Maintenir le lien, sur le perron de Ste-Rosalie
Paris Notre-Dame du 19 novembre 2020
Depuis le 4 novembre, un café solidaire, animé par des bénévoles de la paroisse de Ste-Rosalie, de la Société Saint-Vincent-de-Paul et du Secours catholique, est servi, le matin, à ceux qui le souhaitent. L’objectif est de maintenir le lien avec les sans-abri, les personnes esseulées mais aussi les habitants du quartier.
Il flotte, ce matin, comme un air de fête, devant l’église Ste-Rosalie (13e). La tente blanche (financée, en partie, par la Fondation Notre Dame) dressée juste devant l’église, sur le trottoir, n’y est pas pour rien. Ni les gâteaux et les thermos de café fumant disposés sur une longue table. Et encore moins les regards accueillants perçant au-dessus des masques de ceux qui les servent. On parle du beau temps, du football… On rit, on se chamaille, aussi. C’est simple. « Comme une vie de famille », sourit le curé, le P. Lionel Dumoulin. Ce café solidaire, proposé tous les matins, de 10h30 à midi, devant l’église Ste-Rosalie, a été lancé au début du reconfinement. « La paroisse avait été un lieu de distribution alimentaire pendant le premier confinement, explique le prêtre. Il y avait beaucoup de demandes et nous sentions que le besoin de relation était aussi important que le besoin de nourriture. Nous avions alors développé l’aspect convivial. » À la suite de cette période, certains continuaient à s’arrêter. Pour discuter. « Nous avons alors décidé, en lien avec le Secours catholique et la paroisse, de maintenir un café fraternel le samedi matin », raconte Jérôme Perrin, président de la Société Saint-Vincent-de-Paul de Paris et paroissien. Parfois, ce café se prolongeait par un déjeuner. Parfois non. « À l’annonce du reconfinement, nous avons décidé de déporter le café dehors et de le proposer tous les jours. » Afin de toucher plus de monde tout en respectant les mesures barrières. « Cette deuxième vague fait naître beaucoup de stress, une grande fatigue, un découragement, remarque le P. Lionel Dumoulin. Garder le lien est un vrai enjeu. » Lui vient, quotidiennement, « dire bonjour », parler « théologie » avec des musulmans du quartier, être disponible « dans la gratuité » à ses paroissiens… Car les personnes qui s’arrêtent, ici, essentiellement pour discuter, viennent d’horizons très divers. Il y a des habitants du quartier, des personnes de la rue, des personnes esseulées, aussi. C’est le cas de Michel. Ce sexagénaire passe tous les matins, une demi-heure, prendre le café, discuter et lire une prière de sainte Rosalie affichée sur un mur de l’église. « Cela me fait du bien », sourit-il tenant à la main une pâtisserie alléchante. Elle vient de la boulangerie-pâtisserie du quartier qui semble, le soupçonne Dominique, paroissienne bénévole, « donner un peu plus que ses invendus ». Une vraie solidarité s’est construite depuis cette crise sanitaire dans le quartier. « Au printemps, nous avions trois tables disposées sur le trottoir, se souvient Dominique. Une pour distribuer les colis alimentaires, une autre pour le nécessaire hygiénique : portions de savon, gels hydro-alcooliques, masques… Une autre pour mettre à disposition des livres, de la presse. » Le Secours catholique s’est saisi de l’occasion pour mettre en place des maraudes auprès des personnes sans-abri. Aujourd’hui, les bénévoles de l’association les poursuivent. En distribuant aux personnes qu’ils rencontrent des tracts les invitant au petit-déjeuner de Ste-Rosalie. Histoire de manifester une présence. Et de maintenir le lien, toujours.
Isabelle Demangeat @LaZaab
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