Le synode s’enrichit de l’expérience des curés

Paris Notre-Dame du 9 mai 2024

Du 29 avril au 2 mai, deux cents prêtres venant du monde entier ont été invités à se réunir près de Rome pour une rencontre internationale des curés, afin de réfléchir et d’apporter au processus synodal leur expérience du terrain. Décryptage avec le P. François Dedieu, curé à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) depuis treize ans, qui a participé à cette session.

Le P. François Dedieu, curé de la GarenneColombes, a participé à la rencontre internationale des curés, organisée dans le cadre du Synode.
© Jean-Marie Dufour

Propos recueillis par Charlotte Reynaud

Paris Notre-Dame – Pourquoi organiser une session synodale spécifiquement pour les curés, alors qu’ils étaient intégrés de facto dans la première phase, vécue en paroisse ?

P. François Dedieu – La phase synodale initiale, menée en paroisse, a ensuite débouché sur la première assemblée synodale, organisée à Rome en octobre 2023, où il est apparu assez clairement que les curés étaient les grands absents de cette session. Or leur rôle, à plus d’un titre, est particulier dans l’organisation ecclésiale, puisqu’ils sont « pères » – selon les mots de Vatican II – de la première communauté ecclésiale qu’est la paroisse, et artisans, sur le terrain, de la démarche synodale. Cette remarque a été prise au sérieux par les pères du synode, qui ont décidé de rassembler et d’écouter des curés venus du monde entier, pour intégrer leur expérience de terrain et leur réflexion à l’Instrumentum laboris, document qui servira de base de travail à la seconde assemblée synodale, prévue en octobre 2024. Dans des proportions égales à celle du Synode des évêques, deux cent curés ont été invités à se réunir – quatre d’entre eux, désignés par la Conférence des évêques de France (CEF), représentaient la France. Le choix s’est porté vers des profils très différents, afin d’honorer la diversité du ministère dans ses réalités sociales, géographiques et pastorales.

P. N.-D. – Comment s’est organisée cette session de travail ?

F. D. – Cette rencontre a été préparée de manière à favoriser un temps de travail approfondi, une écoute fraternelle et une parole libre. Nous étions regroupés par table de dix ou onze, de nationalités et réalités pastorales différentes. Chaque journée commençait par un exposé, ou une conférence, suivi d’un temps de travail guidé par la méthode, chère au pape François, qu’on appelle « conversation dans l’esprit ». C’est une méthode d’écoute active qui alterne temps de prière, prise de parole limitée et égale entre chaque membre, et discussions. L’avantage de ce procédé est d’équilibrer « les forces » entre ceux qui parlent facilement et les autres. Nos différents échanges ont permis de souligner combien l’expérience synodale se vivait déjà en paroisse, dans des manières très diverses. Même si les marges de progression en ce sens sont réelles, on ne part pas de rien, des choses très belles se vivent à l’échelle locale et méritent d’être partagées. À la fin de la session, chaque tablée – une vingtaine au total – a rendu un texte, qui enrichira l’Instrumentum laboris.

P. N.-D. – Que vous a dit le pape François à cette occasion ?

F. D. – Nous l’avons rencontré le jeudi matin, lors d’un temps d’échange et de questions. Le pape François a profité de cette rencontre pour nous transmettre une lettre, qu’il a signée devant nous, adressée aux curés du monde entier. Cette lettre m’a particulièrement touché car elle considère le curé en tant que tel – et non comme un prêtre parmi d’autres ou un gestionnaire de paroisse –, en rappelant son rôle premier, que dit bien l’étymologie : cura animarum, littéralement le soin des âmes. Il a beaucoup insisté sur l’attention aux charismes dans l’Église et sur le discernement que doit opérer le curé pour faire appel aux talents, aux compétences des uns et des autres, afin de faire grandir l’Église et s’inscrire dans une perspective toujours plus missionnaire. Le pape nous a ensuite confié la mission d’être à notre tour ambassadeurs de la synodalité, pour encourager cet élan et cette mise en œuvre, qui n’est rien d’autre qu’un déploiement de Vatican II, signe d’une progression dans la compréhension de ce qu’est l’Église comme famille de Dieu.

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La famille comme pilier de la société

Paris Notre-Dame – 12 août 2025

Dès sa première intervention comme archevêque de Paris, lors de la Rencontre diocésaine avec les conseils pastoraux des paroisses de Paris, le 3 décembre 2005, Mgr André Vingt-Trois identifie la famille et la jeunesse comme champs prioritaires de la mission : « Avons-nous le souci de fournir aux époux et aux parents la possibilité de partager leurs expériences, de parler de leurs difficultés et de trouver des interlocuteurs attentifs et disponibles ? », interroge-t-il ; ou encore : « La jeunesse dans son ensemble est perçue comme un problème […]. Si les Français aiment beaucoup leurs enfants en particulier, ils craignent la jeunesse en général. […] Comment pratiquons-nous cette confiance envers les jeunes ? » (Notre mission à Paris). Une attention vigilante et bienveillante qui se manifestera tout au long de son épiscopat, avec notamment l’année « Famille et jeunesse », en 2010-2011, et la publication de sa lettre pastorale La famille et la jeunesse : une espérance ; mais aussi hors Paris, comme président de la Commission épiscopale de la famille de la Conférence des évêques de France de 1998 à 2005, et consulteur du Conseil pontifical pour la famille, à partir de 1995. Entretien avec le P. Denis Metzinger, actuel curé de St-Léon (15e), qui a été, de 2010 à 2020, vicaire épiscopal chargé de la pastorale Familiale du diocèse de Paris, nommé par le cardinal André Vingt-Trois. Charlotte Reynaud

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« Rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien »

Paris Notre-Dame – 5 août 2025

« L’Église doit être missionnaire ou elle ne sera plus rien en ce monde. […] Une foi qui ne se propose pas et ne se partage pas est une foi qui se dessèche et qui n’intéresse plus, même les croyants. » Ainsi s’exprimait Mgr Vingt-Trois dans sa lettre Notre mission à Paris, publiée les premiers jours de son épiscopat parisien, ajoutant, quelques lignes plus loin, cette formule que personne n’a oubliée : « Nous devons chercher, dans notre travail pastoral habituel, comment nous pouvons rejoindre les situations humaines de ceux qui ne nous demandent plus rien. » L’exhortation à cet élan missionnaire – pour lequel il avait défini quatre champs prioritaires, à savoir, la famille, la jeunesse, la solidarité et l’éthique – est le fil rouge de son ministère à Paris, en témoigne l’organisation des Assises de la mission, en 2008 et 2009, et les trois années placées sous le sigle de « Paroisses en mission », de 2009 à 2012, avec, comme point d’aboutissement, l’opération Avent 2014 qui permettra de déployer plus de 500 projets missionnaires durant le mois de décembre 2014. Son dernier programme pastoral diocésain, de 2015 à 2018, s’appuiera toujours sur la mission, autour des axes « Annoncer, partager, transmettre ». Entretien avec Mgr Bruno Lefèvre Pontalis, curé actuel de St-François- Xavier (7e), qui fut vicaire général du diocèse de Paris 2012 à 2016. Charlotte Reynaud

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