sur ce thème au Collège des Bernardins.

© Priscilia de Selve

Paris Notre-Dame – De quand date la prière du chapelet ?

Sr Marie-Aimée Manchon – Le fait de s’adresser à la Vierge est très ancien – on en trouve des traces dès le IIIe siècle. Au XIe siècle, dans les monastères, les frères convers avaient l’habitude de réciter les Patenôtres – des Notre Père – en travaillant aux champs. Les frères de chœur, qui étaient des lettrés, récitaient, eux, les cent cinquante psaumes, appris par cœur. Et puis, au XIIe siècle, la prière du Je vous salue Marie se met en place. Aux cent cinquante Pater se substituent cent cinquante Ave Maria. À cette époque, n’y sont pas encore associées les méditations des mystères du Christ. Ce sont les dominicains qui, à partir du XIIIe siècle, vont contribuer à répandre cette prière du chapelet, baptisée aussi Rosaire, avec l’idée d’offrir une couronne de roses à la Vierge. Saint Pie V officialisera cette prière et ses quinze mystères, Jean-Paul II rajoutant les cinq mystères lumineux en 2002.

C’est donc une prière avec une histoire, qui au fil des siècles sera de plus en plus méditative et axée autour de l’Évangile. Elle est issue du monde religieux – Chartreux, Dominicains, Bénédictins – mais elle a tout de suite été adoptée par les laïcs. En cela, c’est vraiment une prière ecclésiale.

P. N.-D. – En quoi cette prière peut-elle toucher nos contemporains ?

M.-A. M. – Ce type de prière répétitive est très ancrée dans notre spiritualité chrétienne : en Occident avec le chapelet, en Orient avec la Prière du cœur. On trouve également, dans d’autres traditions religieuses, des invocations ou des méditations répétitives, comme certains mantras, mais ces derniers possèdent une forme d’impersonnalité qui n’existe pas dans le christianisme, où la prière s’adresse toujours à quelqu’un. Le chapelet est une prière qui ne cherche pas à faire le vide mais à combler le cœur. Aujourd’hui, beaucoup de personnes sont attirées par ce style de méditations répétitives, qu’ils vont chercher dans les traditions bouddhistes ou hindouistes et qui ont pour eux des vertus « anti-stress ». Je me dis alors que, dans le chapelet, il y a quelque chose qui peut rejoindre leur quête, en leur permettant d’aller plus loin qu’un simple temps de relaxation.

P. N.-D. – Comment prier le chapelet ?

M.-A. M. – Il existe plein de petits livrets pour cela. Pour ma part, j’aime tout simplement évoquer le nom des mystères, Annonciation, Visitation, etc., avant chaque dizaine. Ou bien me plonger dans les Évangiles pour méditer une phrase et la mettre en résonance avec chacun des mystères. Ainsi, vous n’aurez jamais l’impression de prier le chapelet de la même façon. L’une des grandes vertus du chapelet est d’être une prière simple, rythmée, qu’on peut dire en marchant. C’est une prière de pèlerinage, même si celui-ci se limite à la rue ou au métro !
Comme Marie, le chapelet nous accompagne du début à la fin : on peut le dire enfant car il est très facile, ou en fin de vie, malade, car c’est une prière qui reste ancrée en nous.

Propos recueillis par Priscilia de Selve

Prier le chapelet au XXIe siècle, dans le cadre des Jeudis Théologie.
Le 25 janvier 2018, de 12h45 à 13h30.
Infos : collegedesbernardins.fr

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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