Logements : des circuits courts pour favoriser la réinsertion
Paris Notre-Dame du 4 mars 2021
Depuis dix ans, la Fondation insertion par le logement (FIPL) aide des personnes précaires en leur procurant un toit. Désignée œuvre de Carême par l’archevêque, elle souhaite étendre son action en lien avec les paroisses. Les explications de Victor Vieilfault, directeur de la fondation.
Paris Notre-Dame – Pourquoi avoir créé la FIPL il y a dix ans ?
Victor Vieilfault – L’idée de départ, assez humble, était d’acquérir, petit à petit et grâce à des dons, des appartements à Paris, avec l’idée que les prix du foncier dans la capitale augmentant sur le long terme, il était intéressant de devenir propriétaire et de créer un parc conséquent pour des personnes précaires. Nous avons désormais vingt-sept logements, principalement à Paris mais aussi en petite couronne. Ces recettes locatives, même si elles sont modestes, viennent compléter les dons reçus. Elles nous permettent d’imaginer aujourd’hui d’autres modes de soutien, comme des abondements de loyers, afin d’aider des associations d’insertion à louer des logements dont les loyers, malgré les efforts consentis par les propriétaires, restent encore trop élevés. Notre mission, sous l’égide de la Fondation Notre Dame, est d’accompagner ces associations, et nous oblige, en tant que propriétaire bailleur solidaire, à être exemplaire dans la manière d’entretenir nos logements.
P. N.-D. – À ce stade de votre histoire, vous avez souhaité développer un nouveau projet en lien avec la délégation pour la Solidarité du diocèse. Quel est-il ?
V. V. – L’idée est assez simple. Il y a un certain nombre de paroissiens propriétaires de logements parisiens disponibles, des studios le plus souvent, qu’ils aimeraient louer à des personnes en difficulté, mais qui ne savent pas trop comment faire. Aussi, la plupart du temps, ils s’orientent vers de gros opérateurs, qu’ils connaissent de nom, plutôt que vers des associations proches des paroisses. Or, nous pensons que les circuits courts sont vitaux pour favoriser la réinsertion des personnes pauvres dans nos quartiers. Nous proposons donc à ces propriétaires de confier leur appartement à une association locale et d’être accompagnés jusqu’à l’établissement d’un contrat avec cette association. Notre rôle sera de faire l’interface afin de faciliter le lien entre le propriétaire et les associations qui sont en paroisse.
P. N.-D. – Quel est l’intérêt pour un propriétaire de passer par une association locale pour louer son logement à des personnes précaires ?
V. V. – Il y a deux avantages certains à cela : la sûreté pour le propriétaire d’avoir un loyer qui rentre régulièrement. S’il décide ainsi de louer son appartement pendant six ans à une association (durée minimale pour bénéficier des avantages fiscaux), pendant six fois douze mois son loyer rentrera sans problème. Il sera peut-être moins important mais il n’y aura pas d’impayé car l’association sera bonne payeuse. Le deuxième avantage, c’est la fiscalité puisqu’aujourd’hui il existe des outils mis en place par l’État, via notamment l’Agence nationale de l’habitat (ANAH), qui propose des baux spécifiques permet- tant de défiscaliser 85% de ses revenus locatifs. Pour ces propriétaires, le mieux est de prendre contact [1] avec nous afin d’être mis en lien avec la délégation pour la Solidarité du diocèse qui leur expliquera les enjeux. Ensuite, ils seront guidés vers une association proche d’eux géographiquement, puis avec l’ANAH.
Propos recueillis par Priscilia de Selve @Sarran39
Sommaire
Consulter ce numéro
Acheter ce numéro 1 € en ligne sur les applications iOs et Android